Article N° 7273

Vaccination

Attention : la variole peut revenir !

Abderrahim Derraji - 09 janvier 2022 22:24

Par une capsule qu’il a mise en ligne sur sa chaîne YouTube1, l’historien Laurent Turcot2 a rappelé aux internautes les conséquences de la défiance de la population vis-à-vis du vaccin antivariolique qui a été à l’origine de l’épidémie de la variole qui a sévi au Québec au XIXe siècle.

En mars 1885, la variole s’est répandue en grande partie en raison de la réticence de la population, essentiellement francophone, vis-à-vis de la vaccination qu’elle considérait comme étant inutile et dangereuse. 

En effet, dès les années 1860, l’utilité du vaccin antivariolique a été remise en question. Les Québécois refusaient de «souiller leurs enfants avec les bactéries contenues dans le vaccin» et les exposer à ses effets secondaires. 

Les communautés religieuses n’étaient pas non plus favorables à la vaccination et considéraient la résurgence de cette épidémie comme une punition divine après les débordements festifs du Carnaval. Les autorités religieuses n’aimaient pas non plus ce «triomphe du laïcisme» et travaillaient de pair avec les anti-vaccins pour effrayer la population.

Certains médecins, qui croyaient que le fait d’injecter le virus rendait malade, ou que la vaccination n’avait pas encore fait ses preuves, avaient également contribué à exacerber la résistance à la vaccination ! En revanche, les patients recouraient à des remèdes douteux dont la promotion était largement assurée par la presse de l’époque.

Devant l’aggravation de la situation sanitaire, les employeurs demandaient à leurs salariés de se faire vacciner sous peine d’être congédiés, et les citoyens qui refusaient de se conformer aux mesures sanitaires imposées par la Ville s’exposaient à des amendes, voire des peines d’emprisonnement. Les autorités avaient même fait appel aux policiers pour isoler les malades et vacciner les sujets non contaminés. Ces mesures avaient provoqué la colère des Québécois. D’après l’historien Laurent Turcot, des émeutiers avaient mis le feu le 28 septembre 1885 au Bureau de santé du faubourg et ils se sont dirigés vers l’Hôtel de Ville où les vitres n’avaient pas tardé à voler en éclats.

L’épidémie de 1885 a été la plus importante de l’histoire du Québec. Environ 20.000 personnes avaient été affectées par la variole. Quelque 13.000 malades ont été défigurées et 5.864 n’avaient pas survécu à cette affection, dont plus de 3.100 rien qu’à Montréal. Cette épidémie est considérée comme la dernière apparition non maîtrisée de la variole dans une ville moderne, sachant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a annoncé son éradication définitive qu’en 1979.

On ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre cette épidémie et la pandémie actuelle. Comme pour la variole, nous disposons de vaccins même si leur efficacité ne dure pas dans le temps. Nous disposons également, et depuis peu, de médicaments réellement efficaces, mais dont l’accessibilité peut poser problème.

Pour faire face aux anciens et nouveaux variants, la majorité des États mise sur les campagnes de vaccination pour limiter les formes graves de la maladie et la saturation des structures de soins. Mais en même temps, dans la plupart des pays, un pourcentage plus au moins important de citoyens refuse de se faire vacciner. Cette minorité peut être sous l’influence de certains «experts», politiciens ou influenceurs du web qui font généralement du complotisme leur fonds de commerce.

In fine, même si on ne sait pas de quoi demain sera fait, on ne peut pas continuer à nier que de nombreuses études ont révélé que la vaccination anti-Covid-19 permet d’éviter les formes graves de la maladie, comme on ne peut pas non plus nier qu’un grand nombre de sujets non vaccinés est actuellement entre la vie et la mort. Malheureusement, leur état ne semble guère émouvoir les «prédicateurs» qui les ont convaincus de ne pas se faire vacciner. 

  1. https://www.youtube.com/watch?v=DVMY0fqMeH0&t=72s
  2. https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/genw050r.page_perso?owa_no_personne=514740&owa_aff_rep_experts=O&owa_mot_cle=turcot

Source : PharmaNews