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VACCINATION HEPATITE B
L’hépatite B n’est pas une infection bénigne : elle peut entraîner de graves atteintes du foie, dont la cirrhose et le cancer hépatique, et peut toucher un enfant dès sa naissance. Les scientifiques s’inquiètent aujourd’hui d’un possible retour en arrière. Cette décision intervient dans un contexte où les taux de vaccination américains reculent depuis la pandémie, favorisant déjà le retour de maladies que l’on croyait sous contrôle, comme la rougeole.
ALERTE - FREESTYLE
DICLOFENAC
Analogues du GLP-1
Les lignes directrices reposent sur deux recommandations majeures.
La première précise que les analogues du GLP-1 peuvent être utilisés chez les adultes pour un traitement au long cours de l’obésité, sauf pendant la grossesse. Si leur efficacité en termes de perte de poids et d’amélioration métabolique est avérée, cette recommandation reste prudente en raison du manque de données sur leur innocuité à long terme, de leur coût élevé et des limites actuelles des systèmes de santé.
PHARMACIENS - PSYCHIATRES - PATIENTS
La 34e édition du Congrès de l’Association marocaine des psychiatres d’exercice privé (AMPEP), tenue du 27 au 30 novembre à Taghazout, a offert un programme dense, axé principalement sur la sexualité à travers les âges. Pourtant, c’est lors de la dernière conférence, consacrée à l’alliance entre psychiatres et pharmaciens pour la promotion de la santé mentale, que s’est cristallisé un débat fondamental pour l’avenir du système de soins.
Autour de la table : psychiatres, pharmaciens enseignants, officinaux et représentants de l’AMMPS. Tous ont tenté de démêler un écheveau de contraintes professionnelles, de responsabilités partagées et de frustrations souvent tues. Cette rencontre a aussi permis de mesurer l’ampleur des efforts déployés par l’Agence du médicament (AMMPS), souvent mise sous pression, pour répondre à des pénuries structurelles qui touchent la quasi-totalité des pays. Des pénuries dont les causes sont multifactorielles : dépendance industrielle, tensions internationales, difficultés d’approvisionnement en matières premières ou encore ruptures logistiques. Mais un point a fait l’unanimité : l’obsolescence criante des textes qui régissent les psychotropes. Des dispositions anciennes, inadaptées, qui peuvent faire basculer, en un clin d’œil, le pharmacien du statut de professionnel de santé respectable à celui d’un trafiquant de «drogues». Les appréhensions des officinaux créent un climat de suspicion qui peut priver des malades réellement souffrants de leurs traitements, avec les conséquences que l’on connaît : décompensation, isolement, mise en danger du patient et de son entourage. Le droit, qui devait protéger, alourdit ici la stigmatisation, et ce sont les patients qui en paient le prix fort.
Cette initiative, inédite par son ton et sa franchise, marque le début d’un processus nécessaire consistant à poser les bases d’une interprofessionnalité effective, celle qui a déjà démontré son apport dans l’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques. Car en santé mentale, plus qu’ailleurs, les approches fragmentées et cloisonnées ne fonctionnent plus. Le pharmacien est souvent le premier interlocuteur, le psychiatre le garant du diagnostic et de la stratégie thérapeutique : les deux doivent coopérer, se connaître et surtout se comprendre pour mieux communiquer.
Encore faut-il répondre à quelques prérequis. La formation, d’abord. Celle-ci doit être actualisée, harmonisée, construite sur des standards partagés. Ensuite, il devient urgent de mettre en place des dispositifs permettant de tracer les échanges entre psychiatres et pharmaciens, de suivre la consommation de molécules sensibles, d’identifier plus rapidement les usages détournés. Le numérique peut apporter des solutions simples, encore faut-il une volonté institutionnelle claire.
Les participants au congrès ont également insisté sur un autre fléau : les ruptures d’approvisionnement touchant des spécialités essentielles, parfois sans alternative thérapeutique, comme c’est le cas pour le lithium. Comment assurer une continuité de soins quand la molécule de référence disparaît des rayons ? Là encore, seule une collaboration étroite et transparente entre tous les intervenants peut permettre d’anticiper, de hiérarchiser les besoins, de proposer des stratégies efficientes pour garantir la continuité des soins.
Les nombreuses recommandations formulées lors de cette rencontre ne doivent pas rester lettre morte. Il est temps d’adopter une approche qui rapproche réellement pharmaciens et psychiatres, qui donne du temps à l’analyse collective et qui permette d’identifier, sans tabou, les leviers de synergie. Car, au-delà des contraintes réglementaires ou logistiques, une seule priorité devrait les guider : l’intérêt du patient, sa sécurité, sa dignité et son accès continu aux soins.
L’interprofessionnalité n’est plus une option. C’est une nécessité. Une urgence, même. Et ce congrès l’a rappelé avec force.
Autres articles
L’hydrochlorothiazide, utilisé seul ou en association, figure parmi les traitements antihypertenseurs les plus prescrits en France, avec plus d’un million de patients exposés chaque année. Sa place dans la prise en charge de l’hypertension artérielle s’explique par son efficacité démontrée, sa simplicité d’utilisation et une tolérance généralement satisfaisante. Toutefois, depuis plusieurs années, les données de pharmacovigilance ont mis en évidence un risque accru de carcinome épidermoïde cutané et des lèvres, risque dose-dépendant et corrélé à la durée d’exposition. Ce sur-risque s’explique principalement par les propriétés photosensibilisantes et phototoxiques de l’Hydrochlorothiazide qui est susceptibles d’altérer l’ADN des kératinocytes lorsqu’ils sont exposés aux UV. Dans un récent communiqué, l’Académie de médecine (France) rappelle les recommandations publiées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de renforcer la prévention auprès des professionnels de santé et de leurs patients. Avant toute initiation du traitement, le médecin doit vérifier l’absence d’antécédent personnel de carcinome cutané et réaliser un examen minutieux de la peau et des lèvres. Un antécédent de cancer cutané ne constitue pas une contre-indication absolue, mais impose une surveillance dermatologique renforcée, idéalement deux fois par an. Cette vigilance initiale permet non seulement d’identifier des lésions préexistantes, mais aussi de sensibiliser le patient aux signes à surveiller. À chaque renouvellement d’ordonnance, l’examen cutané doit être systématique, en insistant sur les zones découvertes : visage, cuir chevelu, oreilles, nuque, avant-bras et mains. Ces régions plus exposées au soleil ont un risque plus important de développer un carcinome. Le rôle d’éducation thérapeutique du prescripteur est central. Ce dernier, doit encourager un autoexamen régulier de la peau et des lèvres, apprendre au patient à détecter précocement des signes d’alerte (plaque persistante, croûte, ulcération, lésion qui saigne ou ne cicatrise pas), et insister sur l’importance de la photo-protection quotidienne, même en dehors des périodes estivales. Cela implique le port de vêtements couvrants, de chapeaux à larges bords, et l’utilisation de crèmes solaires à large spectre (UVA/UVB) avec un indice élevé (SPF 50+), appliquées généreusement et régulièrement. Enfin, le pharmacien, lors de la dispensation du médicament, joue un rôle clé dans la prévention. Il doit rappeler au patient les mesures de photoprotection, l’inciter à l’auto-surveillance et l’encourager à consulter son médecin dès l’apparition de la moindre lésion suspecte. En renforçant cette chaîne de vigilance médecin–pharmacien–patient, il est possible de réduire significativement le risque cutané lié à l’hydrochlorothiazide, tout en maintenant les bénéfices cardiovasculaires de ce traitement essentiel.
Abderrahim Derraji - 01 décembre 2025 18:19Selon un nouveau rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la résistance aux antibiotiques continue de progresser à un rythme alarmant. En 2023, un sixième des infections bactériennes confirmées dans le monde se sont révélées résistantes aux traitements antimicrobiens courants. Entre 2018 et 2023, plus de 40 % des couples bactérie–antibiotique surveillés ont montré une augmentation de la résistance, avec une progression annuelle moyenne comprise entre 5 % et 15 %. Les données issues du Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS), alimenté par plus de 100 pays, soulignent une menace croissante pour la santé publique mondiale. La perte d’efficacité d’antibiotiques essentiels compromet la capacité à traiter des infections courantes et potentiellement graves. Le Rapport mondial sur la surveillance de la résistance aux antibiotiques 2025 fournit pour la première fois des estimations globales de la résistance à 22 antibiotiques utilisés contre les infections urinaires, gastro-intestinales, sanguines et la gonorrhée. Il couvre huit agents pathogènes majeurs, dont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus ou encore Streptococcus pneumoniae, responsables d’infections parmi les plus répandues. La prévalence de la résistance varie fortement selon les régions. Les Régions OMS d’Asie du Sud-Est et de la Méditerranée orientale sont les plus touchées, avec une infection sur trois résistante, tandis que l’Afrique en enregistre une sur cinq. La situation est aggravée par les capacités limitées de diagnostic et de prise en charge dans les systèmes de santé les plus fragiles. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus rappelle que la résistance progresse plus vite que les avancées médicales et appelle à renforcer l’usage responsable des antibiotiques et l’accès universel aux médicaments, aux diagnostics et aux vaccins. Les bactéries gram négatives constituent la menace la plus inquiétante. E. coli et K. pneumoniae, responsables d’infections sanguines sévères, montrent des niveaux résistance aux céphalosporines de troisième génération (traitement de référence) supérieur respectivement à 40 % et à 55%. En Afrique, cette résistance dépasse 70 %. La perte d’efficacité des carbapénèmes, autrefois considérés comme une solution de dernier recours, réduit encore les options thérapeutiques, particulièrement dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire où ces molécules sont coûteuses et souvent inaccessibles. Malgré des progrès notables, le nombre de pays participant au GLASS a quadruplé entre 2016 et 2023. L’OMS appelle à des actions concertées, dans une approche «One helth», afin de renforcer les laboratoires, améliorer la qualité et le partage des données, et aligner les politiques nationales sur les profils locaux de résistance. L’OMS espère que d’ici 2030, tous les pays transmettent des données fiables sur la résistance et l’usage des antimicrobiens.
Abderrahim Derraji - 01 décembre 2025 18:15Une vaste étude nordique a révélé un risque accru de 83 % de néoplasies neuroendocrines (NEN) gastriques chez les grands consommateurs d’IPP (inhibiteurs de la pompe à protons). Présentée à l’United European Gastroenterology Week (UEGW 2025), cette étude soulève des interrogations majeures sur la banalisation des IPP, souvent utilisés sur de longues périodes, parfois sans réévaluation médicale régulière. L’étude repose sur l’exploitation des registres de cinq pays nordiques et inclut 1 790 patients atteints de NEN gastriques comparés à près de 18 000 témoins. Les chercheurs ont analysé l’exposition cumulée aux IPP à partir des doses définies journalières et mis en évidence une relation dose-réponse : plus l’exposition est élevée, plus le risque augmente. Dans le tertile le plus élevé (>385 DDD), l’odds ratio atteint 1,83, y compris après exclusion des cas pouvant donner lieu à des biais. Sur le plan physiopathologique, ces résultats réactivent l’hypothèse d’un rôle de l’hypergastrinémie chronique induite par l’hypochlorhydrie prolongée sous IPP, un mécanisme déjà observé dans les gastrites atrophiques sévères ou la maladie de Biermer. La hausse du risque chez les patients de moins de 65 ans soulève également la possibilité d’une susceptibilité accrue ou d’une exposition plus longue à l’effet hypergastrinémiant. Cependant, malgré la force de l’association statistique observée, les auteurs appellent à la prudence. Le premier auteur, le Dr Eivind Ness-Jensen, rappelle que l’incidence absolue des NEN gastriques demeure très faible, même chez les utilisateurs réguliers d’IPP, et qu’il ne saurait être question de remettre en cause leur utilisation lorsqu’elle est justifiée. L’étude comporte par ailleurs certaines limites inhérentes aux bases de données, notamment l’absence de gastrinémie, l’impossibilité de mesurer certains comportements ou facteurs exposant à la carcinogenèse, et la nature observationnelle ne permettant pas d’établir une causalité formelle. Ces nouvelles données invitent toutefois à une utilisation plus raisonnée et mieux surveillée des IPP, particulièrement chez les sujets jeunes ou les patients exposés pendant plusieurs années, et renforcent l’importance d’une indication stricte et régulièrement réévaluée.
Abderrahim Derraji - 01 décembre 2025 18:13Alors que la COP 30 se tient actuellement à Belém, au Brésil, et réunit les États autour des enjeux écologiques, la France adopte une mesure concrète : allonger la durée de conservation des médicaments. Une initiative qui vise à réduire le gaspillage et à diminuer l’empreinte carbone d’un système de santé largement contributeur aux émissions. Porté par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ce projet ambitionne non seulement de limiter les destructions inutiles, mais aussi de renforcer la sécurité d’approvisionnement tout en réduisant les déchets chimiques. L’Agence lance ainsi une phase pilote invitant les laboratoires à mener des études de stabilité afin de prolonger la durée de vie de certaines spécialités, dans la perspective de modifier leurs autorisations de mise sur le marché. Cette initiative n’a rien d’un geste symbolique. Celle-ci répond à un double impératif, environnemental et économique. En France, le secteur de la santé génère plus de 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, et les médicaments représentent à eux seuls plus de la moitié de cette empreinte. Par ailleurs, plusieurs travaux montrent que de nombreux médicaments conservent une efficacité élevée après leur date de péremption. Une enquête de l’UFC-Que Choisir indique que huit comprimés sur dix encore périmés conservent au moins 90 % de leur principe actif. D’autres analyses confirment que ces dates pourraient être prolongées sans compromettre la sécurité des patients. Un rapport de la Cour des comptes estime par ailleurs que des centaines de millions, voire plus d’un milliard d’euros de médicaments sont détruits chaque année. L’institution recommande d’inciter les industriels à optimiser les dates de péremption et à adapter le conditionnement pour réduire les stocks non utilisés. À l’international, plusieurs approches complémentaires existent déjà. Aux États-Unis, l’association SIRUM redistribue les médicaments non utilisés mais encore valides vers des structures de soins à faibles ressources, évitant ainsi leur destruction. En France, la collecte des médicaments non utilisés via les pharmacies permet également d’éviter leur dispersion dans l’environnement en assurant une élimination sécurisée. Au niveau européen, un groupe d’experts de l’Agence europeenne du médicament (EMA) et de plusieurs États membres a récemment formulé des recommandations visant à encourager une production, un conditionnement et une gestion des médicaments plus respectueux de l’environnement. Cette vision s’inscrit dans une démarche plus large de transition écologique de la chaîne pharmaceutique. Certaines limites subsistent toutefois : pour des médicaments fragiles, instables ou stériles, un allongement de la durée de conservation peut s’averer impossible ou risqué. Mais la dynamique est lancée. Par cette expérimentation pilote et inédite, la France pourrait créer un précédent et inspirer une gestion plus durable du médicament à l’échelle internationale. La prolongation des dates de conservation ne constitue pas seulement une mesure écologique : c’est une transformation progressive et profonde, destinée à rendre le système de santé plus résilient, plus responsable et plus vertueux. Sources: 1. ANSM, Programme de travail 2025, 2025. 2. ANSM, Contrat d’objectifs et de performance 2024-2028, 2024. 3. ANSM, Rapport d’activité 2023, 2023. 4. La Dépêche, «Allonger les dates de péremption des médicaments : concilier santé et environnement», 21/11/2025. 5. Cour des comptes via Santé-Environnement-Politique, 04/09/2025. 6. The Shift Project, Décarbonons les industries de Santé – Médicaments, 2025. 7. Assemblée nationale, question écrite n° 541, réponse de l’ANSM, 11/03/2025. 8. Assemblée nationale, question n° 3006, 15/04/2025. 9. AMELI, «Médicaments et environnement », 17/06/2025. 10. CNOP, Tous Pharmaciens, n° 26, nov. 2024. 11. EMA, Guidance for industry to prevent and mitigate medicine shortages. 12. EMA, Towards better prevention of medicine shortages in the EU.
Abderrahim Derraji - 24 novembre 2025 12:17Les dernières données publiées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) révèlent une progression inquiétante de la résistance des gonocoques aux traitements antibiotiques. Issues du Programme élargi de surveillance de la résistance des gonocoques aux antimicrobiens (EGASP), ces informations montrent que cette infection sexuellement transmissible devient de plus en plus difficile à traiter, compromettant les avancées en matière de santé sexuelle mondiale. Le rapport insiste sur l’urgence de renforcer la surveillance, d’améliorer les capacités diagnostiques et de garantir un accès équitable aux nouveaux traitements. L’EGASP, lancé en 2015, collecte des données cliniques et de laboratoire à travers un réseau mondial de sites sentinelles afin de suivre l’évolution des résistances et guider les recommandations thérapeutiques. Selon la Dre Tereza Kasaeva, directrice du département VIH, tuberculose, hépatite et IST de l’OMS, il est impératif que les pays intègrent la surveillance de la gonorrhée résistante dans leurs programmes nationaux. Entre 2022 et 2024, la situation s’est nettement aggravée. La résistance à la ceftriaxone, traitement de référence, est passée de 0,8 % à 5 %, tandis que celle au cefixime a atteint 11% contre 1,7 % auparavant. La résistance à l’azithromycine reste stable à 4 %, mais celle à la ciprofloxacine atteint désormais un niveau alarmant de 95 %. Le Cambodge et le Viet Nam enregistrent les taux les plus élevés de résistance à cette fluoroquinolone. En 2024, douze pays ont contribué aux données du programme EGASP, une progression notable comparée aux quatre pays rapporteurs en 2022, reflétant une volonté accrue de suivre et combattre la résistance. Les pays participants ont notifié 3 615 cas de gonorrhée. Plus de la moitié des cas symptomatiques chez les hommes sont issus de la région OMS du Pacifique occidental, principalement des Philippines, du Viet Nam, du Cambodge et de l’Indonésie. La Région africaine représente 28 % des cas, suivie par l’Asie du Sud-Est, la Méditerranée orientale et les Amériques. Le profil des patients montre un âge médian de 27 ans, avec une forte proportion d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (20 %) et de personnes ayant eu plusieurs partenaires récemment (42 %). Près d’un patient sur dix avait utilisé des antibiotiques récemment, et 19 % avaient voyagé. L’OMS souligne également les progrès réalisés : près de 3000 échantillons ont été séquencés en 2024, et des études sur de nouveaux antibiotiques comme la zoliflodacine et la gépotidacine sont en cours. De nouveaux pays, comme le Brésil, la Côte d’Ivoire et le Qatar, ont rejoint le programme. Malgré ces avancées, l’OMS déplore un financement insuffisant, des données lacunaires, notamment chez les femmes, et un besoin urgent de renforcer les systèmes de surveillance nationaux. Elle appelle à investir davantage pour prévenir une crise mondiale de résistance aux traitements de la gonorrhée.
Abderrahim Derraji - 24 novembre 2025 12:12L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM-France) renforce son action contre la vente illégale en ligne de produits présentés comme contenant des agonistes du GLP-1 (aGLP-1), largement détournés pour leurs effets amaigrissants. Depuis plusieurs mois, l’agence française lutte contre la commercialisation et la publicité illicites de ces médicaments à prescription obligatoire. Toute vente sur internet, même par une pharmacie autorisée, est strictement interdite. Au cours de ses investigations récentes, l’ANSM a identifié dix sites marchands faisant la promotion et la vente de produits revendiquant contenir des aGLP-1. Des analyses menées dans ses laboratoires sur plusieurs patchs commercialisés en ligne comme contenant du sémaglutide ont révélé l’absence totale de cette substance, ainsi que de toute autre molécule amaigrissante déclarée. Ces produits sont donc frauduleux et potentiellement dangereux, car ils peuvent renfermer des substances actives non déclarées ou nocives. Le caractère trompeur est aggravé par l’utilisation abusive de logos officiels tels que ceux de l’EMA ou de l’ANSM. Pour mettre un terme à ces pratiques, l’agence a saisi le procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale et effectué des signalements sur le portail Pharos du ministère de l’Intérieur. Elle a également demandé aux plateformes concernées de retirer immédiatement ces produits. Certaines marketplaces comme Amazon, Cdiscount et eBay ont supprimé les annonces. En revanche, d’autres sites, appartenant aux sociétés Hamjouy Limited et Zongest Limited, n’ont pas coopéré. Face à cette situation, l’ANSM a pris sept mesures de police sanitaire à l’encontre de ces sites, visant la suspension de la mise sur le marché, de la distribution, de la détention, de la vente, de l’import/export et de la publicité des produits frauduleux. Les sites concernés incluent notamment clairezon.com, ethereallives.com, jourvefgrt.com, sainetbeau.com, slimsculed.com, raindewmen.com et denanica.com. Ces mesures permettront aux services douaniers de saisir les produits illégaux et seront systématiquement reproduites pour chaque nouveau site signalé. Les aGLP-1 – tels que sémaglutide (Ozempic, Wegovy), liraglutide (Saxenda, Victoza), dulaglutide (Trulicity) ou tirzépatide (Mounjaro) – sont des médicaments destinés au traitement du diabète et de l’obésité. Présentés sous forme de stylos injecteurs, ils nécessitent une surveillance médicale stricte et ne peuvent être obtenus qu’en pharmacie, sur ordonnance.
Abderrahim Derraji - 24 novembre 2025 12:10La Belgique applique encore une législation datant de plusieurs décennies pour encadrer la communication sur les médicaments en vente libre, notamment la Loi du 25 mars 1964 et l’Arrêté Royal de 1995. Ces textes, conçus à l’époque de la presse écrite, de la radio et de la télévision, n’ont jamais été mis à jour pour intégrer l’usage massif d’internet et des des réseaux sociaux. Cette situation crée un décalage profond entre la manière dont les citoyens cherchent aujourd’hui l’information médicale et les possibilités de communication autorisées pour l’industrie pharmaceutique. Selon une enquête menée par la Belgian Association of the Consumer Healthcare Industry (Bachi) et Ipsos auprès de 1000 consommateurs belges, 40 % des citoyens cherchent désormais des informations médicales en ligne avant même de consulter un médecin. Par ailleurs, 28 % fréquentent des forums santé pour comprendre leurs symptômes, s’exposant ainsi à des conseils non vérifiés, contradictoires ou potentiellement dangereux. Ce recours massif aux sources non officielles crée un «vide informationnel» préoccupant, alors que l'industrie pharmaceutique, soumise à des règles déontologiques strictes, pourrait au contraire offrir une information fiable et scientifiquement validée. Malgré la généralisation des outils numériques en Belgique, l’industrie pharmaceutique ne peut pas utiliser ces technologies pour diffuser des informations certifiées, en raison du cadre légal obsolète. Bachi souligne l’absurdité d’appliquer un dispositif «analogique» à des usages numériques contemporains. L’organisation plaide donc pour une modernisation de la loi, tout en maintenant des contrôles stricts. Elle propose d’autoriser une communication encadrée sur les canaux réellement utilisés par les patients : moteurs de recherche, réseaux sociaux, applications de santé ou sites médicaux fiables. Après près de trente ans sans mise à jour réglementaire, Bachi estime qu’il est urgent d’adapter le droit belge aux pratiques informationnelles du XXIe siècle.
Abderrahim Derraji - 24 novembre 2025 12:07L’inauguration officielle du Centre pédagogique et humanitaire Omar Tazi s’est tenue le 18 novembre 2025 à Figuig, à l’occasion des célébrations du 70e anniversaire de l’indépendance du Maroc. Cet événement marque une avancée décisive dans la lutte pour l’autonomisation des jeunes femmes vulnérables. La cérémonie a été présidée par le gouverneur de Figuig, Noureddine Ouabbou, la présidente de la Fondation Omar Tazi, Lamia Tazi, et le président de la Fédération des Associations Al Amal, Nouredine Abdelhak. Fruit d’un partenariat stratégique entre la Fondation Omar Tazi et la Fédération des Associations Al Amal, ce centre se présente comme un espace sécurisé et un véritable incubateur d’autonomie destiné aux jeunes filles âgées de 15 à 25 ans vivant dans des situations difficiles. Sa vocation est d’offrir un refuge de qualité et de donner aux résidentes les compétences nécessaires pour s’insérer durablement dans la vie professionnelle. Le centre peut accueillir jusqu’à 48 jeunes femmes, notamment celles qui, atteignant l’âge de 18 ans, doivent quitter les structures de protection de l’enfance et se retrouvent sans ressources. Selon Dr. Lamia Tazi, ce projet est l’aboutissement d’un long combat visant à transformer la vulnérabilité en opportunité, en offrant à ces jeunes une formation professionnelle qualifiante et un environnement chaleureux. Le centre propose un accompagnement global, combinant hébergement, formation, soutien psychosocial et activités éducatives. Il dispose de 25 suites équipées, offrant un cadre de vie à la fois sécurisant et autonome. Grâce à un partenariat renforcé avec l’OFPPT, les résidentes ont accès à des formations diplômantes leur garantissant une insertion professionnelle réelle et durable. Un accompagnement psychosocial personnalisé permet de répondre aux besoins spécifiques de chaque jeune fille, renforçant ainsi ses capacités d'adaptation et son épanouissement personnel. De nombreuses activités éducatives, culturelles et sportives contribuent à leur développement global. Sur une superficie de 4 800 m², le Centre Omar Tazi comprend quatre bâtiments abritant espaces d’hébergement, administration, cuisine professionnelle, réfectoire, salle de lecture ainsi qu’une piscine centrale. Les suites, dotées de chambres, salles de bain, cuisines et salons d’accueil pour les familles, offrent des conditions de vie propices à la stabilité et à la reconstruction personnelle.
Abderrahim Derraji - 20 novembre 2025 16:50Il suffit parfois d’une minuscule inattention pour qu’un acte de soin bascule dans l’irréparable. Aux États-Unis[1], en mars 2024, un enfant de deux ans est décédé à la suite d’une erreur de prescription d’une simplicité effrayante : une virgule mal placée, un dosage multiplié par dix, et une overdose de potassium qui a anéanti toute chance de survie. L’affaire, révélée par plusieurs médias américains dont le New York Post[2], rappelle avec brutalité que l’erreur médicale n’est jamais un concept abstrait. Elle porte un prénom, un visage et une histoire interrompue. Le petit garçon avait été hospitalisé pour une infection virale. Amaigri, dénutri, présentant un taux dangereusement bas de potassium, il avait été transféré dans un second hôpital afin de recevoir un traitement plus adapté. Rien, jusque-là, ne présageait le drame. Mais dès le lendemain, le renouvellement de la prescription scelle son destin. Au lieu des 1,5 mmol de potassium calculés en fonction de son poids et de son état clinique, le médecin prescrit 15 mmol. Dix fois plus. Et cette erreur, qui aurait dû être rattrapée par un contrôle croisé, a été faite deux fois. L’enfant fait un arrêt cardiaque. Il est réanimé après vingt longues minutes, mais le mal est fait : ses organes vitaux sont gravement atteints et les complications s’enchaînent. Après deux semaines de soins intensifs, le respirateur qui le maintenait en vie est débranché. Sa mère, brisée, dénonce une «énorme négligence», quant à son avocat il insiste sur le caractère «entièrement évitable» de cette mort. Ce mot, évitable, résonne comme une accusation adressée non pas au médecin responsable de cet accident, mais à un système entier. Car ce cas n’est pas isolé. Depuis des années, la littérature scientifique pointe du doigt l’ampleur des erreurs médicales pédiatriques. Une étude de référence publiée dans Pediatrics[3] en 2004 estimait déjà que 4 500 enfants mouraient chaque année aux États-Unis des suites d’erreurs médicales hospitalières. Ces décès découlent de causes bien identifiées : erreurs de dosage, confusion entre médicaments, protocoles non respecté, diagnostics tardifs ou erronés. La vulnérabilité particulière des enfants renforce ces risques. Les posologies doivent être ajustées à la taille et au poids, les marges d’erreur sont infimes et les formulations pédiatriques se prêtent davantage aux confusions. Une revue d’études publiée sur PubMed[4,5] rapporte que 1 à 11 % des hospitalisations pédiatriques donnent lieu à un événement indésirable lié aux soins. Les erreurs de diagnostic sont tout aussi préoccupantes. Une enquête internationale publiée dans Frontiers in Pediatrics [6] indique que 15 à 77 % des pédiatres affirment commettre au moins une erreur de diagnostic par mois, et 45 % reconnaissent avoir causé un tort direct à un enfant au moins une fois par an en raison d’un diagnostic inexact ou tardif. Ces données ne montrent pas des soignants incompétents, mais des professionnels plongés dans un environnement qui multiplie les risques : surcharge de travail, interruptions permanentes, outils informatiques inadaptés, procédures hétérogènes. L’erreur n’est pas seulement humaine ; elle est systémique. Réduire ces erreurs exige d’abord de sécuriser les prescriptions par l’utilisation généralisée de logiciels d’aide à la décision, de systèmes d’alerte sur les doses, d’une interdiction des notations ambiguës, et d’un double contrôle obligatoire pour les médicaments à haut risque. La standardisation des pratiques, notamment en pédiatrie, avec des doses pré-calculées selon le poids ou des seringues préremplies, constitue un autre levier majeur. À cela doit s’ajouter la formation continue des équipes sur les risques spécifiques aux enfants, la réduction de la surcharge de travail qui favorise la fatigue et l’erreur, ainsi que le développement d’une culture du signalement où chaque incident devient une source d’apprentissage collectif. Ce drame aurait pu être évité. Mais il peut encore servir. Si chaque erreur évitable devient une leçon, alors peut-être qu’une virgule oubliée ne sera plus jamais capable de voler une vie. Sources 1. 20 Minutes. États-Unis : Le médecin “oublie” une virgule, un enfant meurt d’une surdose de médicament. 14 novembre 2025. https://www.20minutes.fr/monde/4185605-20251114-etats-unis-medecin-oublie-virgule-enfant-meurt-surdose-medicament 2. New York Post. Article original cité par 20 Minutes sur le cas de l’enfant décédé d’une surdose de potassium. 3. Woods, D. et al. Annual deaths due to medical errors in hospitalized children. Pediatrics, 2004. PMC article retraçant l’estimation d’environ 4 500 décès annuels liés aux erreurs médicales chez les enfants. 4. Classen, D. et al. Études sur les événements indésirables pédiatriques (1 % à 11 % des admissions). PubMed. 5. Rothschild, J. et al. Études sur l’iatrogénie en réanimation néonatale (jusqu’à 74 événements graves pour 100 admissions). PubMed. 6. Singh, H. et al. Diagnostic Errors in Pediatric Practice. Frontiers in Pediatrics. Étude montrant 15–77 % d’erreurs diagnostiques mensuelles déclarées par les pédiatres et 45 % d’erreurs nuisibles annuelles.
Abderrahim Derraji - 16 novembre 2025 19:45Un traitement ancien, peu coûteux et largement disponible pourrait bien s’imposer comme une nouvelle arme dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires. Une récente revue Cochrane met en lumière le potentiel de la colchicine à faible dose pourrait contribuer à réduire le risque de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les patients à haut risque. Les maladies cardiovasculaires demeurent la première cause de mortalité dans le monde. Elles sont en partie liées à une inflammation chronique de faible intensité qui favorise la survenue d’événements aigus. Grâce à ses propriétés anti-inflammatoires bien connues, la colchicine suscite depuis quelques années un intérêt grandissant en cardiologie. La nouvelle synthèse Cochrane renforce encore cette piste thérapeutique. La revue a analysé 12 essais randomisés regroupant près de 23 000 patients ayant des antécédents de maladie cardiaque, de crise cardiaque ou d’AVC. Tous ont reçu une dose quotidienne de 0,5 mg de colchicine pendant au moins six mois, comparée à un placebo ou à l’absence de traitement additionnel. Les participants étaient majoritairement des hommes, âgés de 57 à 74 ans. Les résultats sont particulièrement encourageants : pour 1 000 patients traités, les chercheurs ont observé 9 crises cardiaques et 8 AVC de moins que dans le groupe témoin. Ces effets, bien que modestes à l’échelle individuelle, deviennent significatifs lorsqu’on les projette à l’échelle des millions de personnes vivant avec une maladie cardiovasculaire chronique. Les bénéfices sont d’autant plus remarquables que la colchicine n’a pas entraîné d’augmentation des effets indésirables graves, même si des troubles digestifs légers ont été rapportés plus fréquemment. Pour le Dr Ramin Ebrahimi, co-auteur principal de la revue, l’impact potentiel est clair : parmi 200 patients souffrant de maladie cardiovasculaire, un traitement de colchicine pourrait éviter deux crises cardiaques et deux AVC, ce qui représente un gain substantiel dans la prévention secondaire. Au-delà des résultats cliniques, cette synthèse met en valeur l’intérêt de réutiliser des médicaments anciens. Comme le souligne le Pr Lars Hemkens, l’un des auteurs : «Ces essais financés par des fonds publics montrent à quel point la recherche indépendante est capable de redonner une nouvelle vie à des médicaments oubliés.» Toutefois, des zones d’ombre subsistent : les effets de la colchicine sur la mortalité globale, la qualité de vie ou la durée d’hospitalisation restent insuffisamment documentés. Des études complémentaires seront nécessaires pour confirmer ces perspectives. Source : Cochrane. Common gout drug may reduce risk of heart attack and stroke. 2025.
Abderrahim Derraji - 16 novembre 2025 19:38
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