Article N° 2647
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Les prémices de la schizophrénie décelées par l'imagerie
Imounachen Zitouni, Docteur en pharmacie - 28 juin 2013 19:17Des chercheurs de l'Université Columbia à New York dirigés par Scott Small, a étudié, par imagerie cérébrale, l'évolution de la schizophrénie dans l'hippocampe, une région du cerveau cruciale pour la mémoire et l'attention et qui est parmi les premières touchées par cette maladie. Dans un article de la revue Neuron, les scientifiques révèlent qu'ils ont décelé chez dix patients, victimes d'un premier épisode psychotique, une intense activité dans une zone précise de l'hippocampe, puis son atrophie au cours de la progression de la maladie. «Dans ce très beau travail les chercheurs ont non seulement dévoilé une partie du scénario de l'évolution vers la maladie mais offert une nouvelle approche pour la prévenir», relève Marie-Odile Krebs, professeur de psychiatrie à l'université Paris Descartes, chef de service à Sainte-Anne/Inserm.
En effet, pour cerner le mécanisme en jeu, l'équipe de Scott Small a pu reproduire ces modifications de l'hippocampe chez la souris en lui injectant de la kétamine, un stupéfiant qui induit des symptômes proches de la schizophrénie. Ils ont montré que l'atrophie de l'hippocampe est directement liée à la présence excessive d'un neurotransmetteur appelé glutamate, et que l'injection préalable d'un médicament limitant son apparition permet de préserver l'hippocampe. Ils en déduisent que la réduction par des médicaments déjà existants ou en développement des quantités de glutamate présentes chez les personnes reconnues à risque par imagerie cérébrale pourrait prévenir l'aggravation de la maladie.
Mais comment repérer les adolescents qui pourraient bénéficier d'un tel traitement? «C'est tout l'enjeu, précise Marie-Odile Krebs, car seule une petite minorité de jeunes sont dans ce cas.» Et même après un premier épisode psychotique, l'évolution de la maladie vers sa forme sévère ne concernera qu'un tiers des patients. «Dès les premiers symptômes d'une souffrance psychique, le jeune devrait pouvoir consulter avec ses parents une équipe de soignants spécialisés», poursuit cette spécialiste.
«Les mesures de prévention pour les jeunes à risque sont beaucoup plus simples que les traitements lourds de la psychiatrie, ajoute Marie-Odile Krebs. Cette étude va dans ce sens, avec peut-être un nouveau moyen d'enrayer l'évolution vers la schizophrénie.»
Source : Le Figaro