Article N° 8020
Femmes : Santé cardiovasculaire
Santé cardiovasculaire : les femmes ne sont pas épargnées, bien au contraire
Abderrahim DERRAJI - 01 février 2025 12:32Les maladies cardiovasculaires constituent la deuxième cause de mortalité chez aussi bien chez l’homme que chez la femme, comme le rappelle l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale - France) dans une analyse publiée sur son Canal Detox. Si les femmes ont généralement un cœur plus petit et des vaisseaux sanguins plus fins, elles sont tout aussi vulnérables aux pathologies cardiaques, voire plus dans certains cas.
Depuis vingt ans, les hospitalisations pour syndrome coronarien aigu augmentent, particulièrement chez les femmes de moins de 65 ans. Cette tendance s’explique par des facteurs de risque bien identifiés : baisse de l’activité physique, augmentation du tabagisme, de la consommation d’alcool, de l’obésité et du diabète de type 2. Autrefois sous-estimé, le risque cardiovasculaire chez les femmes est désormais mieux reconnu, mais des lacunes persistent dans la recherche et la prise en charge.
Un problème majeur réside dans le manque de représentation des femmes dans les essais cliniques. Une étude de 2020 a révélé que seulement 36 % des participants à ces essais étaient des femmes, ce qui limite la compréhension des spécificités féminines en matière de santé cardiovasculaire. Cette sous-représentation a des conséquences directes sur les diagnostics et les traitements, souvent basés sur des données majoritairement masculines.
Les symptômes des maladies cardiovasculaires diffèrent également entre les sexes. Chez les hommes, un syndrome coronarien aigu se manifeste souvent par des douleurs thoraciques ou une sudation excessive. Chez les femmes, les symptômes sont plus fréquemment atypiques : douleurs dorsales, nausées, vomissements et essoufflement. Ces signes, moins évocateurs, peuvent retarder le diagnostic et la prise en charge.
Certaines pathologies cardiovasculaires touchent davantage les femmes. Par exemple, le syndrome du cœur brisé, déclenché par un choc émotionnel intense, affecte principalement les femmes ménopausées. Il provoque une défaillance cardiaque soudaine due à un spasme des coronaires causé par une libération massive d’hormones du stress. Autre exemple : la dissection spontanée de l’artère coronaire, qui survient neuf fois sur dix chez des femmes jeunes et en bonne santé, probablement sous l’influence de facteurs hormonaux.
En conclusion, il est essentiel de reconnaître les spécificités féminines des maladies cardiovasculaires et de promouvoir une prévention équilibrée entre les sexes. Les symptômes dits «atypiques» chez les femmes ne le sont en réalité que par rapport à ceux des hommes, et méritent plus de vigilance. Une meilleure inclusion des femmes dans les recherches et une sensibilisation accrue aux risques cardiovasculaires spécifiques sont des étapes primordiales pour améliorer leur prise en charge.
Source : Univadis