Article N° 8224
PALUDISME - GanLum - NOVARTIS
GanLum : un nouvel espoir face à la résistance croissante du paludisme
Abderrahim Derraji - 16 novembre 2025 19:34Un nouveau médicament expérimental, baptisé GanLum et développé par le groupe pharmaceutique Novartis, pourrait représenter l’avancée la plus importante dans le traitement du paludisme depuis plusieurs décennies. C’est ce que suggèrent les résultats d’un essai clinique de phase avancée, mené dans 12 pays africains et incluant près de 1 700 participants.
Le paludisme reste l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde. En 2023, on dénombrait 263 millions de cas et 597 000 décès, dont une écrasante majorité sur le continent africain. Les enfants de moins de cinq ans représentent à eux seuls 75 % des décès, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Face à ce fardeau sanitaire massif, toute innovation thérapeutique est un réel espoir.
Aujourd’hui, le traitement de référence en Afrique repose sur les thérapies combinées à base d’artémisinine (ACT), déployées depuis le début des années 2000. Mais ces dernières années, l’OMS a tiré la sonnette d’alarme : des souches du parasite Plasmodium falciparum montrent des signes de résistance partielle dans plusieurs pays, notamment le Rwanda, l’Ouganda et l’Érythrée. Cette évolution menace directement l’efficacité des ACT, qui constituent le pilier de la lutte antipaludique.
C’est dans ce contexte préoccupant que le traitement GanLum suscite un vif intérêt. Contrairement aux ACT, ce nouveau traitement repose sur deux molécules différentes, précisément sélectionnées pour contourner les mécanismes de résistance émergents. Les résultats de l’essai clinique sont particulièrement encourageants : 85,3 % des patients traités par GanLum étaient exempts de symptômes et de parasites après quatre semaines, contre 82,1 % pour le groupe traité par la thérapie standard. Selon l’analyse globale de Novartis, cela correspond à un taux de guérison de 99,2 %, supérieur à celui des traitements actuels (96,7%).
Le professeur Abdoulaye Djimdé, expert basé à l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (Mali), estime que GanLum pourrait représenter «la plus grande avancée dans le traitement du paludisme depuis des décennies». Cet expert souligne la menace croissante que représente la résistance pour l’Afrique et l’urgence de disposer d’alternatives efficaces.
Le médicament pourrait également avoir un effet sur la transmission du paludisme, comme l’affirme le Dr Shreeram Aradhye, directeur médical chez Novartis. Cette double action combinant traitement et réduction de la transmission, en ferait une arme majeure pour les programmes de santé publique.
Cependant, plusieurs limites subsistent. Les résultats n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique avec comité de lecture. De plus, l’essai n’a concerné que des cas de paludisme aigu non compliqué dus à Plasmodium falciparum. La Dr Alena Pance, généticienne à l’Université du Hertfordshire, souligne qu’il manque encore des données sur l’efficacité de GanLum contre d’autres espèces de parasites, ainsi que contre les formes graves ou cérébrales de la maladie, souvent mortelles.
Malgré ces réserves, les experts s’accordent sur le caractère extrêmement prometteur de ce nouveau traitement. Novartis prévoit d’ailleurs de soumettre rapidement une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités réglementaires.
Source : novartis.com
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