Article N° 7885

CONTREFAÇON

Les médicaments contrefaits continuent de faucher des vies en Afrique !

Abderrahim DERRAJI - 11 août 2024 22:18
D’après une étude publiée récemment dans la revue «Journal of Pharmaceutical Policy and Practice» et relayée par le quotidien britannique «The Guardian»(1), environ 1.600 échantillons de médicaments sur 7.500 ne satisfont pas aux normes de qualité. Cette revue de littérature a porté sur 27 études publiées entre avril 2014 et mars 2024. Les chercheurs des Universités éthiopiennes de Bahir Dar et de Gondar qui sont l’origine de ces travaux soulèvent la problématique des médicaments contrefaits en Afrique et ses conséquences dramatiques.
 
En effet, des centaines de milliers de vies sont en jeu. «Si les patients sont soignés avec ce type de médicaments, cela peut provoquer l'échec du traitement ou des décès évitables», souligne Claudia Martínez, directrice de recherche à la Fondation pour l'accès à la médecine, une ONG basée aux Pays-Bas. Les antibiotiques de mauvaise qualité et contribue à une augmentation de la résistance aux antimicrobiens. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les médicaments contrefaits et de mauvaise qualité entraînent la mort d’environ 500.000 personnes en Afrique subsaharienne chaque année.
 
Le Malawi apparaît comme le pays le plus touché par cette crise. Selon l'étude des chercheurs éthiopiens, il présente la proportion la plus élevée de médicaments contrefaits ou de mauvaise qualité sur le continent africain. Par ailleurs, un porte-parole de l'OMS confirme que les antibiotiques et les traitements contre le paludisme sont les deux types de médicaments les plus fréquemment contrefaits en Afrique.
 
On peut se demander pourquoi les patients africains sont particulièrement exposés à ce problème. Claudia Martínez avance plusieurs raisons, à commencer par la complexité et l'inefficacité des chaînes d'approvisionnement pour les médicaments dans les pays à faible revenu. «Beaucoup de pays éprouvent de grandes difficultés à se procurer les médicaments à temps et à contrôler la qualité des produits se retrouvant sur le marché», ajoute-t-elle. Cette situation, aggravée par le rôle de multiples intermédiaires dans la distribution des médicaments, rend le contrôle et la régulation encore plus difficiles.
 
Les pays africains ne peuvent faire l’économie d’un renforcement des chaînes d'approvisionnement à travers tout le continent. Cela passe par l'amélioration des infrastructures, une meilleure logistique et la mise en place de systèmes de surveillance et de contrôle de la qualité plus rigoureux. Les compagnies pharmaceutiques ont également un rôle primordial à jouer. Elles doivent signaler plus rapidement les médicaments nocifs aux autorités sanitaires nationales et à l'OMS, et contribuer au renforcement des capacités de contrôle.
 
Pour conclure, l'ampleur de cette crise et le risque qu’elle fait peser sur les malades en Afrique nécessitent une réponse concertée et urgente. Les gouvernements, les régulateurs, les organisations internationales et les entreprises pharmaceutiques doivent unir leurs efforts pour trouver les solutions les plus 
appropriées afin de protéger la vie de millions de patients africains. Il en va de notre responsabilité collective de garantir que chaque patient ait accès à des médicaments sûrs et efficaces.
 
1 : https://www.theguardian.com/world/article/2024/aug/04/fifth-of-medicines-africa-substandard-fake-research

Source : PharmaNEWS