Article N° 8158
PÉNURIE DE MÉDICAMENTS - MEXIQUE
Mexique : la rue s’embrase face aux pénuries de médicaments vitaux
Abderrahim Derraji - 12 août 2025 14:58Au Mexique, la pénurie de médicaments, notamment contre le cancer, prend des proportions alarmantes et suscite une vague de colère populaire. En 2024, près de 30 % des traitements faisaient déjà défaut, et la situation reste critique en 2025. Le week-end dernier, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Mexico et dans d’autres villes du pays, répondant à l’appel des associations Nariz Roja A.C et Con Causa, pour réclamer un approvisionnement urgent dans les hôpitaux publics.
Sur la grande avenue Reforma à Mexico, une centaine de manifestants, pancartes et peluches en main, ont exprimé leur désespoir. Parmi eux, Alexis, 13 ans, soigné en oncologie, déplore l’absence de chimiothérapie disponible. Sa mère raconte leur détresse : à l’hôpital, on leur annonce que le traitement n’est pas disponible. Ils doivent alors emprunter ou trouver de l’argent pour l’acheter eux-mêmes, une charge financière insoutenable pour de nombreuses familles.
Les pénuries touchent particulièrement les médicaments anticancéreux, parfois indisponibles depuis plus d’un an, provoquant retards de soins et interruptions de chimiothérapies. Les manifestants exigent non seulement un réapprovisionnement immédiat, mais aussi une meilleure efficacité dans la chaîne de distribution.
L’origine du problème remonte à la politique anticorruption de l’ex-président Andrés Manuel López Obrador, qui a lancé une vaste offensive contre le trafic et les pratiques douteuses dans la distribution de médicaments. Si cette démarche visait à assainir le secteur, elle a aussi désorganisé toute la chaîne d’approvisionnement, aggravant les ruptures de stocks.
Alejandro Barbosa, directeur de Nariz Roja, dénonce les promesses non tenues du gouvernement : les autorités avaient assuré un retour des traitements en mars, puis en avril, et enfin en juillet — sans résultat. « La vie n’est pas un jeu », martèle-t-il.
Le ministère de la Santé affirme que 96 % des stocks manquants ont été achetés en juillet, mais sur le terrain, patients et médecins n’en voient toujours pas les effets. La présidente Claudia Sheinbaum a déclaré que le blocage ne relevait pas des achats, mais de la disponibilité pour la distribution, laissant planer le doute sur la capacité réelle du système à résoudre rapidement cette crise sanitaire.
Source : RFI