Article N° 4426
CANCER
Un test sanguin pour prédire le cancer du sein
Imounachen Zitouni - 21 avril 2015 08:00Pour mettre au point un test détectant un cancer du sein avant même que la mammographie puisse le déceler, des chercheurs danois se sont inspirés de techniques utilisées dans l'agroalimentaire. Ces techniques font partie d'une toute jeune branche de la science, la métabolomique. Elle consiste à pouvoir étudier les métabolites produits dans une cellule ou un organe. Pour explorer l'intérieur d'une cellule, la résonance magnétique nucléaire (RMN) à protons a été mise en œuvre. Cela permet de repérer un grand nombre de molécules différentes et éventuellement de les identifier. Avec un petit zeste de bio-informatique, cela permet de dresser ce que les chercheurs appellent un «biocontour» pour chaque cellule ou échantillon sanguin étudié.
Dans leurs expériences sur le cancer du sein, les scientifiques ont utilisé les données, y compris sanguines, de 800 femmes appartenant à une vaste population de 57 000 femmes suivies depuis vingt ans: 400 d'entre elles ont développé un cancer du sein dans les deux à sept ans suivant leur premier examen ; l'autre moitié n'en a pas développé.
Pour dresser un portrait-robot le plus détaillé possible des échantillons sanguins analysés, les chercheurs ont sélectionné 129 variables (métabolites) visualisés par la RMN, auxquelles ils ont ajouté 47 données issues des questionnaires posés aux femmes sur leur ascendance, leur mode de vie, etc.
Les profils biologiques et phénotypiques ainsi établis semblent différents selon qu'un cancer du sein menace ou non. «C'est le tableau complet de tous les éléments qui apporte des informations fiables. Un seul élément isolé n'apporte rien», souligne le Pr Lars Dragsted, l'un des auteurs de l'étude.
Les chercheurs revendiquent dans leur étude rétrospective plus de 80 % de réussite dans la prédiction de la survenue d'un cancer du sein de deux à cinq ans après un premier examen. Alors que, disent les auteurs, si une mammographie atteint 75 % de sensibilité et de spécificité, c'est qu'une tumeur, pas forcément cancéreuse, existe déjà.
La cohorte étudiée n'est pas encore assez nombreuse pour avoir des données biostatistiques vraiment irréfutables, mais l'équipe de recherche voudrait tester plus largement leur modèle et l'élargir à d'autres types de cancers.
Source : http://sante.lefigaro.fr