Article N° 6672

Covid-19

Et si on pensait d’abord au patient ?

Abderrahim DERRAJI - 29 mars 2020 19:28

La semaine dernière a connu une certaine accalmie chez les pharmaciens d’officine. Les patients qui craignaient, à tort, la fermeture des officines qu’ils ont dévalisées une semaine auparavant ont finalement retrouvé leur sérénité.

La crainte de voir l’approvisionnement du marché marocain en médicaments perturbé a tendance à s’estomper. Par contre, quelques produits essentiels n’étaient pas disponibles sur le marché la semaine dernière. Les pharmaciens ont également constaté l’absence de certains génériques ce qui pose des problèmes aux patients.

Ce genre de rupture ne date pas d’aujourd’hui puisqu’il existait bien avant la crise sanitaire. Par contre, ce qui n’est pas normal, c’est que malgré le confinement adopté au Royaume, le patient doit faire le tour des pharmacies à la recherche d’un produit manquant alors que des alternatives thérapeutiques sont, bel et bien, disponibles sur le marché marocain.

Cette situation peut être facilement reléguée aux oubliettes pour peu qu’on autorise les pharmaciens à remplacer un médicament par un autre ayant la même composition, le même dosage et la même présentation galénique, sachant que le prix ne pose plus de problèmes. En effet, depuis l’adoption d’un nouveau mode de fixation des prix des médicaments, l’écart de prix entre le princeps et ses génériques s’est réduit pour les molécules les plus couramment utilisées. On pourrait aussi exclure de cette dérogation tous les médicaments ayant une fenêtre thérapeutique étroite, comme on peut limiter cette dérogation dans le temps.   

Pour mieux répondre aux attentes des patients durant cette période compliquée, les pharmaciens, qui sont au front, ont tout d’abord réaménagé leurs pharmacies pour garantir la distanciation recommandée. Ils ont ensuite changé d’horaires pour s’adapter au confinement et surtout pour éviter aux patients de s’agglutiner dans un nombre réduit de pharmacies de garde. Et pour finir, ils ont consenti un effort supplémentaire pour achalander leurs pharmacies et garantir un approvisionnement normal du marché. Seul bémol, sans masques et sans gel hydro-alcoolique, les pharmaciens ne peuvent pas garantir la sécurité de leurs équipes et celle des malades.

Aussi, et pour ne pas gâcher les efforts consentis par le corps médical et tous les autres intervenants pour contenir la pandémie au Covid-19, on doit rapidement garantir l’approvisionnement en masques et en gel hydro-alcoolique pour les pharmaciens et leurs collaborateurs. Faute de quoi, on risque de faire prendre au million de patients qui franchit quotidiennement le seuil des pharmacies un risque dont on peut se passer en ces moments difficiles.

Source : PHARMANEWS