Hydroxychloroquine : La messe est dite !
Par Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie
Une méta-analyse publiée récemment au «JAMA1» englobant 7 essais randomisés prospectifs menés sur les cinq continents, soit environ 1.700 patients souffrant d’une forme sévère de la Covid-19, vient de révéler que l’administration de corticoïdes et plus particulièrement la déxaméthasone s’accompagne d’une baisse de 33% de la mortalité à 28 jours. En d’autres termes, seule la dexaméthasone n’a pas déçu !
En effet, l’essai clinique Solidarity2 mené dans plus de 30 pays et coordonné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que les schémas thérapeutiques à base de remdesivir, d’hydroxychloroquine (HCQ), de lopinavir/ritonavir et d’interféron semblent n'avoir que peu ou pas d’effets sur la mortalité à 28 jours ou sur l’évolution de la maladie chez les patients hospitalisés.
Et comme c’était prévisible, l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM - France) vient d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de l’HCQ en donnant une réponse défavorable à la demande de RTU (Recommandations temporaires d'utilisation) de l'HCQ dans la prise en charge de la maladie Covid-19 formulée par l’IHU de Marseille. Selon un communiqué du 23 octobre, l’ANSM a pris cette décision en s'appuyant sur les nombreuses études récentes publiées sur l’efficacité et la sécurité de l’HCQ, ainsi que sur les dernières recommandations du Haut Conseil de santé publique (HCSP) du 23 juillet 2020.
Pour l’Agence française, à ce jour, les données disponibles, très hétérogènes et inégales, ne permettent pas de présager d’un bénéfice de l’HCQ, seule ou en association, pour le traitement ou la prévention de la maladie Covid-19.
Or, il ne s’agit pas de n’importe quelle molécule ! Le Maroc et d'autres pays du Maghreb l’utilisent largua manu depuis le début de la pandémie. L’apport de cette molécule a souvent été sujet à discussion en raison de ses données de sécurité disponibles notamment en France. Celles-ci ont révélé que des risques majorés, notamment cardio-vasculaires, remettent en question le rapport bénéfice/risque favorable de l’HCQ, et ce, quel qu’en soit le contexte d’utilisation.
Aussi, on ose espérer que le Maroc finira, lui aussi, par prendre en considération ces nouvelles données importantes pour mettre à jour son protocole de prise en charge de la Covid-19. En faisant de la sorte, il évitera à nos concitoyens les événements indésirables d’un traitement dont l’efficacité n’a toujours pas été démontrée dans la prise en charge du Sars-CoV-2 !
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