Article N° 5414
CANCER
Cancer en Afrique: ni soigné, ni soulagé!
Abderrahim DERRAJI - 08 novembre 2016 03:16Dans son discours inaugural prononcé le 31 octobre dernier à l’occasion du Congrès mondial contre le cancer, François Hollande a annoncé le chiffre de 8 millions de décès dus au cancer chaque année à travers le monde. Il a aussi annoncé que plus de 14 millions de nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués annuellement, et ce chiffre devrait atteindre 19 millions à l’horizon 2025.
Le Chef de l'État français s'est également félicité des résultats obtenus dans son pays où les durées de survie et les taux de guérison sont parmi les plus élevés au monde. Le pourcentage des cancers soignés en France est passé de 50 à 60% en 10 ans. Il a aussi déploré la situation qui prévaut actuellement dans les pays à faible revenu et particulièrement en Afrique.
En effet, 600.000 nouveaux cas de cancer sont déclarés chaque année dans ce continent, et 500.000 d’entre eux succombent des suites de cette maladie. Le Président français a conclu son discours en insistant sur le rôle de la prévention, la recherche et sur la nécessité de faire de l'accès aux médicaments innovants un «enjeu planétaire».
Malheureusement, le problème du cancer en Afrique ne se cantonne pas à ces nouvelles thérapies. Les malades de certaines régions pauvres du continent noir sont à mille lieues de cette révolution. La prise en charge du cancer doit passer obligatoirement par une approche globale, ce qui est loin d’être le cas dans ces régions.
Le manque de prévention, par exemple, ne permet pas de venir à bout des comportements à risque. Et contrairement aux pays développés, les états à faible revenu n’ont pas, non plus, accès aux outils de prévention telle que la vaccination contre les papillomavirus. Le cancer du col de l'utérus, qui peut être prévenu grâce à ce vaccin, est responsable de près de 266.000 morts chaque année.
Le manque de moyens et l’enclavement de certaines régions privent aussi ses habitants du dépistage précoce. Et même quand le diagnostic est réalisé à temps, le malade peut ne pas avoir accès à la chimiothérapie et/ou à la radiothérapie. D’après les rapports de l’ACS (American Cancer Society), une trentaine de pays sont totalement privés de services de radiothérapie.
Enfin, les spécialistes pointent du doigt les soins palliatifs. L’utilisation des opiacés reste très faible, ce qui condamne les malades à des souffrances inadmissibles, particulièrement en fin de vie.
Au Maroc, la Fondation Lalla Selma - Prévention et traitement des cancers a révolutionné la prise en charge du cancer. Un Plan national de prévention et de contrôle du cancer a été adopté avec à la clef une amélioration aussi bien qualitative que quantitative de la prévention, la détection précoce, la prise en charge et les soins palliatifs. Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir et particulièrement en matière de couverture médicale pour permettre à tous les Marocains de jouir pleinement de leur droit à la santé et de leur éviter de se ruiner pour traiter des maladies aussi coûteuses que le cancer.
Sources:
- JIM
- Discours de François Hollande : lien
Source : PharmaNEWS 364