Article N° 2386

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Atteinte d'une maladie génétique, elle n'a jamais connu la peur

Dr. Zitouni Imounachen - 17 février 2013 23:11

Depuis des dizaines d'années une femme, surnommée SM dans la littérature scientifique, a un cerveau qui ignore toute notion du danger. La raison : la maladie d'Urbach-Wiethe, une pathologie génétique très rare qui se caractérise généralement par des symptômes dermatologiques (épaississement de la peau et des muqueuses). Mais qui peut, dans les cas les plus graves, agir sur une zone précise du cerveau : l'amygdale. Cette zone fait le lien entre le cortex cérébral, où se situent les activités intellectuelles, et le système limbique qui régule des émotions comme l'agressivité, le plaisir... ou encore la peur. Ainsi SM est capable de ressentir toutes les émotions, sauf la peur, ce qui peut parfois la mettre en danger.

Depuis plusieurs années, cette Américaine suscite l'intérêt de neurologues qui sont bien déterminés à mieux comprendre cette maladie. Ainsi, ces derniers lui ont fait passer une batterie de tests plus loufoques les uns que les autres : caresser une mygale, parcourir une maison hantée à l'occasion d'Halloween, visionner des films d'horreur... rien n'y fait SM rigole, est écoeurée mais n'a pas peur.

Mais dans leur dernière étude, publiée le 3 février dernier dans la revue Nature, des chercheurs de l'université de l'Iowa affirment avoir trouvé l'ébauche d'une piste. Ils lui ont fait respirer un mélange gazeux contenant 35 % de dioxyde de carbone (CO2), soit un taux 900 fois supérieur à celui présent dans l'atmosphère. Résultat : pouls, sueurs... bref, signes de panique. Enfin ! Le test a été réitéré sur deux autres patientes aux amygdales également endommagées par la même maladie. Et rebelote, crise de panique.

Cette découverte a permis aux spécialistes d'établir une théorie : la sensation de danger ne passerait pas seulement par l'amygdale. Car lorsque le stimulus vient de l'extérieur, aucune peur n'est anormalement ressentie par cette partie du cerveau. En revanche, lorsque l'agression vient de l'intérieur du corps, la peur passerait par un "canal" encore inconnu. Les scientifiques vont maintenant essayer de trouver ce "chemin" différent pour peut-être arriver un jour à faire ressentir à cette femme un sentiment qui lui manquait depuis son enfance.

Source : http://www.metrofrance.com