Article N° 6831

HYDROXYCHLOROQUINE

L’hydroxychloroquine peut prévenir les accidents de trottinette ?

Abderrahim DERRAJI - 06 septembre 2020 19:48

Pas une semaine ne passe sans qu’il n’y ait de nouvelles publications vantant les mérites de l’hydroxychloroquine (HCQ) dans la prise en charge des patients affectés par le nouveau coronavirus, ou démontrant son inefficacité, voire sa toxicité cardiaque chez les malades traités.

Or, il ne s’agit pas de n’importe quel médicament ! Certains pays comme le Maroc l’ont adopté dans leurs protocoles de prise en charge des patients Covid-19+.

Ces études et les interprétations qui en sont faites ont divisé les professionnels de santé en deux clans : les pro-HCQ et les anti-HCQ. Elles ont aussi semé le flou dans l’esprit de la population qui a tendance à rallier les pro-HCQ, d’autant plus que les adeptes des théories du complot les opposent aux «Big pharma».

Le climat apaisé qui aurait dû prévaloir pour évaluer en toute sérénité l’apport de cette molécule dans la prise en charge des Covid-19+ a fait place à un débat passionnel où les évidences scientifiques ont de moins en moins droit de cité.

Il faut dire aussi que certains articles publiés par des revues de renommée ont créé un climat délétère qui a aggravé la situation, à l’exemple de l’étude publiée dans «The Lancet» le 22 mai dernier. Les auteurs de cette publication, qui a été présentée comme étant la plus grande étude jamais menée au sujet de l’HCQ, ont conclu que «La prise d’hydroxychloroquine et de chloroquine augmenterait le risque d’arythmie cardiaque et de décès.»

L’annonce des résultats de cette étude ont provoqué un vrai séisme. Par mesure de précaution, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de suspendre provisoirement les essais cliniques concernant l’HCQ. On a ensuite assisté à un vrai coup de théâtre. Trois des quatre auteurs de la publication décriée ont demandé, le 4 juin, la rétractation de l'article en question !

Suite à l’indignation suscitée par la publication du «Lancet», l'OMS a finalement fait un pas en arrière en annonçant la reprise des essais cliniques avec l'HCQ. Selon le «New England Journal of Medicine» (NEJM), qui avait publié l’étude «Lien entre la mortalité due au Covid-19 et les maladies cardiaques», a fini par procéder à la rétractation de ces travaux.

À côté de ces revues prestigieuses, on trouve certaines revues payantes qui publient à tour de bras des articles sans qu’une vraie relecture par un comité scientifique ne soit assurée.

Récemment, la revue «Asian Journal of Medicine and Health» est tombée dans un «traquenard». Des chercheurs sont arrivés à lui faire publier un article loufoque intitulée  «Contrairement aux attentes, Sars-CoV-2 plus létal que les trottinettes : est-ce que l'hydroxychloroquine pourrait être la seule solution??»

Ce texte, publié le 15 août et retiré ensuite du site de la revue, comporte des absurdités, avec des références médicales comme les magazines «Picsou» et «Pomme d'Api». Quant aux auteurs, on en trouve de tout, ça va de Nemo Macron (le chien du président français) à Otter F. Hantome (auteur fantôme), en passant par Sylvano Trottinetta et Manis Javanica (nom scientifique du pangolin).

Ces deux exemples et tant d’autres devraient nous interpeller dans une période de tumulte où on a plus que jamais besoin d’informations crédibles et fiables au sujet des traitements pouvant nous aider à endiguer cette  pandémie.

Des vaccins contre le Sars-CoV-2 vont bientôt être mis à la disposition des malades dans les prochains mois. Malheureusement, et avant même d'évaluer leur  rapport bénéfice/risque, les anti-vaccins ont commencé à distiller des informations dont la finalité est de semer le doute dans l'esprit des personnes qui peuvent être tentées par le vaccin anti-Covid-19. Quant-aux motifs, ils importent peu. On peut utiliser des anciens qui ont fait «leurs preuves», ou en fabriquer au fur et à mesure et «plus c’est gros, plus ça passe !». Bien évidemment, la critique est aisée et les réseaux sociaux sont là pour relayer l’information, ou plutôt la désinformation !

Source : PHARMANEWS