Santé : Pas d’accès aux données, pas de visibilité !
Par Abderrahim Derraji, docteur en pharmacie
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM ) vient de mettre en ligne data.ansm, une plateforme en accès libre qui met à la disposition des internautes des données chiffrées sur l’historique des déclarations d’effets indésirables de médicaments, d’erreurs médicamenteuses et des ruptures de stocks de médicaments depuis 2014.
Les internautes ont à leur disposition une seule et même plateforme qui propose des données de l’année précédente (A-1) issues de la base nationale de pharmacovigilance de l’ANSM (base BNPV) qui contient des déclarations d’effets indésirables suspectés d’être dus à des médicaments et de la base Open Medic de l’Assurance Maladie, comportant les informations sur le remboursement des médicaments. Ils auront aussi accès à la base Codex de l’ANSM contenant des informations sur les autorisations de mise sur le marché des médicaments, de la base des erreurs médicamenteuses de l’ANSM et de la base Trustmed de l’ANSM, base qui contient les déclarations de rupture et de risque de rupture de stock de médicaments.
Cet outil, dont les données seront mises à jour au mois d’avril de chaque année, fait partie des 10 projets pilotes retenus au printemps 2019 par le HDH (Health Data Hub) avec comme finalité : promouvoir le partage des données de santé et le développement de projets innovants.
Cette dynamique, qui contribuera à renforcer la transparence, permettra à tous les internautes, qu’ils soient professionnels de santé ou pas, d’avoir accès à des données fiables ce qui peut constituer un vrai rempart contre la désinformation et ses effets délétères sur la santé des citoyens.
Au Maroc, les données sont, d’une manière générale, peu ou pas accessibles. Or, les professionnels de santé, les médias, les chercheurs, et même le grand public ont besoin de données officielles qui peuvent s’avérer d’une grande utilité.
À titre d’exemple, les professionnels de santé ont besoin d’avoir la liste des médicaments en tension d’approvisionnement ou en rupture de stock, la date de remise à disposition des produits concernés par les ruptures et les éventuelles alternatives thérapeutiques, si elles existent. Sans ces informations, l’observance aux traitements risque d'être compromise. Des données exhaustives, officielles et facilement consultables au sujet des médicaments, des effets indésirables et des usages déviants de médicaments sont également des éléments clés qui contribueront à réduire l’iatrogénie des médicaments.
On ose espérer que nos décideurs prendront conscience de la nécessité de travailler sur des projets permettant un meilleur accès aux données de santé. Certes, la transparence peut mettre à nu certaines de nos vulnérabilités, mais avons-nous le choix, sachant que toutes les nations soucieuses de l’amélioration de leur système de santé ont fait de l’accès aux informations et la transparence une priorité ?
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