PHARMANEWS
La lettre hebdomadaire de pharmacie.ma
N°716 08 janvier 2024
33591 Destinataires
[ ÉDITORIAL ]
Si l’intelligence artificielle le veut bien !

Par Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie

Récemment, une équipe danoise a dévoilé une étude dans la revue «Nature Computational Science», mettant en lumière la capacité de l'intelligence artificielle (IA) à prédire l'âge du décès avec une précision de 78,8%. Les chercheurs ont alimenté l'algorithme Life2Vec avec les données personnelles de six millions de Danois, comprenant des antécédents médicaux, des informations professionnelles, des revenus, et le lieu de résidence. Ils ont minutieusement analysé 100.000 dossiers de patients âgés de 35 à 67 ans, dont la moitié est décédée sur une période de quatre ans entre 2008 et 2016. Ce modèle intéressant offre la possibilité de prédire les problèmes de santé ou sociaux d'un individu et de mettre en œuvre des actions pour réduire les inégalités touchant un groupe.

Il peut également être exploité par des compagnies d'assurances cherchant à sonder l'espérance de vie de leurs clients. Cet exemple illustre clairement les vastes potentialités de l'IA, destinée à impacter, voire révolutionner tous les secteurs d'activité, y compris la santé.

Dans le domaine de la cancérologie, le projet «ConSoRe» (Continuum Soins Recherche) mis en place par Unicancer et quatre centres pilotes en France vise à organiser les données massives récoltées, permettant aux médecins d'identifier des patients, de visualiser l'évolution de leur maladie, de localiser des dossiers de cancers rares, et d'utiliser des algorithmes pour le traitement. L'IA se révèle également précieuse dans le diagnostic de cancers tels que le mélanome et le cancer du sein, ainsi que dans l'établissement de corrélations entre les données génomiques et les expressions cliniques des cancers.

Les progrès de l'IA s'étendent à la prise en charge thérapeutique avec le développement d'algorithmes prédisant la réponse à la radiochimiothérapie chez les patients atteints d'un cancer du rectum, et la création de programmes d'aide à la décision thérapeutique pour les femmes atteintes d'un cancer du sein. Le domaine de la santé cardiovasculaire peut également tirer profit de l'IA, avec des algorithmes capables de prédire le risque de décès après un infarctus du myocarde ou un AVC (accident vasculaire cérébral).

L'IA trouve également son utilité en gynécologie-obstétrique, améliorant le suivi de la grossesse en suggérant en temps réel au praticien les images nécessaires pour poser un diagnostic en cas de pathologie suspectée. Pour la santé mentale, le projet «PsyCARE» vise à développer en France une IA permettant la détection précoce de la schizophrénie ou d'une psychose chronique.

Les chercheurs insistent sur le fait que l'objectif de leurs travaux n'est pas de remplacer les médecins, mais de les assister dans le diagnostic, le traitement et la prévention. Cependant, des questions éthiques sont soulevées, notamment celles concernant la déshumanisation de la médecine, le consentement éclairé des patients, la responsabilité en cas d'erreur ou de dérèglement de la machine, et la gestion des données collectées. À mesure que des progrès rapides sont réalisés dans le domaine de l’IA, les critiques se multiplient, soulignant les dangers qu’elle représente et appelant à une réglementation.

Face à ces enjeux, l'Union européenne envisage l'adoption d'une nouvelle loi encadrant l'IA, visant à garantir la sécurité, le respect des droits fondamentaux, et à maximiser les avantages technologiques tout en prévoyant des sanctions en cas de non-conformité. L'importance d'une approche proactive de tous les pays, y compris le nôtre, dans cette révolution technologique est cruciale pour en tirer profit en évitant des effets collatéraux indésirables nécessitant la mise en place de garde-fous, dont le déploiement n’est pas à la portée de toutes les nations.

Revue de presse
Exonération de TVA : Les industriels peuvent continuer à livrer les médicaments avec une TVA de 7% jusqu’au 31 mars 2024 Exonération de TVA : Les industriels peuvent continuer à livrer les médicaments avec une TVA de 7% jusqu’au 31 mars 2024

Par un courriel adressé à ses membres, la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP) leur a indiqué que la réunion tenue entre les industriels et le directeur du médicament et de la pharmacie, le Dr Aziz Mrabti, ainsi que les échanges entre ce dernier et le président de la FMIIP, le Dr Mohamed EL Bouhmadi, ont abouti aux décisions suivantes :

  • Les industriels ont la possibilité de continuer à livrer les médicaments avec 7% de TVA et de les facturer en TTC jusqu’au 31 mars au plus tard.
  • Dès la publication au Bulletin officiel (BO) des nouveaux prix, exonérés de TVA, les industriels peuvent commencer à facturer les médicaments avec un taux de TVA à 0% et les livrer avec les nouveaux prix homologués.
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L'hydroxychloroquine : le remède miracle serait responsable d'au moins 17.000 morts ! L'hydroxychloroquine : le remède miracle serait responsable d'au moins 17.000 morts !

Une étude, parue dans la revue «Science», met en évidence un risque accru de décès chez les patients atteints de la Covid-19 traités à l'hydroxychloroquine par rapport à ceux n'ayant pas suivi ce traitement. Selon cette étude, entre mars et juillet 2020, environ 17.000 décès seraient attribués à ce traitement dans six pays, à savoir la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie et les États-Unis.

L'épidémiologiste Pierre Tatevin, responsable du service des Maladies infectieuses au CHU de Rennes, a souligné ces conclusions lors d'une interview qu’il a accordée à «France Inter». Toutefois, des chercheurs du CHU de Lyon estiment que ces chiffres pourraient être largement sous-évalués, notamment en raison de l'exclusion de l'Inde et du Brésil, où le traitement a été largement utilisé sans disposer de données chiffrées suffisantes.

Le professeur Christophe Lega du CHU de Lyon insiste sur le caractère approximatif de ces estimations, soulignant que la mortalité liée à l'hydroxychloroquine est probablement bien plus élevée en raison de la brièveté de la période analysée et du nombre limité de pays inclus dans l'étude.

Cette recherche met en garde contre l'administration d'un traitement potentiellement inutile et toxique à des patients déjà fragiles. Elle révèle également les conséquences néfastes de la promotion médiatique dont a largement bénéficié ce traitement.
Source : ladepeche.fr

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De nouveaux antibiotiques identifiés grâce à l’IA De nouveaux antibiotiques identifiés grâce à l’IA

Des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont utilisé l'apprentissage profond, une forme d'intelligence artificielle, pour découvrir une nouvelle classe d'antibiotiques destinée à traiter les infections causées par Staphylococcus Aureus résistant à la méthicilline (SARM). Cette bactérie résistante serait responsable de plus de 10.000 décès aux États-Unis chaque année.

Cette étude, publiée dans la revue «Nature», démontre l'efficacité de ces composés contre le Staphylococcus Aureus résistant à la méthicilline in vitro et dans des modèles de souris. Ces nouveaux produits, qui présentent une toxicité très faible pour les cellules humaines, feraient d'eux d'excellents candidats pour de futurs médicaments anti-infectieux.

L'innovation clé réside dans la capacité des chercheurs à comprendre les informations utilisées par le modèle d'apprentissage profond pour prédire la puissance antibiotique, ouvrant ainsi la voie à la conception de médicaments plus efficaces.

Pour ce faire, les chercheurs ont formé un modèle d'apprentissage profond en exploitant des données étendues, identifiant des composés capables de tuer les microbes en réduisant les effets indésirables sur les cellules humaines.

L'étude a ainsi abouti à la découverte de composés de cinq classes différentes, prédits comme actifs contre le SARM.

Deux composés de la même classe se sont avérés être des candidats antibiotiques prometteurs, réduisant significativement la population de SARM chez des souris. Les chercheurs ont identifié un mécanisme d'action qui perturbe la capacité des bactéries à maintenir un gradient électrochimique à travers leurs membranes cellulaires.

Ces résultats ont été partagés avec Phare Bio, une organisation à but non lucratif, pour des analyses approfondies. Le laboratoire du MIT travaille à la conception de nouveaux candidats médicamenteux basés sur ces découvertes et à l'exploration d'autres composés contre différentes bactéries. L'étude a été financée par divers organismes et fondations, notamment le projet «Antibiotics-AI» soutenu par l'«Audacious Project».
Source : sciencespo.f

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