Article N° 7855

POLLUTION

Les rivières de plus en plus polluées par les médicaments

Abderrahim DERRAJI - 22 juin 2024 12:00

La présence de médicaments tels que les contraceptifs, les antidépresseurs, les antibiotiques et bien d'autres dans les rivières a des conséquences graves et alarmantes sur les écosystèmes. Des études ont montré que de nombreux poissons subissent des transformations biologiques préoccupantes, comme une féminisation des organes reproducteurs et une diminution des réactions de fuite face aux prédateurs, dues à l'exposition à ces substances chimiques dans l'eau. Face à ce constat, une équipe internationale de chercheurs souligne l'urgence de développer des solutions alternatives plus écologiques pour prévenir ces effets néfastes.
 

Les concentrations de médicaments retrouvées dans les rivières sont à un niveau préoccupant. Une étude menée en 2021 a révélé que 43% des échantillons d'eau prélevés dans plus de 1.000 rivières à travers le monde contenaient au moins un médicament à des concentrations nocives pour l'environnement. Parmi les médicaments les plus fréquemment détectés, on retrouve la carbamazépine, la metformine et la caféine.
 

L'absence de traitement adéquat des eaux usées constitue un problème majeur. En effet, les stations d'épuration ne sont souvent pas équipées pour éliminer efficacement les médicaments, et une grande partie des eaux usées produites dans le monde est rejetée dans l'environnement sans traitement préalable. Pour remédier à cette situation, le Parlement européen a récemment adopté une législation contraignant les industries pharmaceutiques et cosmétiques à financer la modernisation des stations d'épuration afin qu'elles puissent éliminer efficacement les micropolluants.
 

Michael Bertram, de l'Université suédoise des sciences agricoles, préconise une transformation de l'industrie pharmaceutique vers la chimie verte. Il suggère le développement de médicaments qui se dégradent rapidement dans l'environnement, minimisant ainsi leur impact néfaste. Cette approche s'inspire du succès des produits «sans OGM» ou «sans pesticides» déjà disponibles sur le marché.
 

Valérie Langlois, de l'Institut national de la recherche scientifique, souligne que la situation s'aggrave et que des solutions comme la chimie verte prennent du temps à se mettre en place. Elle propose également de réduire la prescription de médicaments en s'attaquant aux causes profondes de certaines conditions, comme l'anxiété, afin de diminuer le recours aux médicaments.
 

Il est important de noter que la pollution des rivières ne se limite pas aux médicaments. Les microplastiques, les PFAS (substances perfluoroalkylées) et les pesticides font également partie des polluants courants, aggravant encore la situation. Une approche globale et simultanée est nécessaire pour faire face à cette crise environnementale complexe.

Source : lapresse.ca