Article N° 5094

Sages-femmes

Sages-femmes : ces « donneuses de vie » méconnues…

ABDERRAHIM DERRAJI , Docteur en pharmacie - 10 mai 2016 04:19

Depuis plus de 15 ans, la date du 5 mai a été retenue pour célébrer la Journée Mondiale de la sage femme. Malheureusement, certains aspects de cette belle profession médicale restent méconnus. Plus que ça, les sages-femmes traînent une image en inadéquation avec leur apport avéré dans la prise en charge de la mère et de l’enfant.

En effet, les médias ne relayent que les décès au cours d'accouchements qui résultent de défaillances multiples et qui dépassent les sages femmes. Par contre les vies sauvées tous les jours et les mamans accouchant dans des conditions difficiles et ne devant la vie sauve qu’au dévouement et aux sacrifices des sages-femmes, on n'en parle que très peu.

D'ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, une sage-femme ramenant une maman dans une ambulance, a failli perdre la vie dans un accident entre Oufous et Errachidia. La presse n’en a presque pas parlée alors qu'elle s’est retrouvée avec la future maman et l’ambulancier au fond d’un ravin!


On oublie souvent que beaucoup de sages-femmes s’exilent dans des régions éloignées, et que chaque centre d’accouchement couvre des milliers voire des dizaines de milliers de femmes. La moyenne de sages-femmes par 1000 naissances ne dépasse pas 4 au Maroc alors que l’OMS préconise un minimum de 6. Et ce qui complique leur tâche, c’est le manque de suivi de grossesse. Bien souvent, l’enclavement et l’ignorance sont à l’origine d’accouchements imprévisibles et périlleux ce qui explique en grande partie le taux de mortalité fœto-maternelle inadmissible qui sévit chez nous.


Les sages femmes dont le nombre d’affectations doit être revu à la hausse, sont des alliées de choix pour améliorer la prise en charge des mamans et des bébés et pour réduire le taux de mortalité foeto-maternelle. Mais cet apport reste tributaire de la mise en place d’une formation continue régulière, d'un équipement approprié des centres d'accouchement ainsi que du renforcement de la sécurité des futures mamans et des sages-femmes. Ceci est particulièrement vrai en milieu rural.


En attendant, ces sages femmes continueront à souffrir autant que ces mamans qui voient leur pronostic compromis en raison d’un défaut de suivi de grossesse ou de l’impossibilité d'être transportées à la maternité la plus proche.

PharmaNews 341 lien 

Source : PharmaNews 341