Article N° 7853

TROUBLE BIPOLAIRE

Un test sanguin pour diagnostiquer le trouble bipolaire

Abderrahim DERRAJI - 22 juin 2024 11:56

Des chercheurs viennent de mettre au point un test sanguin permettant d’identifier les biomarqueurs associés au trouble bipolaire, réduisant ainsi les erreurs de diagnostic.
 

Le trouble bipolaire touche entre 650.000 et 1,6 million de personnes en France, avec un retard moyen de diagnostic de 8 à 10 ans. Ce retard est préjudiciable pour les personnes atteintes de trouble bipolaire, contribuant au nombre de suicides chez celles qui n’ont pas bénéficié à temps des traitements appropriés. Ce retard explique également les hospitalisations fréquentes et les comorbidités. Environ 40% des patients bipolaires sont initialement diagnostiqués à tort comme dépressifs en raison du chevauchement des symptômes et du manque d'outils diagnostiques objectifs.

Selon une étude publiée dans «JAMA Psychiatry», les patients consultent souvent en période de dépression, entraînant des erreurs de diagnostic. Le Dr Jakub Tomasik de l’Université de Cambridge souligne l’importance d’incorporer des tests basés sur les biomarqueurs pour différencier le trouble dépressif caractérisé du trouble bipolaire. Ces deux pathologies nécessitent des traitements différents.


Pour obtenir un diagnostic précis, une évaluation psychiatrique complète est essentielle, mais cette évaluation est particulièrement chronophage. Les chercheurs de Cambridge ont identifié chez les sujets souffrant de trouble bipolaire une signature de biomarqueurs métabolomiques distincte de celle observée en cas de trouble dépressif caractérisé.


L’analyse diagnostique, conduite entre février 2022 et juillet 2023, a utilisé les échantillons et les données de l’essai Delta, mené au Royaume-Uni entre 2018 et 2020, afin d’identifier le trouble bipolaire chez des patients diagnostiqués comme dépressifs au cours des cinq dernières années. Les participants ont été recrutés en ligne et soumis à une évaluation psychiatrique et un test sanguin. Les échantillons ont été analysés par spectrométrie de masse. Sur 241 patients étudiés (moyenne d’âge : 28,1 ans, 70,5% de femmes), 27,8% ont été diagnostiqués comme bipolaires. La combinaison des données sur les biomarqueurs et des informations rapportées par les patients a amélioré significativement les performances diagnostiques des modèles basés sur des données démographiques et des scores de questionnaires.

Les chercheurs suggèrent que le test sanguin pourrait diagnostiquer jusqu’à 30% des patients bipolaires, mais qu’il est plus efficace lorsqu’il est associé à une évaluation numérique de la santé mentale. Le Dr Tomasik note que certains patients préfèrent le test des biomarqueurs qu’ils jugent plus objectif. Sabine Bahn, professeure à l'Université de Cambridge, ajoute que la combinaison des deux approches donne un meilleur résultat.


En plus d’avoir fourni une preuve de concept pour le développement d’un test de biomarqueurs accessible, les résultats ont également mis en évidence l’implication potentielle des céramides dans les mécanismes physiopathologiques des troubles de l’humeur.

Le Dr Tomasik estime que diagnostiquer le trouble bipolaire via un simple test sanguin pourrait garantir un traitement approprié dès la première visite et réduire la pression sur les professionnels de santé.

Un tel test ouvrirait la voie à un diagnostic plus précoce, éviterait des décès et permettrait au NHS d’économiser temps et ressources sur des traitements inappropriés pour les patients bipolaires mal diagnostiqués.

Source : Univadis

Source : Univadis