À la une
PENURIES

Dr Mohamed El Bouhmadi, Dr Ali Jaadar et Dr Mohamed Lahbabi
Le pharmacien d’officine se retrouve en première ligne face à ces tensions. Confronté à la détresse des patients privés de leurs traitements, il doit gérer l’attente, souvent sans visibilité et sans solution alternative, ce qui altère la relation de confiance.
En conclusion, les ruptures de stock constituent un défi majeur de santé publique. Sans un système d’information centralisé, transparent et interconnecté entre l’ensemble des acteurs, associé à une coordination renforcée, l’accessibilité aux traitements risque de compromettre la santé de nos populations.
Méningiomes - Progestatifs

Le Groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE (GIS ANSM-Cnam) vient de publier une étude démontrant l’efficacité des mesures sanitaires mises en place depuis 2020 pour réduire les risques associés à certains progestatifs. Ces mesures, visant à limiter l’utilisation des acétates de nomégestrol et de chlormadinone — connus pour augmenter le risque de méningiomes intracrâniens — ont entraîné une chute spectaculaire de leur prescription.
Entre 2019 et 2023, le nombre d’utilisatrices mensuelles est passé de plus de 260000 à moins de 9000, soit une baisse de 97%. Parallèlement, le nombre de méningiomes opérés attribuables à ces traitements a été divisé par 10 en cinq ans, passant de 152 cas en 2018 à seulement 15 en 2023.
En outre, la vigilance accrue des patientes et des médecins a conduit à une hausse significative des IRM cérébrales de surveillance : 22 % des femmes exposées pendant plus d’un an ont eu recours à cet examen en 2023, contre 5 % en 2019.
COMMUNES

Cette décision marque une victoire importante pour la profession pharmaceutique et garantit le respect strict du Code du médicament et de la pharmacie (Loi n°17-04).
REGLISSE

Taxol

Une avancée scientifique majeure vient bouleverser la production du paclitaxel, un médicament incontournable faisant partie des protocoles de prise en charge de plusieurs cancers, dont ceux du sein, de l’ovaire et du poumon. Actuellement, sa fabrication est complexe, coûteuse (plus de 20 000 dollars le kilo) et polluante, car elle repose sur une semi-synthèse chimique impliquant des solvants toxiques et l’utilisation de l’écorce de l’if du Pacifique, un arbre difficile à cultiver et menacé par la surexploitation. Cette méthode rend le paclitaxel peu accessible, particulièrement dans les pays à faibles revenus.
Après plus de 30 ans de recherche, des scientifiques de l’université de Copenhague ont réussi cet exploit en reconstituant l’intégralité du processus naturel de production du paclitaxel à l’aide de cellules vivantes. L’équipe a identifié les deux dernières enzymes nécessaires pour compléter la chaîne de biosynthèse du taxol. En transférant les gènes responsables de sa production, initialement présents dans l’if, dans des cellules de levure, les chercheurs ont permis à ces micro-organismes de produire le médicament de façon naturelle, comme le ferait la plante elle-même.
Cette percée technologique pourrait transformer radicalement la manière dont le paclitaxel est fabriqué. Le recours à la levure permet une production plus simple, plus stable et bien moins coûteuse. Selon Feiyan Liang, premier auteur de l’étude parue dans Nature Synthesis, le coût de fabrication pourrait être réduit de moitié, rendant ainsi le traitement bien plus abordable à l’échelle mondiale. Cela serait particulièrement bénéfique pour les pays en développement, où l’incidence des cancers traités par le taxol est en forte augmentation.
En plus de son impact économique, cette nouvelle méthode est aussi plus respectueuse de l’environnement. Elle limite l’usage de solvants chimiques et préserve les ressources naturelles en évitant l’abattage massif des ifs. Elle favorise également une production décentralisée et locale, réduisant la dépendance aux chaînes d’approvisionnement mondiales, souvent vulnérables.
Les chercheurs ont déposé un brevet sur leur procédé et envisagent de lancer une entreprise pour produire le paclitaxel à grande échelle selon cette approche innovante. En résumé, cette découverte ne se contente pas de simplifier la fabrication d’un médicament vital : elle ouvre la voie à une médecine plus durable, plus équitable et accessible à un
nombre bien plus large de patients à travers le monde.
Autres articles
Le 7 juin, Pharmacie.ma a soufflé sa 21e bougie, marquant autant d’années d’engagement au service de la pharmacie marocaine, une profession qui, au fil du temps, a connu de nombreux défis et transformations. À l’origine, le projet visait à rassembler tous les textes de loi relatifs à la pharmacie, afin de permettre aux pharmaciens d’y accéder facilement. Ces textes devaient être gravés sur CD-ROM, un support alors facilement duplicable et distribuable à l’ensemble des officinaux. Mais très vite, cette option a été abandonnée au profit d’un site Internet, bien plus évolutif et pratique. La mise en ligne de Pharmacie.ma a constitué un tournant majeur. Contrairement au CD, figé et rapidement dépassé par les nouvelles publications, le site permettait des mises à jour continues, des enrichissements réguliers et une souplesse incomparable. Pharmacie.ma est ainsi devenu un véritable chantier en perpétuelle évolution, répondant aux besoins croissants des professionnels du secteur. L’intérêt croissant d’autres acteurs de la chaîne pharmaceutique, combiné à une analyse fine de notre audience web, nous a conduit à élargir notre champ éditorial. D’un site initialement dédié aux pharmaciens d’officine, Pharmacie.ma s’est transformé en une plateforme ouverte à toutes les composantes du secteur, offrant une information pertinente et utile à l’ensemble des professionnels. Avec le temps, Pharmacie.ma s’est imposé comme une référence incontournable. Cette reconnaissance nous a naturellement poussés à investir pour l’optimiser davantage. Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de nos partenaires de toujours, Iberma et Cooper-Pharma, qui nous accompagnent depuis la mise en ligne du site. Ensemble, nous avons renforcé notre mission : faciliter l’accès à une information fiable dans un environnement où l’abondance de données rend difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Au départ, notre objectif était simplement de mettre à disposition des information au sujet de la pharmacie et du secteur pharmaceutique. Puis, avec PharmaNews, notre lettre hebdomadaire, nous avons franchi une nouvelle étape. Ce support, qui en est aujourd’hui à son 785e numéro, permet de partager avec notre communauté un éditorial ou une chronique d’actualité, ainsi que des articles sélectionnés et analysés par notre rédaction. Les retours positifs reçus sur Pharmacie.ma, ainsi que le soutien indéfectible de nos confrères et partenaires, nous ont «donné des ailes». C’est ce qui nous a permis de lancer Medicament.ma et son application mobile. Aujourd’hui, cette plateforme, très appréciée par les professionnels de santé comme par le grand public, attire en moyenne plus de 50000 visiteurs par jour, un chiffre bien au-delà de nos prévisions les plus optimistes. Dans un monde où la médecine et la science sont remises en question à longueur de journée y compris par des autorités de haut niveau dans certains pays, des supports crédibles peuvent aider à contrer les fake news et rendre de précieux services. Ces outils peuvent également accompagner une profession en quête de repères, dans un contexte où l’information fiable est devenue une ressource stratégique. Nous poursuivons notre travail avec humilité et ambition, en produisant un contenu que les outils modernes nous permettent désormais d’améliorer continuellement. Notre objectif : rester à la hauteur de vos attentes et continuer à servir la pharmacie marocaine, qui est passée, au fil du temps, d’une vocation affirmée à une véritable raison d’être. Enfin, je tiens à exprimer toute ma gratitude envers celles et ceux qui nous ont toujours encouragés, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué au développement technique de Pharmacie.ma, en particulier Ayoub Gdah, qui nous accompagne fidèlement depuis plus de 15 ans.Confraternellement, Abderrahim Derraji
Abderrahim Derraji - 16 juin 2025 00:10Face à la montée inquiétante de la désinformation en santé, un colloque a été organisé le 18 avril 2024 par le ministère de la Santé français. Malgré une loi adoptée en 2024 en France pour lutter contre les «faux professionnels» et les dérives sectaires, cette mesure reste insuffisante, comme l’ont rappelé les intervenants, dont Michel Cymes. Ce dernier a alerté sur la perte de confiance des jeunes envers la science : un tiers estime que la science fait plus de mal que de bien, et près de la moitié considère l’astrologie comme une science. Les réseaux sociaux ont été identifiés comme des amplificateurs puissants de fausses informations. Étienne Klein a souligné que les algorithmes favorisent souvent les contenus sensationnalistes ou faux, qui captivent davantage l’attention que la vérité. Nicolas Berrod, journaliste, a pointé le rôle de certains dirigeants politiques dans la légitimation de discours pseudo-scientifiques, ce qui contribue à semer le doute, même sur des sujets pourtant bien établis scientifiquement comme la vaccination. L’impact de l’intelligence artificielle a également été discuté : les images ou vidéos générées par IA peuvent tromper plus de 90 % des gens. Le Pr Mathieu Molimard a, quant à lui, évoqué le harcèlement subi par les scientifiques qui dénoncent les dérives : procès, campagnes de dénigrement, pression financière. Il a aussi regretté le manque de formation continue des professionnels de santé, notamment sur la vaccination. Pour répondre à cette crise, Rudy Reichstadt, président de Conspiracy Watch, a plaidé pour une réponse plus ferme. Il insiste sur l’importance de produire du contenu fiable et de réguler activement les plateformes, en appliquant par exemple le Digital Services Act européen. De son côté, Asmaa Zerkdi (YouTube Health) a présenté les efforts de la plateforme : en 2025, 360 000 vidéos de désinformation médicale ont été supprimées, principalement grâce à l’automatisation et aux notifications de «signaleurs de confiance». Enfin, le ministre délégué à la Santé, Yannick Neuder, a annoncé un plan national en quatre axes : création d’un observatoire de la désinformation, implication renforcée des plateformes numériques, promotion d’une culture scientifique à travers un programme d’éducation critique en santé, et mise en place de systèmes d’alerte rapide pour contrer les fake news virales.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 21:01Une femme de 55 ans, ayant pris de l’Androcur® et ses génériques pendant plus de vingt ans pour traiter un syndrome des ovaires polykystiques, a obtenu en mai 2025 une condamnation au civil contre trois laboratoires pharmaceutiques – Bayer HealthCare, Sandoz et Viatris Santé – pour défaut d’information sur les risques de ce traitement hormonal. Cette décision du tribunal de Poitiers, inédite, reconnaît un lien entre l’utilisation prolongée de l’acétate de cyprotérone et le développement de méningiomes, des tumeurs bénignes du cerveau pouvant entraîner de graves troubles neurologiques. La plaignante souffre aujourd’hui de troubles visuels, de la mémoire et d’une fatigue importante, conséquences de plusieurs méningiomes diagnostiqués en 2013. Elle affirme n’avoir jamais été informée du risque pourtant identifié dès 2008 dans une publication scientifique. En conséquence, le tribunal a estimé que les laboratoires avaient failli à leur obligation de vigilance et de transparence, notamment en ne mettant pas à jour suffisamment tôt les notices destinées aux médecins généralistes et pharmaciens. La condamnation simultanée des laboratoires, du médecin (2 %) et du pharmacien (1 %) s’élève à environ 325 000 euros, dont 305 000 pour la perte de chance et 20 000 pour le préjudice moral. Bayer a annoncé son intention de faire appel, arguant que des expertises précédentes avaient écarté toute faute. L’entreprise met en cause l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui n’a intégré le risque dans la notice qu’en 2011, et estime que les fabricants de génériques sont également responsables. Toutefois, le tribunal a jugé que Bayer aurait dû mieux informer les professionnels de santé, et que Sandoz et Viatris, dont les notices n'ont été mises à jour qu’après 2013, ont également manqué à leurs obligations. Ce jugement pourrait faire jurisprudence. L’avocat de la plaignante évoque la préparation de 750 dossiers similaires, dont une centaine déjà en cours de procédure. Des actions pénales et une procédure administrative contre l’État français sont également en cours. L’Androcur®, prescrit depuis les années 1980 pour l’acné, la pilosité, la contraception ou l’endométriose, a vu ses prescriptions chuter après 2018, lorsque le lien entre le médicament et les méningiomes a été officiellement reconnu. La décision est saluée comme une victoire majeure par la plaignante et les associations de victimes, qui dénoncent la lenteur des laboratoires à agir alors qu’ils disposaient, selon eux, d’éléments d’alerte dès 2008. La plaignante, déterminée à continuer son combat en appel, espère que ce jugement fera avancer la reconnaissance des victimes.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 23:51Un document intitulé «Revue de la stratégie nationale de tarification des médicaments» circule abondamment sur les réseaux sociaux. Déjà fragilisés économiquement, les pharmaciens d’officine redoutent de nouvelles baisses de prix qui viendraient, une fois de plus, amputer des revenus déjà sous pression. Souvenons-nous : en 2013, le décret n° 2-13-852 du18 décembre 2013, relatif aux conditions et modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés, promettait un triptyque gagnant : prix plus bas, consommation accrue de médicaments et équilibre financier des caisses. Six ans plus tard, la consommation n’a pas bougé ; il a fallu attendre la pandémie de Covid-19 et la généralisation de l’AMO pour voir la consommation de médicaments repartir à la hausse, ce qui inquiète aujourd’hui les gestionnaires des caisses. Le rapport précité indique qu’il faut comprimer les dépenses, mais reconnaît cependant que les pharmacies marocaines, déjà fragiles, doivent être préservées. Le pays compte une pharmacie pour 2 800 habitants, bien en-deçà de la norme OMS (une pour 5 000). Par ailleurs, 63 % des médicaments les plus coûteux pour la CNSS ne rapportent qu’un forfait dérisoire aux pharmaciens. Dans ces conditions, chaque baisse de prix des tranches T1[1] et T2[2] s’accompagnera inéluctablement d’une diminution des revenus des pharmaciens d’officine. En réalité, ce ne sont pas les baisses de prix des médicaments que les pharmaciens contestent ; c’est l’érosion inexorable de leur rémunération, faute d’honoraires pour les actes de dispensation, de prévention, de dépistage, de suivi des maladies chroniques ou pour le droit de substitution, etc. L’Europe l’a compris : la Belgique accorde une marge économique de 18,6 %, et le Royaume-Uni, de 4,7 %, mais compense par des honoraires de service. Résultat : les prix restent compétitifs et les pharmacies demeurent un pilier de santé publique. Avant toute réforme tarifaire, une approche systémique s’impose. Autorités, industriels, répartiteurs, pharmaciens, médecins, patients et chercheurs doivent élaborer ensemble des solutions pérennes. Il faut davantage de transparence en permettant à tous les intervenants d’avoir accès aux données. Il convient également de mettre en place des plateformes de concertation, d’écouter les retours du terrain et d’encadrer les associations de patients. C’est ainsi que l’on garantira un accès équitable, sécurisé et durable aux traitements. Rappelons-le : pendant la pandémie, l’industrie pharmaceutique, les grossistes-répartiteurs et le réseau de proximité des pharmacies ont tenu la ligne de front. Les affaiblir, c’est fragiliser l’ensemble de la chaîne et menacer l’objectif même de la couverture universelle. Le pharmacien est plus qu’un vendeur : il éduque, dépiste, lutte contre le mésusage, peut même vacciner, et reste souvent le seul professionnel de santé accessible dans les zones sous-médicalisées. Le renforcer, c’est investir dans un système plus humain et plus efficace. Baisser les prix ? Oui, mais pas au détriment de l'équilibre économique et financier des pharmacies. Toute réforme doit préserver la viabilité économique de la pharmacie, sans quoi l’AMO fera quelques maigres économies en perdant un maillon vital de la santé publique. [1] Tranche 1 : Prix Public de vente (TTC) < 280.60 DH [2] Tranche 2 : 280.60 DH < Prix Public de vente (TTC) < 962.70 DH
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 23:48Le tabagisme constitue un danger majeur pour la santé, en particulier chez les personnes atteintes de diabète ou à risque de le développer. À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, la Fédération française des diabétiques a tiré la sonnette d’alarme : fumer augmente jusqu’à 44 % le risque de développer un diabète de type 2. Une fois la maladie installée, le tabac aggrave considérablement ses complications. Les effets diabétogènes du tabac sont désormais bien documentés. Plusieurs méta-analyses montrent que le risque de développer un diabète de type 2 augmente de 37 à 44 % chez les fumeurs. Ce lien est dose-dépendant : plus la consommation de tabac est importante, plus l’équilibre glycémique se dégrade. Même les fumeurs passifs sont concernés par cette élévation du risque. La nicotine joue un rôle clé dans ce mécanisme : elle favorise la résistance à l’insuline. Résultat : le glucose s’accumule dans le sang, causant une hyperglycémie. Par ailleurs, le tabac favorise l’accumulation de graisse viscérale – celle qui entoure les organes – un facteur connu d’aggravation du déséquilibre métabolique. De plus, les composants toxiques de la fumée de cigarette (plomb, arsenic, cadmium, etc.) pourraient également contribuer à l’insulinorésistance. Chez les patients diabétiques, le tabagisme est directement associé à une augmentation du risque de complications sévères. Il est responsable d’une hausse de 48 % du risque de mortalité toutes causes confondues, de 54 % du risque d’atteinte coronarienne, de 44 % du risque d’accident vasculaire cérébral, de 84 % du risque d’insuffisance rénale terminale, de 23 % du risque de rétinopathie diabétique et de 43 % du risque de rétinopathie proliférative. Il compromet également l’équilibre glycémique, augmente le risque de cancers (colorectal, hépatique, pancréatique) et d’infections diverses (urinaires, cutanées, respiratoires). Selon l’OMS, la fumée secondaire peut, à elle seule, être à l’origine de complications graves du diabète. Malgré ces faits, le lien entre tabagisme et diabète reste sous-évalué, aussi bien par les patients que par les professionnels de santé. La prise en charge du tabac chez les diabétiques reste insuffisante. Le Dr Bruno Vergès, endocrinologue au CHU de Dijon, déplore que la question ne soit que rarement abordée en consultation. Pourtant, le sevrage tabagique réduit sensiblement la mortalité et les complications cardiovasculaires, même si une prise de poids transitoire peut survenir. En France, plus de 4 millions de personnes vivent avec le diabète. Si les tendances actuelles se poursuivent, 520 000 personnes supplémentaires pourraient être diagnostiquées d’ici 2027. Près de 13,4 % des diabétiques de type 2 et 25,3 % des diabétiques de type 1 sont encore fumeurs. Ces chiffres rappellent l’urgence d’intégrer systématiquement le sevrage tabagique dans le parcours de soin des personnes diabétiques.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 23:44L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM-France) a annoncé son pourvoi en cassation après la confirmation par la cour d’appel d’Aix-en-Provence de sa mise en examen pour «tromperie» dans l’affaire du Levothyrox. Cette affaire, qui remonte à 2017, concerne le changement de formule de ce médicament utilisé par plus de deux millions de patients souffrant de troubles thyroïdiens. Bien que la substance active, la lévothyroxine, soit restée la même, des excipients ont été modifiés dans la nouvelle version mise sur le marché français. Rapidement, plus de 30000 patients ont signalé des effets secondaires tels que maux de tête, vertiges ou troubles du sommeil. Initialement, l’ANSM avait écarté l’idée que ces symptômes soient directement liés à la nouvelle formule, avant de conclure que le changement n’avait pas entraîné de conséquences graves sur la santé. Pourtant, en décembre 2022, elle a été mise en examen pour «tromperie», puis en 2024 pour «tromperie aggravée». Le laboratoire Merck, fabricant du médicament, a également été mis en cause. Tous deux contestent ces accusations, notamment l’intentionnalité de nuire, mais la justice a confirmé leur mise en examen début mai 2025. Face à cette décision, Merck s’est immédiatement pourvu en cassation. L’ANSM a, elle aussi, décidé de suivre cette voie fin mai. L’enquête judiciaire est toujours en cours et aucune date de procès n’a été fixée à ce jour. Parallèlement, la distribution de l’ancienne formule du médicament, nommée Euthyrox et initialement censée être interrompue en 2020, a été prolongée plusieurs fois en réponse à la demande des patients, y compris pour 2024 et 2025.
Abderrahim Derraji - 16 juin 2025 00:03Le professeur Étienne-Émile Baulieu, figure majeure de la médecine et de la recherche scientifique française, est décédé à l’âge de 98 ans à Paris. Médecin, endocrinologue et chercheur, il est mondialement connu pour avoir mis au point la pilule abortive RU 486, une avancée médicale et sociétale majeure qui a révolutionné l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Porté par une vision humaniste et progressiste de la science, il a consacré sa vie à la recherche sur les hormones stéroïdes et à la défense des droits des femmes. Né à Strasbourg en 1926 sous le nom d’Étienne Blum, il s’engage dans la Résistance à seulement 15 ans, prenant alors le nom d’Émile Baulieu. Après des études de médecine et de sciences, il fonde en 1963 l’unité de recherche 33 de l’Inserm, qu’il dirige jusqu’en 1997. C’est dans ce cadre qu’il développe la pilule RU 486 en 1982. Malgré les critiques virulentes et les menaces émanant des opposants à l’IVG, il a toujours défendu cette innovation comme un progrès pour la liberté des femmes. Il dénonçait encore récemment les reculs observés dans certains pays, y voyant des signes de fanatisme et d’ignorance. En parallèle de ses travaux sur la contraception, le professeur Baulieu s’est également illustré dans la recherche sur la DHEA, une hormone impliquée dans le vieillissement, ainsi que dans l’étude des neurostéroïdes. Il a aussi initié un essai clinique pour un traitement contre la dépression et fondé en 2008 l’Institut Baulieu pour combattre les maladies neurodégénératives, notamment Alzheimer. Ses recherches ciblaient notamment la protéine Tau, en interaction avec une autre protéine, FKBP52, qu’il avait découverte. Jusqu’à ses derniers jours, il continuait à travailler à l’Inserm, trois fois par semaine, toujours animé par la volonté d’être utile à la science et à l’humanité. Il disait avoir consacré sa vie à trois grands combats : les femmes, la santé cérébrale et la longévité. Honoré de distinctions prestigieuses telles que la grand-croix de la Légion d’honneur, de l’Ordre national du Mérite, et le prix américain Lasker, Étienne-Émile Baulieu laisse derrière lui un héritage scientifique exceptionnel.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 21:01D’après les données publiées par l’administration fédérale de la douane, la Suisse a enregistré une forte baisse de ses échanges extérieurs mois d’avril. Les importations ont chuté de 15,6 % par rapport à mars, atteignant 18,9 milliards de francs suisses. En parallèle, les exportations ont également diminué, entraînant une hausse de l’excédent commercial qui s’est établi à 6,3 milliards de francs contre 5,4 milliards le mois précédent. Le repli des exportations suisses est principalement dû au secteur de la chimie et de la pharmacie. Les exportations de médicaments ont particulièrement reculé, affichant une chute spectaculaire de 43,9 % en avril, après un bond de 74,2 % en mars. Les douanes suisses soulignent une volatilité importante dans ce secteur, qui complique l’analyse des tendances commerciales globales. Les exportations suisses vers les États-Unis ont globalement reculé de 36,1 % en avril, en raison notamment du poids important des produits pharmaceutiques dans ces échanges. Elles avaient pourtant bondi de 83,9 % en mars. Vers l’Union européenne, principal partenaire commercial de la Suisse, les exportations ont légèrement diminué de 0,3 %. Ces fluctuations reflètent un contexte commercial international instable, marqué par des tensions douanières et une forte incertitude.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 23:50La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les failles structurelles des systèmes de santé à l’échelle mondiale, avec une acuité particulière en Afrique, où les inégalités entre pays sont apparues de manière flagrante. Toutefois, certains États, comme le Maroc, ont su faire preuve d’une résilience remarquable. Celle-ci s’est appuyée sur la mobilisation concertée de l’ensemble des acteurs du secteur pharmaceutique, ainsi que sur une coordination efficiente entre les différents ministères et institutions nationales. Ces efforts conjoints ont permis d’assurer une campagne de vaccination à large échelle et de sécuriser les stocks stratégiques de médicaments et de produits de santé afin de de répondre à une demande inédite, tant en volume qu’en urgence. Cette crise a également mis en évidence la dépendance aux importations pour des produits de santé essentiels, tels que les vaccins. Cette prise de conscience a été à l’origine de nouveaux investissements dans le secteur. C’est dans cet esprit que le Maroc a lancé le projet Marbio, une usine de biotechnologie de dernière génération, que le Pr Samir Ahid, directeur général de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS), a qualifiée dans son discours de «vecteur de souveraineté sanitaire, catalyseur d’innovation et pilier de la sécurité nationale en matière de santé». Destinée à produire localement des vaccins et autres produits biologiques, cette infrastructure représente une avancée majeure. Même si l’économie d’échelle peut constituer un véritable défi, il n’en demeure pas moins que cette initiative stratégique renforcera l’autonomie sanitaire du Royaume, tout en contribuant à l’approvisionnement des pays partenaires en leur proposant des vaccins de qualité, accessibles et adaptés à leurs besoins. L’accès aux médicaments a d’ailleurs été au centre des échanges le 23 mai 2025 à Casablanca, lors de la 6éme édition de la FMIIP - Pharma Day, organisée autour du thème : «Comment accélérer l’accès aux médicaments et aux vaccins en Afrique ?». «Cette édition doit nous permettre de maintenir le cap vers une industrie pharmaceutique africaine ambitieuse, intégrée et tournée vers l’action. Il s’agit désormais de consolider les acquis et d’accélérer la mise en œuvre des solutions que nous avons collectivement conçues ces dernières années», a déclaré Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP). En effet, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi, le Maroc s’affirme aujourd’hui comme un modèle en matière de politique pharmaceutique. Le Royaume a choisi de faire de la santé un pilier de son développement, en s’appuyant sur une industrie pharmaceutique robuste et résolument tournée vers le Continent. Cette stratégie se traduit aujourd’hui par une capacité de production couvrant plus de 70 % des besoins en unités (environ 50 % en valeur), ainsi que par une expertise réglementaire qui devrait prochainement permettre au pays d’atteindre le niveau 3 de maturité réglementaire, selon les standards de l’OMS. L’atteinte de ce niveau constituera un levier décisif pour dynamiser les exportations, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud à la fois réaliste et ambitieuse. Néanmoins, produire des médicaments en Afrique ne suffit pas. Il est primordial d’être compétitif et de garantir la disponibilité dans des délais raisonnables. Cela suppose des réformes réglementaires en profondeur, la digitalisation des procédures, l’harmonisation des enregistrements à l’échelle du Continent, ainsi qu’une réduction des délais d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Ces chantiers conditionnent l’accès effectif aux médicaments. Un autre enjeu structurant est celui de la propriété intellectuelle. Là où certains perçoivent les brevets comme un frein, d'autres y voient une opportunité de réconcilier innovation et justice thérapeutique. Les licences volontaires, les transferts de technologies et le développement de la recherche clinique en Afrique offrent des perspectives concrètes de conciliation entre ces impératifs. En effet, la protection de l’innovation ne peut se faire au détriment de l’équité en santé. Dans un souci d’optimisation de l’utilisation des ressources disponibles et afin de garantir la pérennité des organismes payeurs, la promotion des médicaments génériques et des biosimilaires est essentielle. Ces médicaments permettent non seulement de réduire la pression sur les finances publiques, mais aussi de contribuer à une autonomie stratégique durable. Le Maroc a déjà prouvé sa capacité d’innovation dans de nombreux secteurs. Pourquoi l’industrie pharmaceutique ne suivrait-elle pas la même voie ? Pourquoi ne pas imaginer une Afrique où les enfants de Dakar, Kigali ou Bamako bénéficient de traitements made in Africa, conçus par des talents du Continent pour répondre aux besoins de leurs propres communautés ? Ce rêve n’est plus une simple ambition: il devient une véritable feuille de route. Et Casablanca pourrait bien en être le point de départ. Au-delà des dimensions industrielle et économique, ce combat est d’abord un combat pour la dignité. Le médicament, au-delà de sa fonction thérapeutique, devient un levier de justice sociale et un symbole de souveraineté. «Lorsque nous quitterons cette salle, souvenons-nous que nous ne sommes pas venus assister à un événement de plus. Nous sommes venus écrire une page nouvelle : une page où l’Afrique place l’industrie pharmaceutique au cœur de ses politiques publiques — non comme un secteur économique parmi d’autres, mais comme un levier de dignité pour ses citoyens», a conclu Mohamed El Bouhmadi. Aussi, la crise sanitaire mondiale a agi comme un révélateur, mettant en lumière les fragilités mais aussi les opportunités d’un secteur pharmaceutique africain en pleine transformation. Le Maroc, par sa vision stratégique, ses investissements ciblés et sa volonté de coopération régionale, s’impose progressivement comme un acteur clé de cette dynamique. L’enjeu dépasse la seule fabrication de médicaments : il s’agit d’un projet de société, fondé sur la souveraineté sanitaire, la solidarité continentale et la justice sociale. À l’heure où l’Afrique redéfinit ses priorités, l’industrie pharmaceutique devient non seulement un levier de développement, mais aussi un symbole d’émancipation.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 21:01Les opérations militaires israéliennes continues menacent gravement le système de santé déjà fragilisé à Gaza, exacerbant les déplacements massifs et les pénuries critiques de nourriture, d'eau, de fournitures médicales et de carburant. La semaine dernière, quatre grands hôpitaux – Kamal Adwan, indonésien, Hamad, et européen de Gaza – ont cessé leurs services en raison des combats et des attaques. L'OMS a recensé 28 attaques contre les services de santé récemment, portant le total à 697 depuis octobre 2023. Seuls 19 des 36 hôpitaux de Gaza restent opérationnels, la plupart offrant uniquement des soins d'urgence de base. Au moins 94 % des hôpitaux sont endommagés ou détruits, et ceux qui fonctionnent connaissent de grave pénuries de ressources, un manque de personnel et une insécurité permanente. L'intensification des hostilités et les nouveaux ordres d'évacuation mettent en péril davantage d'établissements de santé aussi bien au nord qu'au sud de Gaza, menaçant la capacité de 2000 lits restants sachant que cette enclave compte plus de 2 millions d'habitants. Le nord de Gaza est presque entièrement privé de soins. L'hôpital Al-Awda est menacé de fermeture suite à des attaques répétées qui ont blessé du personnel, endommagé des infrastructures et détruit des fournitures médicales. L'hôpital indonésien est hors service depuis le 18 mai en raison d'une présence militaire, empêchant toute mission humanitaire d'accéder aux patients et au matériel essentiel. L'hôpital Kamal Adwan, seul centre de traitement de malnutrition aiguë sévère dans le nord, a également cessé de fonctionner. Dans le sud, le complexe médical Nasser et les hôpitaux Al-Amal et Al-Aqsa sont débordés par l'afflux de blessés et de déplacés, tandis que l'hôpital européen de Gaza est hors service suite à une attaque qui a mis fin à des services vitaux uniques. La poursuite des hostilités et la présence militaire empêchent l'accès aux soins pour les patients, le travail du personnel soignant, et le réapprovisionnement des hôpitaux par l'OMS et ses partenaires. Ce cycle de destruction systématique rend vains les efforts de reconstruction du système de santé. Malgré la peur, le personnel de santé continue d'assurer les soins d'urgence. L'OMS appelle à une protection active des soins de santé, insistant sur le fait que les hôpitaux ne doivent jamais être ciblés. L'organisation demande une aide humanitaire à grande échelle sans entrave et réaffirme son engagement à fournir cette aide de manière sécurisée. Enfin, l'OMS réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et durable pour mettre fin à cette crise humanitaire.
Abderrahim Derraji - 15 juin 2025 21:01