L’épidémie du Covid-19 a mis à nu les limites de la mondialisation qui a abouti à une dépendance de tous les pays vis-à-vis des matières premières produites en Asie. Or, sans ces matières premières, le risque d’une pénurie en médicaments n’est pas à exclure surtout si la crise liée au SARS-CoV2  perdure.

D’après l'Académie française de pharmacie, 80% des principes actifs consommés en Europe proviennent de Chine, d’Inde et d’Asie du Sud-Est.

Dans une déclaration à RFI de Nathalie Coutinet, enseignante-chercheuse à l'Université Sorbonne-Paris Nord, «les États-Unis ont déjà signalé une pénurie liée à l'arrêt de production en Chine en raison de ce virus. En général, on considère que les pays où les médicaments sont les plus chers sont moins touchés. Mais, on voit là que ce n'est pas le cas parce que les médicaments sont beaucoup plus chers aux États-Unis que partout ailleurs.»

Pour l'instant, il n’ y a pas encore de pénurie recensée par l'Agence européenne du médicament (EMA).  Les stocks de sécurité imposés aux industriels expliquent le maintien d’un approvisionnement normal du marché. La reprise graduelle de l’activité en Chine est également de nature à rassurer les pays qui en dépendent.

Nathalie Coutinet estime par ailleurs, que «depuis dix ans, les ruptures en France ont été multipliées par dix. C'est un phénomène qui va croissant et qui est lié au fait que les entreprises ont de plus en plus délocalisé. Ce n'est pas la seule raison. Une autre raison souvent invoquée par les firmes, c'est l'augmentation de la demande mondiale en médicaments.»

Face à ces pénuries, l'Union européenne a chargé une «Task force» de surveiller et de prévenir les tensions sur le marché du médicament.

Ces pénuries peuvent aussi s’expliquer par l’incohérence des politiques de santé qui privilégient le prix à la disponibilité des médicaments. C’est ce qui pousse les industriels à chercher à réduire le coût de production en optant pour sa délocalisation.

Pour lutter contre ces pénuries et réduire la dépendance des sites de production européens vis-à-vis de l'Asie, le groupe Sanofi a pris l'initiative de créer une filiale dédiée aux principes actifs implantée en Europe. 

Source : RFI