Article N° 2789
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Ig Nobel : cinq prix qui font "rire puis réfléchir"
Zitouni Imounachen, docteur en pharmacie - 13 septembre 2013 20:15La 23e cérémonie des "Ig Nobel" (en anglais) - prononcer "ignoble" à l'anglaise, pour le jeu de mots -s'est déroulée jeudi 12 septembre à l'université américaine de Harvard. Ces dix prix alternatifs sont décernés par l'équipe du journal Annals of Improbable Research pour distinguer des chercheurs pour leurs travaux loufoques, mais pas seulement.
Les Ig Nobel sont remis par de vrais lauréats du prix Nobel, au cours d'une cérémonie décalée organisée dans la prestigieuse université du Massachusetts (Etats-Unis). Il s'agit d'honorer "l'invention qui d'abord fait rire puis réfléchir".
Cette année, le laboratoire inter-universitaire de psychologie de Grenoble a obtenu le "Ig Nobel" de psychologie pour avoir démontré que les gens qui croient être saouls, même sans avoir bu, se voient plus séduisants. L'étude, intitulée "Beauty is in the eye of the beer holder" ("La beauté est dans les yeux du buveur de bière"), publiée en mai 2012 dans le British Journal of Psychology, avait montré que la meilleure perception de soi que l'on a lorsqu'on boit de l'alcool n'est pas due à ses effets pharmacologiques mais à un effet placebo.
"Cela peut sembler anecdotique mais ça soulève en réalité de vraies questions de recherche. Tout le monde croît que l'alcool désinhibe, augmente l'assurance. Lorsqu'on met en cause ces croyances, ça a des conséquences sur le consommateur", explique Laurent Bègue. L'étude pourrait ainsi permettre de mieux cibler les messages de prévention sur les dangers de l'alcoolisation excessive.
Dans la catégorie prix de la probabilité, des chercheurs (Grande-Bretagne, Pays-Bas et Canada) ont démontré en 2013 que plus une vache restait allongée longtemps, plus il était probable qu'elle se relève bientôt. Les auteurs de l'étude sont aussi allés plus loin en prouvant que si une vache se relève, il n'est pas facile de savoir quand elle va se recoucher.
Une étude sur les ruminants avait déjà été récompensée en 2009 pour avoir démontré que les vaches affublées d'un petit nom donnaient plus de lait que celles qui restaient anonymes.
Elles s'appellent Marguerite, Rose ou Pâquerette, et leur donner un nom est le signe de l'affection que le paysan leur porte. Mais sans le savoir, il y gagne aussi en production de lait. C'est ce qu'ont montré Catherine Douglas et Peter Rowlinson, de l'université de Newcastle, en Grande-Bretagne. L'étude a montré que le gain n'est pas négligeable puisqu'il peut atteindre près de 300 litres par an.
Quand on fait craquer ses articulations, risque-t-on de finir avec des mains rongées par l'arthrite ? Eh bien non ! C'est ce qu'a démontré un allergologue californien, passionné par cette question essentielle, qui a obtenu le "Ig Nobel" de médecine en 2009 pour son étude parue dans la revue Arthritis and Rheumatism.
C'est sa mère qui, la première, l'avait mis en garde contre le craquement de doigts. Pour lui prouver qu'elle avait tort, le mieux était encore de le tester sur soi-même. Pendant soixante ans, le docteur Donald L.Unger a fait craquer les articulations des doigts de sa main gauche au moins deux fois par jour, en ne touchant pas à celles de sa main droite afin qu'elle serve de témoin.
Il a calculé que les articulations de la main gauche ont craqué au moins 36 500 fois, pendant que celles de la droite n'ont craqué que rarement et de manière spontanée. A la fin des soixante ans, ses mains ont été comparées pour juger des signes ou non d'arthrite. Résultat de plus d'un demi-siècle d'expérience : aucun symptôme d'arthrite et pas de différence entre les deux mains.
On ne peut évoquer les Ig Nobel sans mentionner son prix spécial "pour la paix", qui a pour objectif de dénoncer une absurdité ou une injustice. Cette année l'anti-Nobel de la paix a été décerné au président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, qui a déclaré illégal d'applaudir en public.
Source : francetvinfo.fr