Article N° 4635
RECHERCHE
Recherche biomédicale : plus de moyens et moins de résultats
Imounachen Zitouni - 18 août 2015 22:44Depuis une cinquantaine d'années, l'investissement dans la recherche n'a pas porté ses fruits. C’est la conclusion d'une étude publiée lundi 17 août 2015 dans les Comptes-rendus de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS).
En effet, depuis 1965 le nombre de chercheurs a été multiplié par plus de neuf et le budget des Instituts nationaux de la santé (NIH) a quadruplé, mais le nombre de nouveaux médicaments approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) a seulement doublé pendant la même période. Quant au gain en espérance de vie, il est resté constant à environ deux mois par an, précisent les auteurs.
"L'objectif de la recherche biomédicale est d'améliorer la santé, mais on constate de plus en plus de frictions dans le système", relève le Dr Arturo Casadevall, professeur de microbiologie moléculaire à l'Université Johns Hopkins à Baltimore (Maryland), un des deux co-auteurs. "Nous dépensons plus d'argent seulement pour obtenir les mêmes résultats que nous avions dans le passé...", résume-t-il notant que nombre des médicaments les plus efficaces pour traiter des pathologies ont été mis au point il y a plusieurs décennies, dont l'insuline pour traiter le diabète ou les bêta-bloquants pour les maladies cardiaques.
Selon le Dr Anthony Bowen, de la faculté de médecine Albert Einstein à New York, et autre co-auteur, "une confluence de facteurs paraissent expliquer ce manque de rendement des fonds investis dans la recherche médicale". Ces deux chercheurs citent entre autres un accroissement de la bureaucratie et des réglementations sur la recherche comme par exemple le long processus pour obtenir l'autorisation de faire des prélèvements sanguins, ou le fait de devoir remplir des demandes compliquées pour le moindre déplacement à une conférence. D'autres experts ont aussi fait valoir que la recherche a fait les percées médicales "faciles" et s'attaque désormais à des maladies plus complexes comme Alzheimer, et la plupart des cancers et des pathologies auto-immunes.
Source : http://www.sciencesetavenir.fr/