Article N° 7293

Covid-19

Covid-19 : des vulnérabilités et des opportunités ?

Abderrahim Derraji - 31 janvier 2022 07:14

La pandémie de la Covid-19 a pris de court toutes les nations, comme elle a révélé les vulnérabilités et les défaillances des systèmes de santé. Beaucoup de nations, y compris les mieux loties, ont été incapables de suivre la forte demande en produits de santé.

La concentration des unités de production de matières premières et d’actifs dans une poignée de pays d’Asie a compliqué l’approvisionnement et a révélé au grand jour les limites de la mondialisation. Certains pays ayant délocalisé leur industrie chimique et une partie de leur industrie pharmaceutique ont été pris au dépourvu et contraints d’attendre que les pays producteurs se servent en premier.

Cette pandémie a néanmoins été riche en enseignements et certains pays proactifs en ont fait une opportunité pour garantir leur auto-suffisance en produits de santé et exporter à grande échelle des vaccins, des médicaments et des dispositifs médicaux.

Certains experts annoncent «la fin prochaine» de la Covid-19 en raison de l’apparition de variants moins virulents. Peut-on en être certain ? Rien n’est moins sûr. Vu tout ce que nous avons enduré, la logique voudrait que la vigilance reste de mise. Tout peut basculer rapidement. Il suffit de quelques mutations pour qu’on se retrouve devant un variant qui peut avoir la transmissibilité d'Omicron et la virulence et la létalité du Delta.

Certes, on dispose aujourd’hui de médicaments qui constituent une valeur ajoutée indéniable dans la prise en charge des sujets à risque. Ces nouveaux traitements viennent s’ajouter à la vaccination qui reste, pour le moment, le seul moyen permettant de protéger nos populations, même si les vaccins actuels ne permettent pas une protection totale en raison des mutations que connaît le virus. On dispose actuellement de toute une panoplie de vaccins, et on espère que les chercheurs finissent par mettre au point des vaccins à même de nous garantir une immunité durable. Probablement, on va devoir vacciner régulièrement nos populations et particulièrement les sujets âgés, immunodéprimés ou vivant avec des comorbidités.

Le Royaume fait partie des pays qui avaient rapidement réagi puisqu’il a passé des commandes fermes en vaccins dès le début de la pandémie. Cela lui permet, aujourd’hui, d’avoir un des meilleurs taux de couverture vaccinale en Afrique. Il a dû pour cela jouer des coudes pour disposer des précieux sérums. Notre pays ne devrait cependant plus revivre cette situation complexe puisqu’un projet d’envergure a vu le jour à Benslimane. Il s’agit d’une unité de production dédiée aux vaccins qui a été inaugurée jeudi dernier par S.M. le Roi. En d’autres termes, le Maroc, qui a fait figure de bon élève pendant la pandémie, compte le rester même après celle-ci.

Le projet de Benslimane dispose de trois lignes industrielles dotées d’une capacité de production qui atteindra 116 millions de doses en 2024. Le projet ambitionne, à long terme, la création d’un Pôle africain d’innovation biopharmaceutique et vaccinale au Maroc reconnu mondialement. Le Souverain a également présidé la cérémonie de signature de la convention d’investissement pour la réalisation de l’unité de fabrication de vaccins anti-Covid-19 et d’autres vaccins.

Cette firme, qui portera le nom de «Sensyo Pharmatech», va mobiliser à terme un investissement qui pourra atteindre 500 millions d’euros. Elle constituera la plateforme dotée de la plus grande capacité de «Fill & Finish» de vaccins en Afrique. Ce projet d’envergure s’inscrit dans le cadre de la vision du Souverain de faire du Royaume un hub biotechnologique incontournable aussi bien en Afrique qu’à travers le monde. Grâce à cette unité qui est le fruit d’un partenariat public-privé et de l’accompagnement de la société suédoise Recipharm, le Royaume sera capable de répondre à ses besoins et à ceux du Continent.

Pour conclure, on ne peut que se réjouir d’un tel projet en espérant que le retour à la vie normale ne nous fasse pas oublier que la sécurité sanitaire et l’autosuffisance n’ont pas de prix.

Source : PharmaNEWS