Article N° 8142
TOXOPLASMOSE INFERTILITÉ
La toxoplasmose pourrait affecter la fertilité masculine
Abderrahim Derraji - 06 juillet 2025 22:08Longtemps connu pour ses risques chez la femme enceinte, le parasite Toxoplasma gondii pourrait aussi jouer un rôle dans l’infertilité masculine. Une étude internationale, récemment publiée dans le FEBS Journal, relance le débat en montrant que ce micro-organisme, transmis principalement par les chats, pourrait altérer la qualité du sperme humain.
Les chercheurs, originaires d’Allemagne, d’Uruguay et du Chili, ont d’abord observé que le parasite atteignait rapidement les testicules et l’épididyme chez des souris mâles, deux jours seulement après infection. L’épididyme étant l’endroit où les spermatozoïdes terminent leur maturation. Cette localisation soulève des questions majeures quant à ses conséquences sur la fertilité.
Les chercheurs ont ensuite mis le parasite en contact direct avec du sperme humain. Le résultat est alarmant : en seulement cinq minutes, 22,4 % des spermatozoïdes avaient perdu leur tête, rendant ces cellules sexuelles non viables. Ce taux continuait d’augmenter avec le temps. Pire encore, même les spermatozoïdes ayant conservé leur tête
montraient des altérations, comme des malformations ou de microperforations, signes que le parasite tentait d’y pénétrer.
Selon les chercheurs, c’est la première fois qu’une telle interaction directe et destructrice entre le parasite et le sperme humain est démontrée. Ces dégâts pourraient ainsi contribuer, au moins partiellement, à la baisse de la fertilité observée chez les hommes.
Dans un article complémentaire publié dans The Conversation, le microbiologiste américain Bill Sullivan rappelle que Toxoplasma gondii peut également provoquer une inflammation chronique, néfaste à la production de spermatozoïdes.
Cependant, les scientifiques restent prudents : la toxoplasmose ne serait qu’un facteur parmi d’autres dans la baisse de fertilité masculine qu’on observe de plus en plus. Le mode de vie sédentaire, l’alimentation ou la pollution jouent aussi un rôle dans cette infertilité. Les taux de toxoplasmose n’ont pas nécessairement augmenté dans les pays développés, contrairement à l’infertilité.
En conclusion, les auteurs suggèrent d’inclure le dépistage de la toxoplasmose dans les bilans d’infertilité masculine. Par précaution, les règles d’hygiène habituelles restent de mise : bien cuire la viande, laver fruits et légumes, et manipuler les litières de chat avec prudence.
Source : febs.onlinelibrary.wiley.com