Pharmacie d’officine : vers la fin d’un modèle fragilisé
La pharmacie d'officine, pilier historique de la santé de proximité, traverse aujourd'hui une période critique marquée par une nécessité de transformation profonde. Le récent rapport de l'Académie nationale de pharmacie, intitulé «La mutation du métier de pharmacien d'officine : de dispensateur de produits de santé à acteur de services», met en lumière les défis majeurs auxquels la profession est confrontée en France. Baisse des marges sur les médicaments, concurrence accrue de la distribution en ligne, évolution des attentes des patients : les pharmaciens d’officine ne peuvent faire l’économie de repenser leur modèle pour assurer la pérennité de leur profession.
L'une des difficultés principales réside dans la dépendance historique de la pharmacie aux revenus issus de la vente de médicaments, un modèle aujourd'hui fragile. Pour surmonter ces obstacles, le rapport préconise un repositionnement stratégique de la pharmacie vers une offre élargie de services de santé. Ainsi, les pharmaciens sont appelés à jouer un rôle accru dans la prévention, le dépistage, et le suivi des patients chroniques, en devenant de véritables acteurs de santé publique. Cette transition vers des services de santé leur permettrait de renforcer leur impact sur le parcours de soins tout en diversifiant leurs sources de revenus.
Pour que cette évolution réussisse, un soutien institutionnel est indispensable. Cela pourrait inclure une rémunération spécifique pour ces nouveaux services par les caisses d’assurance maladie, des formations continues pour accompagner le développement de nouvelles compétences, ainsi que des incitations à adopter des solutions numériques. La télémédecine, par exemple, pourrait être intégrée dans les pharmacies pour faciliter l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales et sous-médicalisées.
De plus, il est essentiel de sensibiliser le grand public au rôle élargi des pharmaciens d’officine, qui se positionneraient en véritables centres de santé de proximité. Bien que cette mutation présente des défis, elle constitue une opportunité unique pour garantir l’avenir de la profession tout en répondant de manière durable aux besoins de santé des citoyens.
Cependant, alors que les pharmaciens en Europe et en Amérique du Nord s’efforcent de faire évoluer leur métier avec plus au moins de succès, la profession au Maroc peine à adopter les mécanismes nécessaires pour moderniser la pharmacie d’officine. Pourtant, plusieurs leviers d'action ont été identifiés pour sauver ce modèle : réduire la dépendance aux revenus des ventes de médicaments, développer de nouvelles missions valorisant les compétences des pharmaciens, et intégrer une digitalisation efficiente pour alléger les tâches administratives et optimiser les pratiques. Mais ces évolutions nécessitent des organismes professionnels efficaces et unis, une volonté politique forte et un accompagnement soutenu, notamment en termes de formation, pour que les pharmaciens puissent assumer sereinement ces nouvelles responsabilités.
Sans ce soutien, le risque est grand que le patient marocain, particulièrement dans les zones médicalement défavorisées, soit privé de l'accompagnement essentiel d’un professionnel de santé dont le rôle se renforce de plus en plus dans les pays voisins.
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