Article N° 7623

MICROBIOTE

Microbiote et maladie inflammatoire

Abderrahim Derraji - 25 juin 2023 23:00

Le laboratoire Iberma a organisé le mardi 20 juin une table ronde à Casablanca sur le thème «Microbiote et impact sur la pathologie inflammatoire».

 


Cette table ronde animée par le Pr Hassan El Kabli, chef du Service de médecine interne au CHU Ibnou Rochd à Casablanca, a permis de mieux connaître le microbiote et son éventuel apport dans la prise en charge de certaines maladies, notamment inflammatoires.

Le microbiote se compose de l’ensemble des micro-organismes qui vivent au niveau de la peau, de la bouche, du vagin, des poumons, etc. Le microbiote intestinal est le plus riche d’entre eux puisqu’il abrite 1012 à 1014 micro-organismes. Il est principalement localisé dans l’intestin grêle et dans le côlon. L’acidité gastrique n’étant pas favorable à la présence de la plupart des micro-organismes, l’estomac héberge, de ce fait, 100 millions de fois moins de bactéries commensales que le côlon.

Le Pr Hassan El Kabli a également passé en revue les facteurs qui influencent le macrobiote, particulièrement les antimicrobiens et l’alimentation.

Le microbiote est impliqué dans la genèse des MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) qui regroupent la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH)).



Un grand nombre de travaux sont actuellement en cours pour mieux cerner l’implication du microbiote dans de nombreuses maladies.

C’est ainsi que des chercheurs étudient l’impact de la dérégulation de «l’axe microbiote-intestin-cerveau» comme faisant partie des mécanismes contribuant à l’apparition de certaines pathologies notamment la maladie d’Alzheimer, l'autisme, la maladie de Parkinson, les lésions cérébrales, les accidents vasculaires cérébraux, etc.

Une alimentation déséquilibrée est également associée à un dérèglement du microbiote intestinal qui favorise les maladies métaboliques comme le diabète. Des chercheurs ont montré que des changements dans la composition du microbiote intestinal entraînent une augmentation la concentration sérique du propionate d’imidazole, au sein d’une large cohorte européenne. Cette molécule rend les cellules de l’organisme résistantes à l’insuline et augmente le risque de diabète de type2.

Des chercheurs anglais se sont intéressés à la polyarthrite et étudient la possibilité de la soigner en intervenant au niveau du microbiote qui semble jouer un rôle dans son apparition.

Le microbiote pourrait également jouer un rôle dans la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis et le lupus érythémateux disséminé.

Le Pr El Kabli a conclu sa présentation en indiquant que le microbiote fait émerger un lien important entre son dysfonctionnement et l’apparition de l’inflammation qui accompagne les maladies inflammatoires. Les mécanismes physiopathologiques impliqueraient un mimétisme moléculaire chez des individus génétiquement prédisposés à ces maladies.

Il a également mis en avant le rôle pathogénique important pouvant être joué par Prevotella copri dans la polyarthrite rhumatoïde. Ce rôle pourrait être mis à contribution pour la mise au point de nouveaux outils de diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde.

Le microbiote est loin d'avoir livré tous ses secrets et eu égard à l’intérêt qu’il suscite auprès des chercheurs, il est fort à parier qu’il sera mis à contribution pour prendre en charge certaines maladies dont les traitements actuels ont montré leurs limites.

Des probiotiques adaptés aux microbiotes de chaque sujet, la transplantation fécale et le recours des gélules de microbiote s’annoncent comme des pistes thérapeutiques très intéressantes.

Source : PharmaNews 693