Article N° 5292

MÉLANOME

Mélanome : le mécanisme de diffusion révélé

Imounachen Zitouni - 01 septembre 2016 05:14

Dans une étude publiée par la revue Nature Cell Biology, des chercheurs israéliens ont mis en lumière un mécanisme biologique qui permet à la tumeur, dans le cas d’un mélanome, de coloniser l'organisme à partir d'une lésion superficielle située sur l'épiderme.

«Notre découverte ouvre la voie à de futurs traitements susceptibles de bloquer le processus de formation des métastases», espère le Dr Carmit Levy, auteur principal de ce travail mené avec le Centre de recherche sur le cancer de Heidelberg, en Allemagne.

La tumeur naît dans les mélanocytes, les cellules qui apportent à l'épiderme des pigments lui offrant une ombrelle protectrice. Le mélanome se présente ainsi généralement sous la forme d'une tache sombre (brune ou noire), aux bords irréguliers, ou apparaît sur un grain de beauté dont l'aspect se modifie. Après une extension à la surface de la peau, la lésion commence son développement en profondeur et s'enfonce dans le derme. C'est à ce moment que les cellules cancéreuses peuvent entrer en contact avec des vaisseaux sanguins et lymphatiques, qui leur ouvrent la route vers d'autres parties du organes. «Le danger du mélanome ne réside pas dans la tumeur superficielle initiale, mais dans ses métastases - qui colonisent des organes vitaux tels que le cerveau, les poumons, le foie et les os», explique le Dr Levy.

En examinant des tissus prélevés sur des patients atteints de mélanome, la chercheuse et son équipe sont parvenus à identifier le mécanisme favorisant la prolifération de la tumeur. Ils ont découvert qu'avant même de franchir lui-même la barrière du derme le cancer envoie de minuscules vésicules contenant des molécules de micro-RNA. Ces émissaires vont «préparer le terrain» et rendre possible l'invasion. Selon le Pr Caroline Robert, chef du service de dermatologie de l'Institut Gustave-Roussy, l'étude, très innovante, «nous éclaire sur la manière dont le mélanome communique avec son environnement, et ce à un stade très précoce de son développement».

«Elle offre une perspective thérapeutique, ajoute le médecin. On peut imaginer qu'en identifiant la molécule à l'origine de ce dialogue on pourra empêcher le cancer de gagner le derme.»

À l'heure actuelle, le traitement le plus efficace reste la suppression chirurgicale du mélanome avant qu'il n'ait eu le temps de s'implanter en profondeur. Une stratégie qui repose sur un dépistage précoce grâce à une surveillance régulière de la peau.

Source : sante.lefigaro.fr