Le laboratoire américain Moderna vient d’entamer une bataille judiciaire contre Pfizer et BioNTech. Il accuse ces derniers d'avoir enfreint deux brevets sur des technologies essentielles à son vaccin anti-Covid à ARN messager. Selon un communiqué du 26 août 2022, Moderna a déposé plainte à la fois dans l'État du Massachusetts et à Düsseldorf. Ce laboratoire ne demande pas le retrait du vaccin de Pfizer du marché, mais plutôt des compensations financières. Les enjeux économiques sont colossaux. Pfizer prévoit une recette de 32 milliards de dollars en 2022. Par ce procès, Moderna souhaite garder le contrôle de cette technologie qui peut servir dans d’autres contextes. Moderna a fait part de son intention de recourir à cette technologie pour mettre au point des vaccins contre la grippe et le VIH. Il ne compte pas en rester là puisqu’il s’intéresse également aux traitements des maladies auto-immunes et cardiovasculaires ainsi que les cancers. De leur côté, Pfizer et BioNtech ont indiqué que leur vaccin Comirnaty® est le fruit de leurs propres recherches. Ils se sont également dits surpris par la plainte de Moderna.  

Moderna a publié lundi dernier les résultats d’études cliniques de son vaccin anti-Covid menées chez les enfants âgés de 6 à 11 ans. Il s’agit d’essais cliniques de phase 2/3 qui ont porté sur 4.753 enfants ayant reçu une demi-dose de SPIKEVAX - COVID-19 Vaccine Moderna. D’après ce laboratoire, la réponse immunitaire, un mois après l’administration de la deuxième dose, est forte avec un taux d’anticorps que ce laboratoire a qualifié de «robuste». Le vaccin a été généralement bien toléré et les effets secondaires les plus signalés sont : la fatigue, maux de tête, fièvre et douleur au point d'injection du vaccin. Ce laboratoire a indiqué, par ailleurs, que les enfants ayant participé aux essais cliniques feront l’objet d’une surveillance durant une année. Les résultats de ces essais cliniques vont être prochainement soumis aux différentes agences de régulation afin d'obtenir leur feu vert avant de pouvoir utiliser ce vaccin chez les 6-11 ans. Le laboratoire a également indiqué qu’il mène actuellement d’autres essais cliniques chez les enfants âgés de 6 mois à 5 ans.

La Haute autorité de la santé (HAS-France) qui recommande l’utilisation du vaccin Pfizer-BioNtech (Comirnaty®) comme 3ème dose chez les populations cibles, préconise de surseoir à l’utilisation de Spikevax® de Moderna en attendant que l’Agence Européenne des médicaments (EMA) se prononce à son sujet. La campagne «3ème dose» cible en France les personnes âgées de plus de 65 ans, les immunodéprimés et leurs proches, les sujets à risque, notamment les obèses et les diabétiques. Le personnel soignant est également ciblé par cette campagne.  Faut-il le rappeler, la HAS s’est déjà prononcée au sujet des vaccins anti-Covid de rappel le 6 octobre 2021. Dans son avis, elle a préconisé l’utilisation du vaccin Pfizer-BioNTech mais n’a pas pour autant recommandé le recours au vaccin de Moderna, vaccin qui n’a toujours pas obtenu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe pour l’indication 3ème dose de rappel. La faible circulation du Sars-CoV-2 et l’étude entamée par l’EMA en vue de définir la population-cible et la quantité à administrer (Une dose ou une demi dose) explique la prudence adoptée par la HAS. Les décisions prises par les pays scandinaves qui ne vaccinent plus leurs jeunes par Spikevax® pourraient expliquer en partie la position de cette autorité sanitaire surtout que l’Islande est allée plus loin. Celle-ci n’utilise plus ce vaccin même chez l’adulte en raison d'études qui suggèrent un risque accru de cas de myocardites et de péricardites liées à ce vaccin. Cette décision contraste en partie avec la décision prise par les autorités sanitaires aux États-Unis.  En effet, un comité d’experts vient de recommander cette semaine une dose de rappel par le vaccin Spikevax® pour certaines catégories de populations. Ce même comité a pris le mois dernier une décision similaire concernant le vaccin Comirnaty®.