Article N° 3321

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Effet « nocebo » : un effet trompeur identifié

Imounachen Zitouni, Docteur en pharmacie - 17 juillet 2014 17:53

Dans les essais cliniques, certains malades à qui l'on administre un placebo, persuadés de prendre une molécule active, vont déclarer des effets secondaires, c'est l'effet « nocebo ».

Dans un article sur le sujet dans la version en ligne de la revue JAMA, Ulrike Bingel, du département de neurologie de l'université d'Essen en Allemagne rappelle qu'une étude a montré que l'action d'un antalgique opioïde diminuait chez les patients s'attendant à des effets indésirables. Cette baisse d'efficacité était visualisée par l'IRM. Dans une autre étude, un antimigraineux étiqueté comme placebo perdait ses propriétés pour un certain nombre de personnes.

Les mécanismes de l'effet nocebo sont bien moins connus que celui de l'effet placebo, mais pour Ulrike Bingel, ils peuvent être à l'origine d'un arrêt prématuré des traitements et donc une moins bonne prise en charge des patients. C'est pourquoi elle propose une série de stratégies à mettre en place pour l'éviter. Elle recommande notamment d'améliorer les notices, de commencer par des doses plus faibles ou encore d'équilibrer la présentation des effets secondaires et des effets positifs attendus. Enfin, elle insiste sur le rôle primordial du médecin. «La conviction du médecin de l'intérêt d'un traitement va emporter celle du patient et l'on estime qu'elle compte pour un tiers du résultat thérapeutique», confirme au Figaro le docteur Patrick Lemoine, psychiatre. Pour l'auteur de l'article, tous les professionnels de santé (médecin, pharmacien, infirmière) doivent être conscients de leur responsabilité pour diminuer l'effet nocebo et ses conséquences.

Le prendre en compte ne va pas pour autant faire disparaître les effets indésirables des médicaments: la perte de cheveux ou les nausées liées aux chimiothérapies anticancéreuses, la fièvre induite par l'interféron ou encore le diabète provoqué par la prise au long cours de corticoïdes sont une réalité: «L'effet nocebo se nourrit des effets indésirables. Mais l'information dédramatisante au patient, l'accompagnement, l'empathie, la confiance vont diminuer cet effet nuisible. À l'inverse, l'inquiétude des soignants ou du malade et l'absence d'information augmentent les effets indésirables», explique le Pr Jean-François Bergmann, professeur de thérapeutique à l'université de Paris Diderot.

Source : http://sante.lefigaro.fr