Article N° 7492

FAKE NEWS

Information médicale : Peut-on éradiquer les fake news ?

Abderrahim Derraji - 06 novembre 2022 21:09

L’ère où la télévision, la radio et les supports écrits régnaient en maître sur le paysage audio-visuel (PAV) est bel et bien révolue. Aujourd’hui, un large pan de la population s’informe à travers les réseaux sociaux et les sites Internet. La facilité de diffusion de contenus et l’accessibilité au matériel permettent aujourd’hui à chaque internaute de contribuer à l’enrichissement de la Toile. Rien que sur YouTube, 500 heures de contenu sont mises en ligne [1] et plus de 2 milliards de personnes consultent cette plateforme tous les mois, soit 1/3 des internautes. Ce foisonnement de contenus pose cependant un réel problème de régulation.

La modération des réseaux sociaux fait appel à l’intelligence artificielle (IA) qui détecte les contenus numériques ne respectant pas les normes de la marque et les lignes directrices de la communauté. Malheureusement, l’IA peine à suivre la cadence des nouveaux types de contenus qui ont tendance à émerger de plus en plus.

Le défaut de modération ou son insuffisance ont permis à des internautes n’ayant rien à voir avec le domaine médical de diffuser des vidéos truffés d’inexactitudes. Ces inexactitudes peuvent s’expliquer, soit par une méconnaissance des sujets traités ou par une volonté de manifester son opposition par rapport aux décisions prises par les donneurs d’ordres.

Durant la pandémie Covid-19, la problématique de la modération du contenu de la Toile a constitué un frein à la mise en place des stratégies adoptées par les différentes nations pour faire face à la pire pandémie qu’a connue l’humanité. À titre d’exemple, la vaccination a été contestée par certains Youtubeurs qui ont inondé la Toile de vidéos remettant en question sa pertinence. Ces activistes ont largement profité des cafouillages qui avaient prévalu au début de la pandémie.

Contrecarrer les vidéos «nuisibles» n’est pas une mince affaire, d'autant plus qu'à chaque fois qu’un internaute est bloqué des dizaines d’autres reprennent la diffusion de ces vidéos. Cela a poussé YouTube à envisager de certifier les comptes des médecins et autres spécialistes du secteur. Dorénavant, seules les vidéos dont le contenu est «fiable» seront autorisées par YouTube.

Cette décision, qui est devenue effective le jeudi 27 octobre, permet selon YouTube de bannir toute diffusion de vidéos suspectes traitant des thèmes autour de la santé, ou du moins limiterait toute forme de désinformation sur sa plateforme.

En pratique, les professionnels de santé qui souhaiteraient partager des vidéos sur YouTube vont devoir montrer patte blanche et présenter leurs diplômes pour s’authentifier.

Selon Garth Graham, un responsable de cette plateforme, les internautes pourront repérer aisément les contenus de qualité traitant des sujets en relation avec la santé.

On peut se poser la question : est-ce que cette initiative contribuera à mettre fin aux fake news ? Rien n’est moins sûr !

Certes, grâce à l’authentification mise en place par YouTube, on pourra savoir si l’auteur de la vidéo est médecin ou pas, mais ça s’arrête là puisqu’il est très difficile de dire si un expert a «raison» ou pas, sachant que les grands spécialistes ont souvent des avis qui divergent, ce qui est tout à fait normal.

Il est certain que l’IA peut nous aider à trier le bon grain de l’ivraie, mais sans l’intervention d’experts plaçant l’intérêt du citoyen au-dessus de toutes les considérations, cette modération ne peut être qu’orientée.

On est également en droit de nous poser des questions au sujet du rôle pouvant être joué par les États dans la modération du contenu de la Toile : ont-ils un quelconque rôle à jouer ou est-ce que c’est la chasse gardée des mastodontes de la Siliconne Valey ?
[1]  https://blog.youtube/press/

Source : PharmaNews