Article N° 7272

COLCHICINE

Colchicine et Covid-19 : on nous aurait menti !

Abderrahim Derraji - 09 janvier 2022 22:19

Il y a à peine un an, le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’Institut de cardiologie au Québec, a déclaré, lors d’un point de presse, que la colchicine est efficace dans la prise en charge de la Covid-19 et permet de prévenir les complications de cette maladie. Cette molécule serait, d’après ce cardiologue, «le premier médicament oral dont l’efficacité a été démontrée pour traiter des patients avant leur admission à l’hôpital».

Entre temps, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), qui a la charge d’évaluer les bénéfices des médicaments au Québec, est intervenu à deux reprises pour déconseiller le recours à la colchicine. La revue scientifique «The Lancet» a publié, au mois d’octobre dernier, les résultats définitifs d’une étude britannique d’envergure qui a conclu à l’inefficacité de cette molécule dans le traitement de la Covid-19, et même les résultats définitifs de l’étude de l’Institut de cardiologie avaient conclu qu’ils n’étaient pas significatifs.

Depuis, le Dr Tardif et les chercheurs faisant partie des comités scientifiques qui chapeautaient l’étude sur la colchicine se sont tus.

En janvier 2021, la publication des résultats préliminaires des essais cliniques financés à hauteur de 5 millions de dollars par le gouvernement québécois laissait croire à une «réussite éclatante» et une «découverte scientifique majeure». Mais, dès le mois de mai 2021, la publication des résultats définitifs de cette même étude dans la revue «The Lancet», mais cette fois révisés par un groupe de scientifiques externes n’a pas confirmé le résultat annoncé initialement par le Dr Jean-Claude Tardif.

«Le domaine de la recherche est devenu très compétitif et chacun essaie d’être le premier à faire une découverte. Donc, chacun veut marquer son territoire. Ça devient une question de marketing», a indiqué le professeur Joe Schwarcz qui dirige l’Organisation pour la science et la société, attachée à l’Université McGill.

L’approche du Dr Jean-Claude et de l’Institut de cardiologie a fait l’objet de critiques par de nombreux experts comme le Dr Marquis qui déplore cette façon d’exagérer des résultats en raison des attentes qu’elle peut créer, surtout dans un contexte de pandémie. 

Source : https://www.journaldemontreal.com