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HOMMAGE ABDALLAH JALEL FPI TUNISIE

Dr Abdallah JALEL: Une vie au service de la pharmacie Abderrahim Derraji - 12 mai 2025 12:09
Dr Abdallah JALEL:  Une vie au service de la pharmacie
Lors du dernier Forum Pharmaceutique International qui s’est tenu les 1er et 2 mai 2025 à Tunis, le Grand Prix d’Excellence de la Pharmacie d’Afrique a été remis à Abdallah Jalel, un homme engagé et visionnaire qui a marqué de son empreinte la profession pharmaceutique en Tunisie et bien au-delà. Son parcours, riche et inspirant, témoigne d’un dévouement sans faille à l’avancement du secteur, pharmaceutique.
 
En tant que secrétaire général de l’Association Tunisienne des Médicaments Génériques, il a œuvré avec détermination pour promouvoir l’accès aux traitements essentiels. Son rayonnement a largement dépassé les frontières tunisiennes, notamment à travers la présidence du Forum Pharmaceutique International organisé à Hammamet en 2016. Il a également présidé le Congrès Arabo-Africain tenu en Tunisie, moment fort de dialogue et de coopération Sud-Sud.


Engagé au niveau continental, il a occupé la vice-présidence de l’Inter Ordre Pharmaceutique Africain en 2014, affirmant son rôle de leader et de bâtisseur de ponts entre les ordres pharmaceutiques du Continent. Sa vision de la profession l’a aussi conduit à transmettre son savoir : chargé d’enseignement du droit pharmaceutique à la Faculté de Pharmacie et à la Faculté de Droit, il a contribué à former une génération de pharmaciens conscients des enjeux éthiques, juridiques et déontologiques de leur métier.
 
Pilier de l’Ordre des Pharmaciens de Tunisie, il en a été le président national de 2011 à 2017, après avoir été secrétaire général de 2002 à 2004. Sa trajectoire traduit une fidélité constante à l’institution et d’une volonté de la faire évoluer dans le respect des valeurs de la profession.
 
Mais son engagement ne s’est pas limité au domaine pharmaceutique. Très tôt, il s’est investi au sein de la Jeune Chambre Internationale (JCI), devenant sénateur à vie après avoir été président fondateur de l’OLM de Tajerouine, formateur international, et vice-président national chargé de la formation. Il a également présidé le comité de jumelage entre l’OLM tunisienne et celle de Nagoya, au Japon, incarnant une fraternité humaine et professionnelle sans frontières.
 
À travers tous ces engagements, ce pharmacien d’exception a incarné une profession exigeante, solidaire et résolument tournée vers l’avenir. Son parcours force le respect, et son héritage continuera d’inspirer les générations à venir.
 
Notre comité profite de cette occasion pour féliciter chaleureusement ce pharmacien profondément attaché au Maroc, pays où il compte de nombreux amis.
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Fake news AMRFPO

Quand les rumeurs causent plus de dégâts que la maladie Abderrahim Derraji - 12 mai 2025 11:58
Quand les rumeurs causent  plus de dégâts que la maladie
L’Association marocaine de recherche et de formation en pharmacie oncologique (AMRFPO) a organisé, les 9 et 10 mai 2025 à Marrakech, sa 4? Journée nationale et, pour la première fois, sa Journée africaine. Placée sous le thème «Fake news et cancer : professionnels de santé et impact sur le patient», cette rencontre a réuni des experts marocains, français et africains pour débattre d’un sujet aussi sensible qu’incontournable : la désinformation autour du cancer.
 
Dans un contexte où les réseaux sociaux et certaines plateformes en ligne deviennent des sources majeures d’information, la prolifération des fake news en matière de santé représente un danger réel. Ce constat est d’autant plus alarmant lorsqu’il s’agit de maladies graves comme le cancer, où les décisions thérapeutiques doivent reposer sur des données fiables, validées et scientifiquement éprouvées. Or, dans de nombreux cas, les patients s’exposent à des discours erronés, parfois dangereux, allant de la promotion de traitements dits «naturels» au rejet pur et simple de la médecine conventionnelle éprouvée.

 
Les intervenants ont insisté sur les conséquences directes de cette désinformation sur la qualité de la prise en charge des patients. Retards de diagnostic, abandons de traitement, méfiance envers les professionnels de santé, recours à des pratiques alternatives non validées : les fake news peuvent compromettre gravement les chances de survie des patients. En Afrique, où les systèmes de santé sont parfois fragiles et l’accès à l’information médicale limitée, ce phénomène prend une ampleur encore plus préoccupante.
 
Les échanges ont également mis en lumière le rôle central que doivent jouer les professionnels de santé dans cette lutte contre la désinformation. Leur mission ne se limite plus à prescrire ou administrer des traitements ; elle inclut désormais l’éducation thérapeutique, l’écoute active, et la pédagogie pour déconstruire les fausses croyances. Renforcer la communication entre patients et soignants, collaborer avec les médias et investir dans l’éducation numérique sont quelques-unes des pistes évoquées lors de ce rendez-vous.
 
À travers cet événement, l’AMRFPO a su instaurer un véritable cadre de réflexion autour d’un enjeu qui dépasse le strict champ médical. En effet, chaque fake news peut entraîner des conséquences graves, parfois fatales,  pourtant évitables. Aujourd’hui plus que jamais, la lutte contre la désinformation en oncologie s’impose comme une urgence de santé publique, appelant à l’engagement collectif de l’ensemble des professionnels du soin. C’est un combat commun à mener pour restaurer la confiance des patients et défendre une médecine fondée sur la rigueur scientifique et la transparence.
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DECONDITIONNEMENT

FRANCE : Deux pharmaciens sanctionnés pour avoir déconditionner des médicaments Abderrahim Derraji - 12 mai 2025 11:08
FRANCE : Deux pharmaciens sanctionnés pour avoir déconditionner  des médicaments
Deux pharmaciens du plateau des Millevaches, en Nouvelle-Aquitaine, ont été sanctionnés par l’Ordre des pharmaciens d’une interdiction d’exercer pendant six mois, dont quatre avec sursis, pour avoir dispensé des médicaments à l’unité, notamment des benzodiazépines. Cette pratique, bien qu’illégale hors des cas autorisés par la loi (antibiotiques et stupéfiants), est assumée par les deux professionnels comme un acte de responsabilité face aux pénuries et à l’iatrogénie. Antoine Prioux, l’un des pharmaciens concernés, annonce son intention de faire appel et d’ouvrir le débat public sur cette pratique. Il critique une contradiction entre les campagnes de santé publique visant à limiter certaines prescriptions et la rigidité de la réglementation en officine.
 
Depuis cinq ans, face à la première grande pénurie de prednisolone, les deux pharmaciens ont commencé à délivrer à l’unité différents médicaments : antibiotiques, antalgiques de palier 2, benzodiazépines ,etc. Leur objectif est double : limiter les déchets de médicaments inutilisés et prévenir les risques de dépendance dus à la distribution automatique de boîtes entières d’antalgiques de palier 2 et de benzodiazépines. D’après ces pharmaciens, les traitements sont souvent plus courts que la durée couverte par une boîte, entraînant un surplus inutile. Cette démarche s’inscrit aussi dans une volonté écologique, en évitant le gaspillage médicamenteux.
 
Antoine Prioux assume une gestion manuelle de la dispensation : découpage des blisters, traçabilité des lots, conservation des reliquats et redistribution gratuite des médicaments restants. Il affirme que les patients sont majoritairement favorables à cette approche. Cependant, en l’absence de dispositions légales réglementant cette pratique, le conseil régional de l’Ordre des pharmaciens a jugé nécessaire sanctionner les deux pharmaciens. Quant à ces derniers, ils  considèrent cette décision comme disproportionnée et symptomatique d’un système rigide.
 
L’Ordre des pharmaciens a refusé de s’exprimer sur la décision tant que la procédure est en cours. En réponse, les pharmaciens concernés s’interrogent sur les conséquences de cette sanction pour les patients confrontés à des pénuries de médicaments essentiels. 
 
Selon Antoine Prioux, ce n’est pas tant leur méthode qui est remise en cause que leur refus d’appliquer un cadre qu’ils jugent obsolète. Il déplore que la profession reste centrée sur la protection de ses intérêts plutôt que de réfléchir à l’évolution de son rôle dans un système de santé en pleine transformation.
 
Ce cas met en exergue le décalage entre le cadre réglementant la profession et la réalité du terrain et attentes sociétales. Alors que les pénuries de médicaments deviennent de plus en plus fréquentes et que la pression sur l’accès aux soins s’intensifie, la question de la marge de manœuvre laissée aux pharmaciens revient au cœur du débat. Cette affaire pourrait donc alimenter une réflexion plus large sur les missions du pharmacien, son rôle dans la chaîne de soins, et la capacité du système à s’adapter à des défis sanitaires, économiques et environnementaux croissants.
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OMS AMMPS INDUSTRIE PHARMA

L’OMS mise sur le Maroc pour porter la production pharmaceutique régionale Abderrahim Derraji - 12 mai 2025 11:03
L’OMS mise sur le Maroc pour porter la production pharmaceutique régionale
La directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour le Moyen-Orient, Hanane Hassan Balkhi, a salué à Rabat les avancées du Maroc dans le domaine pharmaceutique, soulignant son potentiel pour devenir un fournisseur principal de médicaments en Afrique. Elle a estimé que les ambitions marocaines pourraient s’étendre au-delà du continent grâce à ses progrès académiques, à son industrie pharmaceutique dynamique et à sa position géographique stratégique.
 
À l’issue de son entretien avec Samir Ahid, directeur de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS), Mme Balkhi a mis en avant le rôle essentiel de cette institution dans l’assurance de l’accès à des médicaments sûrs, de qualité et à des prix abordables. Elle a également évoqué la volonté de l’OMS de renforcer les partenariats régionaux afin de bâtir une stratégie commune de production pharmaceutique, garantissant la souveraineté sanitaire, en particulier au Moyen-Orient.
 
Pour sa part, Samir Ahid a rappelé que l’AMMPS a été créée dans le cadre de la réforme du système de santé, selon les Hautes instructions royales, avec pour mission de veiller à la sécurité, la qualité et la disponibilité des médicaments. Il a souligné l’engagement de l’Agence à se conformer aux standards de l’OMS et à atteindre le niveau de maturité 3 en matière de régulation, un objectif qui renforcerait considérablement la position du Maroc sur le plan international.Le directeur de l’AMMPS a aussi mis en avant la coopération fructueuse avec l’OMS dans plusieurs domaines, notamment l’évaluation continue des médicaments, la formation du personnel et la numérisation des procédures. Ces efforts visent à moderniser l’Agence, renforcer son efficacité et faire du Maroc un acteur majeur de la santé publique, tant au niveau continental qu’international.
 
Cette visite officielle s’inscrit dans un cadre de collaboration étroite entre le Maroc et l’OMS, les deux parties œuvrant ensemble à la réalisation de programmes sanitaires locaux et régionaux, dans une perspective de santé durable, solidaire et souveraine.
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Livmed’s

Livmed’s en redressement judiciaire Abderrahim Derraji - 12 mai 2025 10:52
Livmed’s en redressement judiciaire
Le 24 avril 2025, le tribunal de commerce de Nice a placé la start-up française Livmed’s en redressement judiciaire. Spécialisée dans la livraison de médicaments à domicile, la société, fondée il y a cinq ans par Talel Hakimi, avait rapidement gagné en notoriété dans le secteur de la pharmacie numérique. Mais malgré des débuts prometteurs, l’entreprise fait face aujourd’hui à de graves difficultés financières.
 
À l’origine de cette procédure, un litige avec les anciens associés de Pharmanity, une société que Livmed’s avait rachetée en 2023. Bien que les tensions avec l’Ordre national des pharmaciens semblaient s’être apaisées, ce nouveau contentieux a provoqué l’ouverture d’une procédure collective. Le tribunal a constaté que la société était incapable de faire face à ses dettes à court terme.

Livmed’s bénéficie toutefois d’un sursis : elle entre en période d’observation jusqu’au 24 octobre 2025. Pendant cette phase, elle peut continuer son activité, mais sous la supervision d’un administrateur judiciaire. L’objectif est d’analyser la viabilité de l’entreprise et, si possible, d’élaborer un plan de redressement permettant d’assurer sa survie.
 
Malgré cette situation, Talel Hakimi se montre optimiste. Il affirme que cette procédure judiciaire est une opportunité de restructuration, permettant à la start-up de gagner en solidité et d’envisager enfin la rentabilité. Il indique également que les actionnaires sont toujours mobilisés et confiants, même si les levées de fonds ont pris du retard dans un contexte économique tendu.
 
L’avenir de Livmed’s reste donc incertain. Si elle parvient à convaincre ses créanciers et à mettre en place une stratégie de redressement crédible, elle pourrait sortir renforcée de cette crise. Dans le cas contraire, elle risquerait de disparaître.
 
Parallèlement, des rumeurs de rachat circulent. Certains évoquent «l’intérêt potentiel» de géants du numérique comme Amazon ou Uber, bien qu’aucune confirmation officielle n’ait été donnée à ce jour. Un tel rachat pourrait rebattre les cartes du marché de la livraison de médicaments, déjà en pleine transformation.
 
Livmed’s, autrefois symbole d’innovation dans le domaine pharmaceutique, est donc à un tournant critique de son histoire. La suite dépendra autant de sa capacité à rebondir que de l’environnement économique et réglementaire dans lequel elle évolue.
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Autres articles

Relocalisation pharmaceutique : Washington lance une offensive réglementaire pour réindustrialiser la santé

Dans une nouvelle initiative stratégique, le président des États-Unis a signé un décret visant à accélérer la relocalisation de la production pharmaceutique sur le sol américain. Objectif :restaurer une base industrielle nationale robuste pour les médicaments essentiels, garantir leur accessibilité aux patients américains et renforcer la sécurité nationale.   Depuis son premier mandat, le chef de l'État affirme vouloir bâtir une souveraineté sanitaire durable. Le décret présidentiel 13944 de 2020 avait déjà posé les fondations en demandant aux agences fédérales d’identifier les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement. Mais selon le président, l’administration précédente aurait laissé ces objectifs inaboutis, laissant persister de nombreux obstacles et lenteurs.   L’un des principaux freins identifiés concerne les délais de construction d’installations pharmaceutiques aux États-Unis, estimés entre 5 et 10 ans. Ce retard s’explique par une superposition d’exigences fédérales, étatiques et locales, des normes environnementales strictes, ainsi que des inspections inopinées de la FDA jugées plus contraignantes que celles imposées à l’étranger.   Le décret annonce clairement la nouvelle politique du gouvernement : simplifier la réglementation pour favoriser les investissements. Il est désormais prioritaire de faire des États-Unis un pays compétitif pour la fabrication de médicaments sûrs, efficaces et abordables.   Le cœur du texte confie à la FDA (Food and Drug Administration) une mission clé : réviser l’ensemble de son dispositif réglementaire en matière de fabrication nationale. Sous 180 jours, l’agence devra éliminer les obligations redondantes, accélérer les processus d’approbation, mettre à jour ses politiques de conformité, améliorer l’approche basée sur les risques lors des inspections et clarifier les conditions de relocalisation de sites étrangers.   En parallèle, la FDA devra intensifier ses inspections d’usines implantées hors des États-Unis, avec un rapport annuel publié, détaillant les contrôles menés par pays. Pour financer ces actions, les frais exigés aux fabricants étrangers revus à la hausse.La rationalisation concerne également l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Celle-ci devra actualiser ses directives pour accélérer l’autorisation des projets de construction tout en supprimant les doublons administratifs. L’EPA deviendra également l’agence référente pour les projets nécessitant une déclaration d’impact environnemental, assurant un guichet unique pour les porteurs de projets.   Le décret implique aussi l’Armée américaine, via son corps des ingénieurs, pour évaluer la possibilité de créer un permis spécifique aux installations pharmaceutiques, afin de simplifier les procédures relevant de la Clean Water Act et du Rivers and Harbors Act.   Enfin, le Bureau de la gestion et du budget (OMB) est chargé de coordonner l’action inter-agences et d’assurer la mise en œuvre fluide des différentes réformes administratives. Ce texte marque une étape décisive dans la politique industrielle de santé américaine. Face aux menaces géopolitiques, aux pénuries répétées et aux dépendances internationales, les États-Unis cherchent désormais à reconstruire leur indépendance pharmaceutique, à travers un arsenal réglementaire allégé et un soutien fédéral affirmé. Reste à voir si cette promesse de  simplification administrative tiendra face aux lourdeurs systémiques existantes.

Abderrahim Derraji - 12 mai 2025 10:49
FPI-2025 : Quand l’IA réinvente la pharmacie !

Réunissant plus de 3 000 participants, dont 500 experts issus de plus de 20 pays, la 24e édition du Forum Pharmaceutique International (FPI), tenue à Tunis du 30 avril au 2 mai 2025, a marqué un tournant décisif pour l’avenir du secteur pharmaceutique africain. Cette rencontre très attendue a mis en lumière l’importance de l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans toutes les composantes du secteur pharmaceutique. Loin d’être une simple tendance technologique, l’IA s’impose désormais comme un levier incontournable d’innovation, d’efficience et d’équité en santé.   Organisé sous l’égide de l’Inter Ordre des Pharmaciens Africains (IOPA), le forum a démontré que l’intelligence artificielle est en train de transformer en profondeur les métiers de la pharmacie. De la recherche à la production, en passant par la logistique, la distribution, le conseil officinal et la pharmacovigilance, l’IA insuffle une nouvelle dynamique à l’ensemble du secteur. Elle permet d’accélérer le développement de nouveaux médicaments, de renforcer la sécurité des chaînes d’approvisionnement et de proposer des soins plus personnalisés. L’IA contribue également à anticiper les épidémies, à optimiser la gestion des stocks et à automatiser certaines tâches chronophages, libérant ainsi du temps pour une meilleure prise en charge du patient.     Mais au-delà de la prouesse technologique, c’est une véritable vision stratégique qui a émergé à Tunis. En accueillant ce forum, la Tunisie a affirmé l’importance de renforcer les échanges Sud-Sud et a exprimé sa volonté de voir émerger une Afrique qui innove, collabore et s’organise pour relever ses propres défis.   Parmi ces challenges figurent la lutte contre les médicaments falsifiés, l’harmonisation des cadres réglementaires, ou encore l’amélioration de l’accès aux soins. L’IA, couplée à une coopération renforcée entre les nations, apparaît comme un atout majeur pour relever ces enjeux. Le forum a ainsi formulé des recommandations concrètes en matière de formation, de régulation et de promotion des bonnes pratiques professionnelles.   En somme, le FPI 2025 a brillamment illustré la convergence entre santé et technologies émergentes. Bien que l’intelligence artificielle ne soit pas une fin en soi, et qu’elle nécessite la mise en place de garde-fous éthiques, elle constitue une révolution porteuse d’espoir pour des millions de patients à travers le continent.     

Abderrahim Derraji - 05 mai 2025 08:16
Un médicament contre l’arthrite pourrait-il révolutionner le traitement de l’épilepsie ?

Une étude menée par des chercheurs de l’Université du Wisconsin-Madison évalue l’efficacité du tofacitinib dans le traitement de l’épilepsie, une maladie neurologique touchant plus de 50 millions de personnes dans le monde. Publiée dans Science Translational Medicine, cette recherche préclinique pourrait offrir un nouvel espoir aux 30 % de patients dont l’épilepsie est résistante aux traitements actuels.   L’épilepsie survient souvent après une lésion cérébrale, entraînant une activité électrique anarchique dans le cerveau. Ce dérèglement provoque des crises répétées, parfois responsables de la mort de neurones. Le traitement conventionnel vise à atténuer les symptômes, sans véritablement empêcher leur réapparition.   Le tofacitinib, un inhibiteur de la voie JAK, est déjà utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. Son repositionnement en neurologie repose sur plusieurs découvertes clés. L’équipe a identifié une protéine appelée STAT3, au cœur de la signalisation cellulaire anormale observée dans les cerveaux épileptiques de souris, et également détectée dans des tissus cérébraux humains épileptiques.   Fait intéressant, des études épidémiologiques ont relevé une fréquence réduite de l’épilepsie chez les patients arthritiques traités par des anti-inflammatoires pendant plus de cinq ans, en particulier ceux recevant des inhibiteurs de JAK comme le tofacitinib. Cela renforce l’hypothèse d’un lien entre inflammation chronique, voies de signalisation et déclenchement de l’épilepsie. L'expérience préclinique a montré que l’ administration de tofacitinib, un inhibiteur de JAK, juste après l'administration d'un médicament endommageant le cerveau et provoquant des crises à répétition n’a eu aucun effet.   En revanche, un traitement de 10 jours, débuté après les premières crises, a produit des résultats spectaculaires : les souris sont restées sans crise pendant deux mois, et leur mémoire,  souvent altérée par la maladie, a été restaurée.   «Ce médicament répond à tous nos critères» a déclaré le Dr Avtar Roopra, auteur principal de la publication. Le tofacitinib agit sur plusieurs mécanismes cérébraux simultanément, contrairement aux traitements actuels souvent limités à un seul aspect de la maladie.   Étant déjà approuvé pour une autre indication, ce médicament pourrait bénéficier d’un repositionnement rapide dans le traitement de l’épilepsie humaine. Si ces résultats sont confirmés chez l’homme, cela représenterait une avancée majeure dans la prise en charge de cette pathologie complexe. 

Abderrahim Derraji - 05 mai 2025 08:10
Doliprane passe sous contrôle américain : un tournant stratégique et politique

Le Doliprane, médicament le plus prescrit en France avec 300 millions de boîtes vendues chaque année, change officiellement de pavillon. Le 30 avril 2025, Sanofi a finalisé la cession de sa filiale Opella au fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R), tout en conservant 48,2 % des parts. Cette opération marque la transformation d’Opella en une entreprise indépendante.   La cession concerne la branche «Santé grand public» de Sanofi, incluant Doliprane, mais aussi d’autres à prescription facultative, vitamines et compléments alimentaires. CD&R devient actionnaire majoritaire avec 50 % du capital, tandis que la Banque Publique d’Investissement (BPI), à la demande du gouvernement, entre au capital à hauteur de 1,8 %. Cet arrangement vise à préserver un droit de regard français sur les orientations stratégiques de  l’entreprise.    L’annonce de la vente, faite en octobre 2024, avait déclenché une levée de boucliers politique et syndicale, suscitant des inquiétudes sur la souveraineté sanitaire française et l’avenir des emplois industriels liés à la production du Doliprane. Plusieurs jours de grève avaient alors été organisés par les salariés d’Opella. Le gouvernement, bien qu’ayant validé l’opération, a tenté de  rassurer en mettant en avant les garanties apportées sur les sites français.   Sanofi, de son côté, justifie cette opération par une stratégie de recentrage sur les médicaments et vaccins innovants. Le groupe annonce avoir perçu environ 10 milliards d’euros en numéraire dans cette transaction.   Opella est une entité importante, avec une présence dans 100 pays, 13 sites de production et 11 000 employés. La direction de Sanofi assure qu’il ne s’agit pas d’un désengagement total, mais plutôt d’un partenariat stratégique visant à renforcer les capacités d’investissement et d’innovation de l’entreprise désormais autonome.   Malgré cela, cette décision alimente les débats sur la capacité de la France à conserver la maîtrise de ses produits de santé essentiels, et pose la question plus large du rôle des fonds étrangers dans les industries stratégiques. Pour l’heure, les regards restent tournés vers les garanties d’emploi et de production en France, alors que le Doliprane demeure un symbole fort de la pharmacie française.  

Abderrahim Derraji - 05 mai 2025 08:05
Publicité déguisée : un article sur un médicament contre la migraine interdit par la justice suisse

Le Tribunal administratif fédéral suisse a confirmé l’interdiction d’un article de presse portant sur un médicament contre la migraine, jugeant qu’il violait la loi sur l’interdiction de publicité pour les médicaments soumis à prescription. Cette décision fait suite à une plainte déposée contre un éditeur suisse par Swissmedic, l’autorité de surveillance des produits thérapeutiques. L’article incriminé relatait l’expérience personnelle d’une journaliste migraineuse, évoquant notamment un nouveau traitement décrit comme une «révolution». L’article mentionnait également le nom commercial du médicament, son principe actif et l’entreprise pharmaceutique détentrice de l’autorisation de mise sur le marché.   Pour Swissmedic, ce contenu allait au-delà de l’information sanitaire et relevait de la promotion dissimulée, ce qui est strictement interdit par la législation suisse. En conséquence, l’agence a exigé le retrait de l’article en ligne, décision contestée par l’éditeur devant la justice.   Le tribunal de Saint-Gall a estimé que l’article donnait une impression globale de publicité, en valorisant un produit précis tout en passant sous silence les risques et effets secondaires. De plus, l’approche personnelle de la journaliste traduisait une préférence subjective, susceptible d’influencer les choix des patients.   La cour a rappelé que seules des informations générales sur la santé ou les maladies, sans allusion à un médicament spécifique, sont autorisées dans les médias à destination du grand public. L’article, selon les juges, manquait d’objectivité, de nuance et de rigueur scientifique, et enfreignait ainsi l’interdiction stricte de promotion des médicaments sur ordonnance.   L’arrêt peut encore faire l’objet d’un recours devant le Tribunal fédéral, mais il réaffirme fermement la frontière entre information médicale et communication commerciale, et la nécessité de protéger les patients contre toute influence publicitaire indirecte.

Abderrahim Derraji - 05 mai 2025 08:02
Vaccinations : quand les maladies évitables repartent à la hausse !

Alors que le monde célèbre la Semaine mondiale de la vaccination (24-30 avril), l’OMS, l’UNICEF et Gavi lancent un cri d’alarme : des décennies de progrès dans la lutte contre les maladies évitables par la vaccination sont aujourd’hui menacées. Face à la désinformation, à la croissance démographique, aux crises humanitaires et surtout aux coupes budgétaires, les systèmes de santé peinent à maintenir la dynamique vaccinale qui a pourtant permis de sauver plus de 150 millions de vies au cours des 50 dernières années. La situation est préoccupante. La rougeole, maladie emblématique de la vaccination infantile, connaît une résurgence spectaculaire. En 2023, le nombre de cas a atteint 10,3 millions, soit une hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette flambée est directement corrélée à la baisse de la couverture vaccinale observée depuis la pandémie de COVID-19. Dans les 12 derniers mois, 138 pays ont rapporté des cas de rougeole, et 61 d’entre eux ont été confrontés à des épidémies majeures – un record depuis 2019. La rougeole n’est pas un cas isolé. La méningite fait des ravages en Afrique, avec plus de 5 500 cas suspects et près de 300 décès rapportés rien que dans les trois premiers mois de 2025. La fièvre jaune, quant à elle, refait surface en Afrique et dans les Amériques après une décennie de recul grâce à l’usage stratégique de vaccins stockés au niveau mondial. Des maladies comme la diphtérie, longtemps reléguées à l’histoire, menacent elles aussi de revenir. Le constat est clair : les systèmes de vaccination sont sous pression. Un état des lieux réalisé par l’OMS dans 108 pays, révèle que près de la moitié de ces derniers subissent des perturbations modérées à sévères dans leurs programmes de vaccination, principalement en raison de la baisse du financement des donateurs. Même la surveillance des maladies, pourtant cruciale pour anticiper les flambées, est compromise. Dans ce contexte, les enfants sont les premières victimes. En 2023, 14,5 millions d’entre eux n’ont reçu aucun vaccin de routine, contre 12,9 millions en 2019. Plus de la moitié de ces enfants  vivent dans des zones de conflit ou d’instabilité, où les services de santé sont fragmentés, voire inexistants. «Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du terrain dans la lutte contre les  maladies évitables», alerte Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. Face à ces défis, des efforts notables émergent malgré tout. L’initiative «Big Catch-Up», lancée en 2023, vise à rattraper les enfants ayant manqué leurs vaccins pendant la pandémie. Par ailleurs, de nombreux succès illustrent l’impact durable de la vaccination : élimination de la méningite A dans la ceinture africaine, montée en puissance du vaccin contre le HPV – passé de 21 % à 40 % de couverture en Afrique entre 2020 et 2023 –,  élargissement de la vaccination contre le pneumocoque en Asie du Sud-Est, et introduction des vaccins antipaludiques dans près de 20 pays africains. Mais pour que ces avancées se poursuivent, un engagement financier fort est indispensable. L’OMS, l’UNICEF et Gavi appellent les gouvernements, les bailleurs et le grand public à défendre le droit à la vaccination. En tant que pilier des soins de santé primaires, la vaccination est non seulement un rempart contre les épidémies, mais elle connecte aussi les familles à d’autres services essentiels, comme la nutrition, les soins prénatals ou le dépistage du paludisme. Le sommet de Gavi, prévu le 25 juin prochain, ambitionne de lever 9 milliards de dollars pour financer une stratégie qui pourrait sauver 8 millions de vies entre 2026 et 2030. Comme le rappelle la Dre Sania Nishtar, directrice de Gavi : «Investir dans les vaccins, c’est investir dans la sécurité sanitaire mondiale.» Un choix économique aussi : chaque dollar investi dans la vaccination rapporte 54 dollars à long terme. Plus que jamais, la vaccination apparaît comme une réponse essentielle aux menaces sanitaires actuelles. Elle mérite, à ce titre, une mobilisation urgente, durable et universelle.

Abderrahim Derraji - 25 avril 2025 11:50
Pesticides : mise en garde majeur de l’Anses

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail - France) vient de publier une mise en garde majeure concernant les effets des pesticides sur la santé. Ce signal d’alerte, diffusé à travers deux notes de veille rendues publiques le 24 avril 2025, souligne la gravité des conséquences sanitaires potentielles de l’exposition aux pesticides, en particulier chez les enfants, mais aussi chez les professionnels manipulant ces substances.   L’Agence émet quatre alertes sanitaires qualifiées de sérieuses, signalant des situations où la menace pour la santé humaine est avérée et nécessite des réponses adaptées. L’alerte principale porte sur l’exposition prénatale aux pyréthrinoïdes, des insecticides largement utilisés dans l’agriculture et les répulsifs anti-moustiques. Cette exposition serait liée à des troubles du comportement chez les enfants, comme l’anxiété ou la dépression. L’Anses considère ce lien comme suffisamment solide pour appeler à une vigilance renforcée. Une autre alerte concerne les insecticides organophosphorés, associés à une altération des fonctions motrices, cognitives et sensorielles chez les enfants exposés avant la naissance. Bien que leur usage ait fortement reculé en Europe, les organophosphorés continuent de représenter un risque pour les enfants, notamment dans certaines zones ou pour des usages spécifiques.   Les professionnels du secteur agricole sont aussi concernés.  L’exposition chronique à ces substances, notamment aux organophosphorés, est associée à des troubles cognitifs et à l’apparition de lymphomes non hodgkiniens, une forme de cancer du système lymphatique. Ces constats viennent s’ajouter à des décennies de débats scientifiques autour des risques professionnels liés à l’utilisation de pesticides. Outre ces alertes, l’Anses identifie plusieurs «signaux validés», des associations moins certaines mais jugées préoccupantes. Il s’agit notamment de cas de lymphomes non hodgkiniens chez les travailleurs exposés au glyphosate, au 2,4-D ou aux triazines. D’autres études pointent un lien entre la deltaméthrine et certaines formes de leucémies, ou encore entre l’exposition prénatale aux organophosphorés et des troubles du spectre autistique. On retrouve également une préoccupation croissante autour de la qualité du sperme dans la population générale, en lien avec les pyréthrinoïdes.   Ces signaux doivent être considérés comme des avertissements nécessitant une gestion rigoureuse pour éviter à terme des crises sanitaires. Une attention particulière est accordée aux pyréthrinoïdes, particulièrement problématiques pour le développement neurologique des enfants. Des données récentes montrent une imprégnation importante de la population française à ces produits, avec des concentrations souvent plus élevées chez les enfants que chez les adultes. Ce constat alarmant s’explique notamment par l’usage répandu de ces insecticides dans les produits domestiques. Bien qu’ils soient censés être peu toxiques à faible dose, leur impact sur le cerveau en développement suscite de sérieuses inquiétudes. Ces substances sont présentes dans l’environnement immédiat des enfants : maison, jardin, école, voire alimentation. La question de l’exposition chronique à faibles doses revient ainsi au cœur du débat. L’Anses appelle à des réponses rapides. Il ne s’agit plus seulement d’observer ou de collecter des données, mais de mettre en place des politiques concrètes de prévention, d’interdiction ciblée et de substitution. Les. recommandations incluent un renforcement de la surveillance, une meilleure information des usagers et un soutien accru aux professionnels pour la transition vers des alternatives moins nocives.   La publication de ces alertes, inédite par leur ampleur et leur ton, souligne un tournant dans l’approche sanitaire des produits phytosanitaires. Face à l’ampleur des signaux, le statu quo n’est plus envisageable. Les décideurs publics sont désormais interpellés sur leur responsabilité à agir rapidement pour protéger la santé des populations, et notamment celle des plus jeunes, face à un risque que la science ne peut plus ignorer.  

Abderrahim Derraji - 25 avril 2025 11:45
Orforglipron, la pillule d’Eli Lilly qui inquiéte Novo NordisK

Eli Lilly menace la domination de Novo Nordisk dans le traitement du diabète et de l'obésité grâce à un nouveau médicament oral, l’orforglipron. Contrairement aux traitements injectables actuels comme Ozempic ou Wegovy, orforglipron est administré par voie orale, une innovation qui pourrait bouleverser le marché.   Les résultats d’une étude de phase 3 ont montré une réduction significative de la glycémie (de 1,3 à 1,6 %) chez les patients diabétiques traités par orforglipron, avec 65 % atteignant un contrôle glycémique normal. En matière de perte de poids, les patients à dose maximale ont perdu jusqu’à 8 % de leur masse corporelle, un niveau de performance proche de celui des traitements injectables existants.   La tolérance du médicament semble bonne, avec des effets secondaires limités à des nausées et troubles gastro-intestinaux, similaires à ceux des autres médicaments de cette classe. Aucun problème hépatique n’a été observé, contrairement au traitement développé par Pfizer.  Eli Lilly espère une autorisation de la FDA d’ici fin 2025 pour une indication dans l’obésité, puis dans le diabète d’ici 2026. Des études cliniques de plus grande ampleur sont en cours, avec plus de 10 000 patients dans le monde, pour confirmer l’efficacité et la sécurité du produit. L’annonce de ces résultats a fortement impacté le marché : l’action d’Eli Lilly a bondi de plus de 14 %, tandis que celle de Novo Nordisk a chuté de 7 % à la Bourse de Copenhague. Le leader danois subit également d’autres pressions, notamment la déception des résultats de son candidat CagriSema et la fin prochaine du brevet du sémaglutide (2026), qui ouvre la voie aux génériques. La concurrence croissante, la pression sur les prix aux États-Unis et les performances mitigées de certains produits fragilisent Novo Nordisk. La valorisation de l’entreprise a chuté de 65 % depuis ses sommets de 2024.  Eli Lilly pourrait ainsi prendre l’avantage grâce à une solution plus pratique (sans injection), accessible, et potentiellement aussi efficace que les leaders actuels. Ce changement de paradigme marque le début d’une nouvelle ère dans le traitement du diabète et de l’obésité. La guerre des médicaments de l’obésité s’intensifie dans un marché estimé à plus de 100 milliards de dollars dans les prochaines années. Pour rester compétitive, Novo Nordisk devra innover rapidement. Le duel entre les deux géants du médicament s’annonce décisif.  

Abderrahim Derraji - 25 avril 2025 11:36
Publicité et lobbying: la guerre des OTC est lancée

Une polémique éclate autour d’une publicité choc d’E.Leclerc mettant en avant le Vitascorbol C1000, un complément alimentaire à base de vitamine C produit par le Laboratoire Cooper. La publicité affiche un prix bas (2,20 €) et une accroche provocatrice: «Dommage qu’on n’ait pas le droit de faire pareil avec le paracétamol», attaquant ainsi le monopole des pharmaciens sur certains médicaments. Cooper, qui n’a pas donné son accord, dénonce une instrumentalisation politique et envoie une mise en demeure à E.Leclerc. Le laboratoire accuse l’enseigne de détourner l’image de Vitascorbol pour servir un combat idéologique sur l’ouverture de la vente de médicaments OTC (sans ordonnance) en grande distribution.   Cette affaire n’est pas isolée : en 2023, E.Leclerc avait déjà mené une campagne controversée visant les pharmaciens, les accusant d’entraver l’accès aux soins. Cette nouvelle publicité ravive le débat sur le rôle des pharmaciens dans la chaîne du médicament et sur le modèle de santé français. Vitascorbol, bien qu’étant un complément alimentaire, reste fortement associé au conseil officinal et à la distribution en pharmacie (plus de 95 % des ventes). Son utilisation symbolique dans la campagne d’E.Leclerc remet en cause cette spécificité du lien entre produit de santé et accompagnement professionnel. Le débat prend une tournure politique : E.Leclerc ne se contente pas de faire de la publicité, il mène une bataille pour l’accès généralisé aux médicaments en grande surface, au nom du pouvoir d’achat. Mais cette démarche suscite des inquiétudes quant à la sécurité des patients. Des syndicats comme l’UDGPO ( Union des groupement des pharmaciens d’officine) alertent depuis longtemps sur les dangers d’une libéralisation incontrôlée de la vente de médicaments, notamment le paracétamol, en raison des risques d’automédication, de surdosage, ou de mésusage. Le conseil pharmaceutique est perçu comme une barrière essentielle à ces dérives.   L’Ordre national des pharmaciens, pourtant garant de la déontologie de la profession, reste silencieux face à ces attaques répétées. Ce mutisme fragilise la profession, qui semble sans défense face aux offensives médiatiques et économiques de la grande distribution.   Le cas Vitascorbol illustre un vide juridique préoccupant : rien n’interdit aujourd’hui explicitement l’utilisation de l’image d’un produit de santé dans une publicité engagée sans l’accord du fabricant. Cette zone grise pourrait permettre d’autres détournements à l’avenir.   La situation pose la question urgente d’une régulation législative pour protéger les marques pharmaceutiques de toute récupération idéologique. Elle interroge aussi sur les limites du marketing dans un secteur aussi sensible que la santé. Au fond, ce que vise E.Leclerc, ce n’est pas seulement un laboratoire, mais un système tout entier : celui d’un médicament distribué sous contrôle, avec conseil, et non réduit à une simple marchandise en rayon. Cooper tente de résister juridiquement, mais sans soutien fort des institutions, cette riposte pourrait rester symbolique. Le bras de fer entre grande distribution et profession pharmaceutique ne fait que commencer.  

Abderrahim Derraji - 25 avril 2025 11:32
Réseaux sociaux : quand la viralité prime sur la véracité !

Le vendredi 18 avril, sur les ondes de France Inter, Yannick Neuder, ministre délégué chargé de la Santé, a annoncé la création prochaine d’un observatoire dédié à la lutte contre la désinformation en santé. Cette initiative française vise à répondre à une urgence de santé publique : la prolifération de fausses informations médicales sur les réseaux sociaux.   Aujourd’hui, l’accès à l’information n’est plus une difficulté. Le véritable défi est d’arriver à trier cette abondance de données, où le vrai se mélange au faux. Dans un contexte où les réseaux sociaux deviennent la principale source d’information pour une grande partie de la population, il devient primordial de structurer une riposte efficace. Ce nouvel observatoire aura pour mission de recenser les fake news qui circulent en ligne, d’alerter les plateformes numériques et de saisir l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) lorsqu’un contenu présente un danger avéré. L’objectif est clair : mettre en place un dispositif opérationnel de veille, d’alerte et de réaction rapide face à la désinformation médicale.   Comme l’a souligné Yannick Neuder, «il n’existe à ce jour, ni en France ni dans aucun autre pays d’Europe, d’organisation structurée pour contrer la désinformation médicale». Pourtant, la menace est bien réelle. Depuis la pandémie de COVID-19, les fausses informations en matière de santé ont proliféré, semant le doute, alimentant les peurs et contribuant à l’hésitation vaccinale, un phénomène dont les conséquences peuvent être tragiques. Plusieurs pays ont tenté de riposter, chacun à sa manière. La France a adopté, dès 2018, une loi contre la manipulation de l’information, s’appliquant aussi au domaine médical.  L’Allemagne, de son côté, impose aux plateformes le retrait rapide des contenus illicites via la loi NetzDG, tout en soutenant activement les initiatives de fact-checking, comme celle du site Correctiv. Singapour va plus loin encore avec sa loi POFMA, qui autorise le gouvernement à exiger des corrections immédiates sur les fausses informations en ligne. Cette rigueur soulève certes des interrogations sur la liberté d’expression, mais elle a prouvé son efficacité lors des crises sanitaires.   Le Maroc, où les réseaux sociaux occupent de plus en plus une place centrale dans la diffusion de l'information, a également pris des mesures décisives. Pendant la pandémie, des campagnes de sensibilisation ont été menées à la télévision et sur les réseaux, en partenariat avec des professionnels de santé et des influenceurs. Le portail covidmaroc.ma a été lancé pour centraliser les informations fiables. Parallèlement, des poursuites judiciaires ont été engagées contre les auteurs de fausses informations susceptibles de troubler l’ordre public.   Mais ces mesures, bien qu’utiles, restent insuffisantes. Les fake news continuent de perturber les systèmes de santé et de fragiliser le lien de confiance entre les citoyens et les institutions médicales. L’exemple de la rougeole, responsable de plus de 120 décès, est édifiant : seule une mobilisation intense du ministère de la Santé et des professionnels a permis de convaincre des parents méfiants de reprendre les vaccinations interrompues. À l’avenir, une stratégie durable devra d’abord reposer sur la mise en place d’un dispositif de vigilance permanent, capable d’identifier rapidement les signaux faibles de désinformation et de les transmettre à une structure dédiée, apte à prendre sans délai les décisions nécessaires. Ensuite, il conviendra de créer des labels pour les sites médicaux marocains, afin de garantir la  fiabilité des contenus diffusés. Enfin, il sera essentiel de promouvoir l’éducation à l’esprit critique, notamment chez les jeunes, pour leur permettre de distinguer une information fiable d’une rumeur toxique.   Par ailleurs, les professionnels de santé, les sociétés savantes et les institutions publiques doivent travailler de concert pour relever ce défi. Car il ne s’agit pas seulement de corriger des erreurs, mais bien de reconstruire une relation de confiance entre la science et le public. À l’heure où une rumeur peut causer plus de dégâts qu’un virus, la lutte contre la désinformation médicale n’est plus une option, mais une nécessité. [1] lemoniteurdespharmacies.fr 

Abderrahim Derraji - 21 avril 2025 06:57