Article N° 4691
Biosimilaires
Biosimilaires : comment séparer le bon grain de l'ivraie ?
Abderrahim DERRAJI - 22 septembre 2015 03:07La Société Marocaine de Pharmacie Oncologique (SMPO) a organisé le week-end dernier à Marrakech, la 3ème édition de ses journées sous le thème : « Protocoles thérapeutiques et amélioration des pratiques en cancérologie ».
Les organisateurs de cette rencontre ont consacré toute une matinée pour débattre au sujet des biosimilaires. Ces biomédicaments font souvent l’objet de publications contradictoires pouvant semer le trouble dans l’esprit des professionnels de santé.
Lors de cette manifestation, à laquelle ont assisté des experts en provenance d'Europe, du Maghreb et d’Afrique Subsaharienne, le professeur Alain ASTIER (1) a rappelé à l’assistance les difficultés budgétaires que rencontrent les organismes payeurs français. Ces derniers se voient, de plus en plus, contraints de trouver des solutions alternatives pour que le budget alloué aux médicaments ne soit pas entièrement englouti par les princeps issus de la biotechnologie.
Aujourd’hui, l’apport, entre autres, des anticorps monoclonaux et de l’hormonothérapie a permis de prolonger l’espérance de vie des patients atteints de cancer. Malheureusement, la transformation de la pathologie cancéreuse en une maladie chronique équilibrée grâce à l’administration en continu de biomédicaments impacte lourdement les caisses d’assurances maladies. À titre d’exemple, durant la période allant d’octobre 2010 à octobre 2011 (2) les médicaments biologiques ont représenté 50% des dépenses en médicament en France. C’est sans doute ce qui a poussé l’hôpital Henri MONDOR à recourir au remplacement d’un princeps à base de filgrastim par un biosimilaire. En faisant de la sorte, cet établissement a pu réaliser une économie de 150000 Euro (3) en une année.
Il va sans dire que les enjeux économiques que peuvent constituer les médicaments issus de la biotechnologie risquent de créer un climat peu propice à une information juste et impartiale. On a tous en mémoire, les attaques virulentes perpétrées contre les génériques il y a une quinzaine d'années. La désinformation n’a malheureusement pas permis à ces médicaments de se développer comme ils auraient dû le faire.
On espère que cette fois-ci, les professionnels de santé soient plus vigilants vis à vis de toute information non basée sur un argumentaire scientifique avéré. Faute de quoi, on risque de compromettre l’accès des malades aux médicaments disposant du meilleur rapport coût/bénéfice.
Consulter Pharmanews n° 309 : lien
(1) Professeur Alain Astier. UPREC, Pole de pharmacie ; GHU Henri Mondor, School of Medicine , 94010 Créteil, France.
(2) (3) Présentation du Professeur Alain Astier : « Les biosimilaires, réalités, intérêt et impacts économiques – Point de vue du pharmacien hospitalier»
Source : PMA