Article N° 7918

MÉDICAMENTS PÉRIMÉS

Tous ces médicaments considérés comme périmés et qui ne le sont pas !

ABDERRAHIM DERRAJI - 22 septembre 2024 20:25

En ces temps de pénurie de médicaments, un sujet préoccupant refait surface : le gaspillage massif de médicaments encore efficaces, notamment ceux à base de paracétamol et d'ibuprofène. Une enquête publiée par l'«UFC-Que Choisir» (France) révèle que la plupart des médicaments testés restent efficaces bien au-delà de leur date de péremption. Ces résultats, obtenus grâce à des tests exclusifs sur des boîtes de comprimés périmées, questionnent la pertinence des dates de péremption affichées sur les emballages.
 

Selon l'étude, réalisée sur 30 boîtes de médicaments «périmés», 80% contiennent encore une quantité suffisante de substance active pour garantir leur efficacité. Un fait surprenant : certaines boîtes de paracétamol, dont la date de péremption remonte à 1992, présentaient encore 100% de substance active. Ces données soulèvent des doutes sur l'exactitude des dates de péremption. Si un médicament reste efficace après 30 ans, pourquoi encourager un tel gaspillage ?
 

Ce gaspillage a un impact triple. Premièrement, sur le plan économique, il engendre un coût considérable pour le système de santé, les hôpitaux, l'assurance maladie, ainsi que pour les consommateurs. Le renouvellement prématuré des stocks entraîne des dépenses inutiles, affectant particulièrement les patients qui doivent acheter des médicaments régulièrement, parfois sans en avoir besoin.
 

Deuxièmement, sur le plan environnemental, la destruction de médicaments encore efficaces crée une production excessive de déchets. Bien que des dispositifs spécifiques existent pour leur collecte, beaucoup finissent par polluer l'environnement lorsqu'ils ne sont pas traités correctement. Ce gaspillage contribue à l'augmentation des déchets toxiques et pose un problème de gestion des ressources à long terme.
 

Enfin, d’un point de vue sanitaire, jeter des médicaments encore utilisables accentue les tensions d'approvisionnement, en particulier pour des substances comme le paracétamol, sujet à des pénuries dans plusieurs pays ces dernières années. Réduire ce gaspillage pourrait atténuer les crises d’approvisionnement, permettant ainsi aux patients de bénéficier de traitements essentiels.

L’«UFC-Que Choisir» souligne également que ces pratiques ne semblent ni inéluctables, ni fondées sur des critères scientifiques rigoureux. En effet, les régulations françaises, plus strictes que celles des autorités américaines, tolèrent des durées de conservation beaucoup plus courtes. Cela suscite une question légitime : pourquoi fixer une date de péremption aussi courte si l’efficacité des médicaments peut être garantie au-delà ?

 

En réponse, l’«UFC-Que Choisir» a saisi l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour qu’elle revoie son cadre réglementaire. L'association plaide pour un alignement des pratiques avec les réalités scientifiques et une transparence accrue sur la durabilité des médicaments. Une telle réforme pourrait limiter un gâchis aux conséquences bien connues : un fardeau économique, environnemental, et des tensions d’approvisionnement évitables.

En somme, dans un contexte où la consommation responsable est de plus en plus prônée, il est urgent de traiter la question du gaspillage des médicaments avec le sérieux qu'elle mérite.

1. quechoisir.org

Source : PharmaNEWS