Article N° 7129

VACCINATION

Nos vaccinés sont-ils immunisés ?

Abderrahim DERRAJI - 04 juillet 2021 19:23

Le premier cas de Covid-19 diagnostiqué dans la province de Hubei à Wuhan en décembre 2019 a été à l’origine d’une pandémie et d’une vraie hécatombe notamment aux États-Unis, en Europe, en Amérique latine et en Inde. L’absence de médicaments réellement efficaces contre le Sars-CoV-2 a réveillé des craintes qu’on croyait, jusque-là, révolues.

En effet, grâce à l’arsenal de médicaments existants dont nous disposons, nous nous croyions presque «invincibles», mais le nouveau coronavirus nous a, hélas, démontré le contraire. Mais c’était sans compter avec la mobilisation des chercheurs, qui ont pu rapidement mettre au point des vaccins dont l’efficacité a redonné de l’espoir à toute l’humanité. Seulement, la capacité de production de ces vaccins ne permet pas de répondre aux besoins de toutes les nations. Certains pays riches et/ou disposant de sites de production de vaccins se sont servis en premier. Au lieu de faire jouer la solidarité et mettre à la disposition de toutes les régions du monde suffisamment de doses pour vacciner les sujets les plus fragiles, les pays ont commencé à jouer des coudes pour accaparer le maximum de doses. Seule l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné un peu d’espoir aux pays à faible revenu en mettant en place le mécanisme Covax dont l’objectif est de permettre une répartition plus équitable des doses de vaccins.

Depuis le début de la pandémie, le Sars-CoV-2 nous a donné du fil à retordre. Sa capacité à muter pour gagner en virulence et en transmissibilité nous fait craindre aujourd’hui le pire. Et même l’efficacité des vaccins présentés comme la «solution» pour sortir de la crise sanitaire est aujourd’hui remise en question. Les vaccins qui ne sont pas à ARNm sont de plus en plus présentés comme des vaccins de deuxième choix. L'Union européenne (UE), par exemple, n’a autorisé pour le moment que le vaccin de Pfizer et ceux de Moderna et Johnson & Johnson. Et ce qui semble paradoxal, c’est que l’Agence européenne du médicament reconnaît le vaccin d’AstraZeneca Vaxzeria, mais pas le Covishield qui n’est autre que la version fabriquée à moindre coût en Inde par SII (Serum India Institute) ! L’UE estime qu’il y a des différences infimes dans les conditions de fabrication pouvant entraîner des différences dans le produit final. Pour que le Covishield soit reconnu par l’UE, la législation européenne exige que les sites de fabrication et le processus de production soient évalués et approuvés dans le cadre du processus d’autorisation.

Après ces affirmations, Richard Mihigo, du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, estime que le vaccin AstraZeneca-Covishield est exactement le même vaccin AstraZeneca-Vaxzevria et déplore l’attitude de l’UE. Et dans une déclaration conjointe, l’Union africaine (UA) et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ont déclaré que ces règles mettaient «en péril le traitement équitable» des personnes vaccinées en Afrique.

Le Maroc, qui a remué ciel et terre pour avoir les doses de vaccin qui lui ont permis de mettre sur pied un programme de vaccination exemplaire, peut être affecté par une telle décision. D’une part, celle-ci va compliquer les déplacements des Marocains en Europe et, d’autre part, elle est de nature à semer le doute dans l’esprit des sujets vaccinés et ceux qui ne le sont pas encore.

Devant ce brouhaha, le Royaume, qui a vacciné presque 10 millions de personnes, doit «faire parler les chiffres». La quantité de données collectées jusqu’à maintenant devrait permettre de cerner avec exactitude l’innocuité des vaccins utilisés, ainsi que leur degré d’efficacité y compris contre les variants. C’est le seul moyen de rassurer les personnes vaccinées et ceux qui souhaitent le faire. Quant aux difficultés qui attendent les Marocains qui sont contraints de se déplacer à l’étranger, elles ne datent malheureusement pas d'aujourd’hui. Les conditions imposées pour l’obtention des visas et les difficultés que rencontrent les Marocains pour avoir un rendez-vous pour déposer un dossier de visa rendent déjà tout déplacement vers certains pays quasi impossible !

Source : PHARMANEWS