Article N° 2652
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Du bon usage des anti-inflammatoires
Imounachen Zitouni, Docteur en pharmacie - 01 juillet 2013 21:09Les médicaments anti-inflammmatoires non stéroïdiens ou AINS sont largement prescrits contre les douleurs aiguës ou au cours de maladies rhumatismales. Mais, comme tout médicament, elles ne sont pas sans effet secondaire. Le risque hémorragique est connu depuis longtemps. Mais, à la surprise générale, plusieurs études ont mis à jour un risque cardio-vasculaire pour certains patients ainsi traités.
Une étude publiée dans la revue The Lancet le 30 mai dernier a révélé que le diclofénac et l'ibuprofène présentent les mêmes dangers lorsqu'ils sont pris à forte dose et sur de longues périodes.
Pour mesurer précisément le risque cardiaque, les chercheurs de l'université d'Oxford ont réalisé une méta-analyse à partir de 639 essais thérapeutiques. Selon leurs calculs, la prise de coxibs, de diclofénac ou d'ibuprofène à dose maximale pendant un an augmente de 40 % le risque d'accidents cardio-vasculaires. Seul le naproxène ne présente pas de danger supplémentaire pour les vaisseaux. Mais cette molécule est réputée pour provoquer plus d'hémorragies que les autres anti-inflammatoires.
Pas de panique pour autant. Si le risque complications cardio-vasculaires existe, il demeure faible et concerne uniquement les anti-inflammatoires administrés à des doses maximales sur de longues périodes.
Prendre du diclofénac ou de l'ibuprofène pour soulager des douleurs banales et sur des périodes de quelques jours ne provoquera pas d'infarctus. «Les AINS sont des médicaments particulièrement utiles pour certaines pathologies. Ils sont, par exemple, remarquablement efficaces à doses élevées sur des périodes courtes pour lutter contre les migraines ou les coliques néphrétiques», explique le Pr Bernard Bannwarth, professeur de thérapeutique au CHU de Bordeaux. Ils sont également particulièrement indiqués chez les patients atteints de rhumatisme inflammatoire chronique comme la spondylarthrite. Mais dans ce cas, les durées d'utilisation s'allongent et, pour le spécialiste, mieux vaut opter pour le naproxène associé à un protecteur gastrique. «Nous ne devons ni nier la toxicité de ces médicaments ni leur intérêt. Mais nous devons les utiliser au mieux et à la bonne posologie», insiste le rhumatologue.
Si la prudence est de mise avec l'ensemble des anti-inflammatoires non stéroïdiens, le diclofénac mérite une attention toute particulière. Il y a quelques jours, l'agence européenne du médicament (EMA) a recommandé d'éviter sa prescription chez les personnes présentant une pathologie cardiaque ou circulatoire, un antécédent d'infarctus ou d'attaque cérébrale. La prescription en cas de facteurs de risque cardio-vasculaire: hypertension, diabète, hypercholestérolémie, tabagisme, devra aussi faire l'objet de précautions.
Source : Le Figaro