Article N° 2886
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Eczéma : et si le staphylocoque était à l’origine de la maladie ?
Zitouni Imounachen, docteur en pharmacie - 06 novembre 2013 14:43La dermatite atopique, plus communément appelée eczéma atopique, est une maladie de peau provoquant d'importantes démangeaisons. La maladie se caractérise par l'apparition de rougeurs, de fines vésicules et de squames sur l'épiderme. Elle frappe plus particulièrement les personnes prédisposées génétiquement à développer des allergies, qui sont dites « atopiques ». Ces dernières possèdent dans leur sang une grande quantité d'immunoglobulines E (IgE), des anticorps qui participent au développement d'une inflammation. Les IgE peuvent en effet se fixer sur les mastocytes, des cellules immunitaires qui siègent au niveau de la peau et des muqueuses, et induire leur dégranulation, c'est-à-dire la libération excessive de molécules inflammatoires comme l'histamine.
Malgré les nombreuses recherches réalisées sur le sujet, l'origine de l'eczéma est encore mystérieuse. Des chercheurs de l'université du Michigan sont sur une piste intéressante. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature, incriminent la bactérie Staphylococcus aureus. Selon eux, ce pathogène produirait une toxine capable d'induire une réponse immunitaire excessive et de déclencher des poussées d'eczéma.
Les auteurs se sont rendu compte que 90 % des patients souffrant d'eczéma atopique étaient porteurs du staphylocoque doré. Par comparaison, cette bactérie est uniquement présente chez 20 à 30 % des personnes saines. Face à ce constat, les chercheurs se sont interrogés sur le lien entre le pathogène et le développement de la maladie. Ils ont alors mis en évidence une toxine, la toxine delta, capable de déclencher la dégranulation des mastocytes.
Les scientifiques ont également montré que la présence de la toxine delta entraînait des symptômes de type eczéma chez la souris. « Ces résultats mettent en lumière le lien entre la présence du staphylocoque doré sur la peau et le développement de l'eczéma chez la souris », explique Gabriel Nuñez, le directeur de l'étude. Son équipe est maintenant sur le point d'analyser plus en détail cette association chez l'Homme.
Cette étude ouvre la voie vers un tout nouveau type de traitement contre l'eczéma. Certains médecins et patients ont rapporté une diminution des symptômes de la maladie avec la prise d'antibiotiques, ce qui vient conforter les résultats. Cependant, un traitement sur le long terme par antibiothérapie semble peu raisonnable, en particulier à cause de la multirésistance du staphylocoque doré. C'est pourquoi les scientifiques envisagent plutôt la mise en place d'une stratégie pour empêcher l'action de la toxine delta, afin de limiter les risques d'inflammation sans entraîner de problème de résistance. Ils pourraient, par exemple, bloquer le récepteur de la toxine sur les mastocytes.
Source : http://www.futura-sciences.com