Article N° 7956

MALADIE D'ALZHEIMER

Un traitement de la leucémie pourrait être utiliser pour traiter la démence à corps de Lewy

ABDERRAHIM DERRAJI - 17 juin 2025 06:07

Le nilotinib, un médicament approuvé pour la leucémie myéloïde chronique, montre des effets prometteurs dans la démence à corps de Lewy (DCL), selon une étude de phase 2. Cet essai, randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, a révélé que le nilotinib améliore certains biomarqueurs et capacités cognitives chez les patients atteints de DCL. Les résultats confirment une étude antérieure suggérant que ce traitement pourrait modifier la progression de maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer et les troubles cognitifs légers. Dr Raymond Scott Turner, de la Georgetown University School of Medicine, souligne l'intérêt du repositionnement des inhibiteurs de la tyrosine kinase pour les maladies neurodégénératives.
 

Le nilotinib cible les récepteurs du domaine discoïdine, traverse la barrière hémato-encéphalique et réduit potentiellement les plaques bêta-amyloïdes et les enchevêtrements de tau. Dans l'étude, 43 patients atteints de DCL ont reçu soit 200 mg de nilotinib soit un placebo pendant six mois. Bien que certaines différences dans les biomarqueurs ne soient pas statistiquement significatives, des améliorations importantes ont été notées dans la dopamine du liquide céphalo-rachidien, suggérant un impact positif sur la neurotransmission dopaminergique.
 

Les scores cognitifs des patients se sont améliorés de manière significative après trois mois avec le nilotinib, y compris sur l’échelle ADAS-Cog14 (2,8 points de plus que le placebo) et sur la partie cognitive de l'UPDRS. En outre, des tendances d’amélioration ont été observées dans d’autres évaluations fonctionnelles et cognitives, telles que le MoCA et l’ADL. Le nilotinib a également réduit les symptômes comportementaux (irritabilité, apathie) rapportés par les soignants et les fluctuations cognitives.
 

Le nilotinib a été bien toléré par les participants, avec moins d'effets indésirables notés par rapport au groupe placebo, et moins de chutes (70 % de réduction). Cela pourrait être lié aux améliorations cognitives observées. Dr Turner mentionne également que d'autres inhibiteurs de la tyrosine kinase méritent une exploration plus approfondie pour la maladie de Parkinson, Alzheimer et la DCL.
 

Heather Snyder, de l'Alzheimer's Association, affirme que la CTAD 2024 (Clinical Trials on Alzheimer's Disease) a mis en lumière de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les maladies causant la démence. Les prochaines étapes de recherche incluront des études de grande envergure dans des populations diversifiées, renforçant ainsi la diversité des options cliniques pour traiter ces maladies.
 

L'étude a été financée par les National Institutes of Health. L’investigateur Charbel Moussa détient un brevet pour l’usage des inhibiteurs de la tyrosine kinase dans les maladies neurodégénératives, brevet concédé sous licence exclusive à KeifeRx, dont il est aussi conseiller et actionnaire.

Source : Medscape