Article N° 7972

RAM

Résistance aux antimicrobiens : Il est temps de joindre le geste à la parole !

ABDERRAHIM DERRAJI - 24 novembre 2024 23:04

La résistance aux antimicrobiens (RAM) se dresse aujourd’hui comme l’une des plus graves menaces sanitaires mondiales. Avec 1,3 million de décès annuels, elle tue désormais plus que le VIH et le paludisme réunis. Ce fléau ne se résume pas à des chiffres, il remet en cause les fondements mêmes de la médecine moderne, compromettant des pratiques essentielles telles que la chirurgie, les soins intensifs et la prise en charge des infections courantes.
 

Une enquête menée par l’Académie de chirurgie en France révèle l’ampleur de l’inquiétude chez les professionnels de santé. Sur 269 chirurgiens interrogés, 96% estiment qu’ils seront confrontés à un problème d’antibiorésistance à l’avenir. Cependant, seuls 33% se disent bien informés sur ce sujet. Paradoxalement, 60% prolongent l’antibioprophylaxie après leurs interventions, une pratique pourtant déconseillée qui favorise l’émergence de résistances bactériennes. Ce constat souligne un cercle vicieux : par prudence ou méconnaissance, des antibiotiques sont prescrits de manière excessive ou inappropriée, aggravant la situation.
 

Pour briser cette spirale, des actions ciblées s’imposent. Les experts identifient plusieurs leviers essentiels :
 

  • Renforcer les mesures d’hygiène : appliquer rigoureusement les protocoles pour prévenir les infections nosocomiales.
  • Promouvoir la vaccination : prévenir les infections bactériennes en amont afin de limiter le recours aux antibiotiques.
  • Encourager une antibioprophylaxie raisonnée : réserver l’utilisation des antibiotiques aux situations où ils sont strictement nécessaires.
     

Ces mesures doivent être accompagnées d’une sensibilisation renforcée des professionnels de santé, dès leur formation initiale. Elle exige également l’adoption d’une approche globale et collaborative, selon le principe «Une seule santé».
 

À l’occasion de la Semaine mondiale de la RAM (18-24 novembre), les professionnels de santé, les acteurs de l’agriculture et de l’environnement ont été appelés à collaborer. Cette synergie doit s’appuyer sur des engagements politiques ambitieux, notamment lors de la Quatrième Conférence ministérielle mondiale sur la RAM, prévue en Arabie saoudite en 2024.

La lutte contre la RAM est une responsabilité collective, impliquant professionnels, gouvernements, industries et citoyens. Elle exige une réduction drastique des prescriptions inutiles, une meilleure coordination intersectorielle et une sensibilisation accrue des populations. Sans action immédiate, la médecine moderne risque de vaciller.

Éduquer, promouvoir et agir : le temps de l’action, c’est maintenant…

Source : PharmaNEWS