Article N° 7650

OXYCONTIN

OxyContin : la bourse et la vie !

Abderrahim Derraji - 27 août 2023 23:02

Depuis le 10 août 2023, la plateforme de streaming Netflix diffuse la série «Painkiller». Cette production en six épisodes revient sur les dérives, à peine croyables, qui avaient accompagné la mise sur le marché et la promotion de l’OxyContin, opioïde ayant occasionné le décès d’environ 300.000 personnes par overdose aux États-Unis.
 

Ce puissant analgésique à base d’oxycodone mis sur le marché américain depuis 1996 a été présenté par Richard Sackler, fondateur et président de PurDue Pharma, comme un traitement miracle capable de changer la vie des malades souffrant de douleurs. Malheureusement, ce que ce médecin de formation passait sous silence, c’est la forte addiction de cet opioïde qui s’accompagne d’un besoin impérieux d’augmenter les doses qui finit par emporter le consommateur d’Oxycontin.
 

L’héroïne de la série «Painkiller» est une avocate travaillant pour le compte d’un procureur de la Caroline du Nord. Cette dernière a découvert le pot aux roses fortuitement en enquêtant sur des prescriptions frauduleuses.

Convoquée des années après le scandale par de nouveaux enquêteurs, l’avocate raconte comment elle a procédé pour faire tomber la famille Sackler.

Pour booster ses ventes en OxyContin, le patron de PurDue avait fait appel à une armée de représentants dont la mission était de convaincre les médecins de prescrire le plus possible d’Oxycontin à leurs patients. Pour les persuader, les représentants de PurDue Pharma n’hésitaient pas à dissimuler l’addiction induite par l’oxycodone.

Pour rapprocher les spectateurs du calvaire que vivaient les utilisateurs de ce produit, la série relate l’histoire de Glen Kryger, un garagiste mis sous oxycodone à la suite d’un grave accident. Au début du traitement, il a été très satisfait et a même repris son travail, mais le traitement miracle a rapidement viré au cauchemar. 

D’autres séries ont également été consacrées aux scandales des opioïdes comme «The pharmacist» diffusée aussi par Netflix et la mini-série «Dopesick» qui a été mise en ligne par Disney en 2021.

Toutes ces séries nous interpellent sur les dangers que font peser ces produits sur la société, qui n’est souvent pas préparée pour faire face à de tels fléaux. Ces séries pointent également du doigt l’incapacité des autorités sanitaires à mettre en place les garde-fous nécessaires pour se prémunir contre une promotion agressive et non éthique de ces produits qui sont, par ailleurs, indispensables dans la prise en charge de la douleur.

Au Maroc, les opioïdes inscrits au tableau «B» sont très difficiles à obtenir, y compris pour les patients qui en ont vraiment besoin. Par contre, on assiste de plus en plus à une forte demande de benzodiazépines, gabapentine, prégabaline, tramadol, etc.

Mais ce qui inquiète particulièrement les autorités ces derniers mois, c’est «lboufa», nouvelle drogue fabriquée à base de résidus de cocaïne et de matières chimiques. Cette drogue se propage de plus en plus parmi les jeunes, particulièrement dans certains quartiers de Casablanca. Les témoignages sur les réseaux sociaux font froid au dos et les autorités marocaines sont sur le qui-vive.

Dans une réponse à un député du Mouvement populaire sur la prolifération du trafic de «lboufa», le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a indiqué que la police a saisi environ 3 kg de cette drogue et a également procédé à l’arrestation de 282 personnes entre janvier et juin 2023. Par ailleurs, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a organisé, durant l’année scolaire 2022-2023, des campagnes de sensibilisation dans 8.675 établissements.

Malheureusement, ces mesures nécessaires et louables risquent de ne pas suffire tant qu’on ne s’attaque pas aux raisons qui poussent ces jeunes à consommer des produits aussi dangereux.

Source : PharmaNews