Article N° 7560

MESUSAGES

Pharmacien, dernier rempart contre le mésusage

Abderrahim DERRAJI - 12 mars 2023 21:29

Tous les jours que Dieu fait, les médicaments sauvent des vies. On doit en grande partie l’augmentation de l’espérance de vie aux différentes classes thérapeutiques mises sur le marché. Seulement, les médicaments peuvent également s’avérer dangereux s’ils sont mal utilisés, et les mésusages ne datent pas d’aujourd’hui.

En effet, le médecin et philosophe suisse Paracelse disait : «Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison». Cette citation, qui pourrait s’appliquer à la majorité des médicaments, explique la méfiance des professionnels de santé vis-à-vis des mésusages des médicaments en général, et de celui de certaines spécialités en particulier.

Cette utilisation intentionnelle et inappropriée d’un médicament, non conforme à l’autorisation de mise sur le marché ou à l’enregistrement, ainsi qu’aux recommandations de bonnes pratiques, peut être responsable d’effets indésirables ayant un réel impact sur la qualité de vie des patients.

Un des exemples de ces mésusages les plus connus au Maroc est l’utilisation larga manu de la cyproheptadine comme orexigènes. Les corticoïdes, qui sont des médicaments à prescription obligatoire, peuvent être utilisés dans ce but,mais ils sont difficiles à avoir sans ordonnance. 

Les benzodiazépines dont l’apport dans certaines pathologies est indiscutablefont également l’objet de mésusages. La dépendance que cette classe thérapeutique engendre combinée à son usage supposé «récréatif», explique l’engouement de certains usagers et des trafiquants pour ces médicaments dont la dispensation a fait basculer des pharmaciens du statut d’honorables professionnels de santé à celui de «trafiquants de substances illicites».

Les utilisateurs de ces substances qui ont de plus en plus de mal à se les procurer essayent d’autres recettes qui sont utilisées dans d’autres comme le tramaldol. Les sirops à base de codéine qui sont à prescription facultative sont associés aux antihistaminiques et, depuis peu, à la cyproheptadine qui compte,de ce fait, un mésusage de plus !

Les pharmaciens et leurs aides font de leur mieux pour juguler ces usages déviants même si les notifications de ces mésusages au Centre marocain de pharmacovigilance ne sont pas systématiques. Malheureusement, et en l’absence d’ordonnances infalsifiables et/ou de plateformes permettant de vérifier l’authenticité des ordonnances, de fausses prescriptions peuvent échapper à la vigilance du pharmacien et de ses aides sans compter que le climat de suspicion qui prévaut peut malheureusement priver de vrais patients de leurs traitements…

Source : PharmaNEWS