La ministre française de la Santé Agnès Buzyn a signé ce mercredi 12 juillet un arrêté à effet immédiat inscrivant tous les médicaments contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l’éthylmorphine ou de la noscapine sur la liste des spécialités pharmaceutiques nécessitant une prescription médicale.  L’identification de nombreux cas d’abus et de mesusages de ces médicaments, disponibles sans ordonnances, a poussé la Commission des stupéfiants et psychotropes de l’ANSM à rendre, le 29 juin 2017,  un avis favorable à la prescription médicale obligatoire (PMO) pour toutes les spécialités concernées. Par une telle décision, Agnès Buzyn espère mettre fin à la mode du « Purple Drank ». Ce cocktail à base de codéine, d’antihistaminique et de soda est de plus en plus utilisé par les jeunes et les adultes. D’après la ministre de la Santé, 33 cas graves ont été signalés les deux dernière années et deux décès rien que l’année dernière. 

De nombreuses spécialités à base de codéine sont vendues sans ordonnance. Or, cet antalgique fait, de plus en plus, l’objet de mésusage en raison de ses effets d’euphorie et d’apaisement. Deux adolescents ont même trouvé la mort suite à un surdosage de codéine. Ceci a conduit l’institut Odoxa à réalisé les 14 et 15 juin 2017 un sondage auprès de 1002 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. D’après ce sondage, 65% pensent que les médicaments pouvant être détournés en drogue ne doivent plus être vendus sans ordonnance. Ce pourcentage atteint 77% chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Par contre, c’est chez les 18-24 ans qu’on trouve le plus de réticences à soumettre ces médicaments à une prescription. 48% versus 34% chez la population générale. Par ailleurs, la moitié des personnes interrogées est consciente que les médicaments en vente libre peuvent présenter des risques ou des contre-indications.  35% pensent que le danger est lié à un surdosage et 40% estiment que les risques sont trop rares pour justifier une ordonnance.

JIM En raison de leurs propriétés antitussives, la codéine et ses dérivés sont parfois utilisés pour contrôler ces manifestations. Pourtant, ce type de médicaments peut avoir des effets secondaires graves tels qu’une dépression respiratoire, une réaction anaphylactique induite par l'anesthésie, et bien sûr un risque accru d’addiction à long terme. Une revue systématique de la littérature a évalué l’innocuité et l'efficacité de la codéine (et de ses dérivés) dans le traitement de la toux chronique (plus de quatre semaines) chez les enfants. Au total, 556 études ont été sélectionnées sur plusieurs bases de données. La population inclut des enfants âgés de moins de 18 ans souffrant de toux chronique (d’une durée égale ou supérieure à quatre semaines au moment de l'intervention), traités par la codéine ou ses dérivés, ou bien par un placebo dans le cadre d’essais contrôlés et randomisés. Soixante-dix études ont finalement été sélectionnées sur des critères d'éligibilité. Cependant, aucune d’entre elles ne satisfaisait totalement aux critères d'inclusion de sorte qu’on ne dispose d’aucune preuve  de l’efficacité de la codéine ou de ses dérivés en cas de toux chronique chez les enfants. De même pour la toux aiguë, les auteurs soulignent une absence de preuves significatives sur l’action de la codéine et de ses dérivés (y compris les médicaments contre le rhume contenant de la codéine) vendus sans ordonnance. Ce manque de preuves a été constamment réaffirmé ces dernières années par les experts médicaux dans les guidelines internationales pour la prise en charge de la toux chronique, que ce soit aux Etats-Unis, en Europe, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Du fait de l'absence de preuves suffisantes pour étayer leur efficacité et des effets indésirables potentiels de leur l'utilisation (en particulier chez les enfants), ces médicaments ne sont plus recommandés chez les enfants de moins de 12 ans et les enfants âgés de 12 à 18 ans atteints d’une maladie respiratoire.