Article N° 5069

RECHERCHE

Des chercheurs ont reconstitué un œsophage in vivo

Imounachen Zitouni - 25 avril 2016 16:21

 

Une équipe états-unienne vient de rendre public le résultat d'une intervention de reconstitution de l'œsophage, réalisée selon une technique totalement innovante. L'intervention, pratiquée chez un patient de 24 ans, faisait suite à la destruction de l'œsophage liée à un abcès médiastinal compliqué. L'œsophage présentait une interruption sur toute sa circonférence et sur environ 5 cm de hauteur avec communication entre l'hypopharynx et le médiastin.

La réparation n'a toutefois pas été très simple. Au cours d'une endoscopie, un stent en métal, de 18 mm de diamètre et 120 mm de long, auto-extensible, recouvert d'une membrane de polyuréthane, a été disposé de manière à rétablir la continuité entre les parties haute et basse de l'œsophage. Une matrice extra-cellulaire est venue ensuite recouvrir le stent et a été enduite de gel de plasma riche en plaquettes, préparé à partir du sang du patient. Mais 4 semaines plus tard, la migration du stent a obligé à ré-intervenir. Deux autres stents ont été disposés et alignés à la façon d'un télescope, pour améliorer l'ancrage. Le dispositif devait être enlevé 12 semaines après, mais finalement, le patient, estimant qu'il allait bien et craignant une sténose ou une fistule après le retrait, ne se présentera pas pour l'intervention. Il reviendra au bout de 3 ans, avec une dysphagie et des régurgitations, qui seront attribuées à un tissu granulomateux développé au contact du stent et obstruant la partie basse du stent distal. Les stents sont alors enlevés.

L'endoscopie réalisée 8 semaines plus tard confirme la reconstitution complète de la muqueuse œsophagienne, sans sténose ni fuites. Les biopsies de la muqueuse du néo-œsophage montrent un épithélium squameux stratifié, une paroi en 5 strates normale et la manométrie et l'impédancemétrie mettent en évidence une bonne mobilité péristaltique avec transit du bol alimentaire. Quatre ans après le retrait des stents, le patient peut manger normalement et se maintient à un poids normal.

Les auteurs précisent qu'ils n'ont utilisé que des matériaux disponibles commercialement au moment de l'intervention. Il s'agit d'une intervention de réparation réellement innovante, permettant la reconstitution de l'œsophage dans ses 3 dimensions, dans son milieu naturel in vivo, avec des techniques de régénération largement expérimentées chez l'animal.

La méthode devra être testée chez d'autres patients au cours d'essais de phase 1 et 2. Si les résultats sont au rendez-vous, cela pourrait avoir des conséquences capitales pour la prise en charge des patients après résection de l'œsophage. 

Source : JIM