Article N° 8130
INDUSTRIE PHARMA FRANCE
Médicaments : pourquoi les laboratoires boudent la France
Abderrahim Derraji - 22 juin 2025 21:51La France, deuxième marché pharmaceutique d’Europe, voit son attractivité diminuer aux yeux des laboratoires. Selon le baromètre annuel du Leem ( Les Entreprises du médicament ), 64 % des dirigeants du secteur n’envisagent pas d’y investir au cours des trois prochaines années. Ce désengagement s’explique par plusieurs obstacles : des prix de médicaments strictement encadrés (inférieurs de 11 à 16 % à la moyenne européenne), des délais d’accès au marché trop longs (523 jours contre 50 en Allemagne), ainsi qu’une instabilité politique et fiscale qui compromet la visibilité indispensable à tout projet d’investissement industriel.
Clarisse Lhoste, Présidente de MSD France et Présidente de la Commission Communication du Leem, souligne que ces conditions dissuadent les maisons mères d’investir en France au profit d'autres pays comme l’Allemagne ou la Chine. Le manque de visibilité à long terme, associé à une fiscalité jugée «illisible et punitive», renforce cette tendance. Résultat : seuls 60 % des médicaments autorisés par l’Union européenne sont disponibles en France, et à peine 9 % des nouveaux traitements vendus en Europe y sont fabriqués.
Face à ce constat, le Leem appelle à une réforme ambitieuse de la politique du médicament. L’organisation propose de revoir le mode de fixation des prix, d’introduire des incitations fiscales pour la production locale, et de mettre en place une loi de programmation en santé, pilotée de manière interministérielle. Objectif : renforcer la souveraineté sanitaire et refaire de la France un pôle d’innovation pharmaceutique attractif. Le Leem rappelle enfin que chaque euro investi dans le secteur du médicament génère 2,10 euros de richesse pour l’économie française.
Source : LEEM