Article N° 7534

Mortalité juvénile

La mort continue à faucher les enfants en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud

Abderrahim Derraji - 16 janvier 2023 08:27

Selon des données rendues publiques le 10 janvier par le Groupe Interorganisations pour l’estimation de la mortalité juvénile des Nations unies, environ 5 millions d’enfants sont décédés avant leur cinquième anniversaire et quelque 2,1 millions d’enfants et de jeunes âgés de 5 à 24 ans ont perdu la vie rien qu'en 2021. Ces données ont également révélé que 1,9 million de mortinaissances ont été enregistrées durant la même période.  

Vidhya Ganesh, directrice de la Division des données, de l’analytique, de la planification et du suivi de l’Unicef, a exhorté tous les intervenants à réunir les conditions garantissant des progrès en renforçant la volonté politique et en réalisant des investissements ciblés en faveur de l’égalité d’accès aux soins primaires pour chaque femme et chaque enfant à travers le monde.


Ces mêmes rapports ont toutefois souligné une baisse du risque de mortalité à l’échelle mondiale, tous âges confondus, depuis l’an 2000 et une baisse de 50% du taux mondial de mortalité chez les moins de 5 ans. Quant au taux de mortalité des enfants plus âgés et des jeunes, il a connu une chute de 36%. En parallèle, le taux de mortinatalité a baissé de 35%. Ces résultats positifs s’expliquent par les investissements supplémentaires consentis pour renforcer les systèmes de soins de santé primaires au profit des femmes, des enfants et des jeunes.

Cependant, ces améliorations doivent être relativisées puisqu’on constate un net ralentissement des progrès depuis 2010. Quelque 54 pays ne vont pas atteindre la cible de mortalité infanto-juvénile fixée dans les Objectifs de développement durable (ODD).

Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour améliorer l’offre de soins et réduire les disparités entre les différentes régions du monde, les organisations internationales estiment qu’environ 59 millions de décès d’enfants et de jeunes seront enregistrés avant 2030. À ces décès, viendront s’ajouter quelque 16 millions de mortinaissances.

En effet, les rapports précités indiquent que les enfants nés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud sont les plus défavorisés. En 2021, seulement 29% des naissances vivantes dans le monde ont eu lieu en Afrique subsaharienne. Cette région a enregistré, à elle seule, 56% des décès d’enfants de moins de 5 ans, suivie de l’Asie du Sud où ce chiffre avoisine 26%.

Les enfants nés en Afrique subsaharienne encourent ainsi le plus haut risque de mortalité infanto-juvénile à l’échelle mondiale. Ce risque est 15 fois supérieur à celui observé en Europe ou d’Amérique du Nord.

Quant au taux mortinatalité, il s’avère exceptionnellement élevé en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Sur l’ensemble des mortinaissances survenues en 2021 à travers le monde, 77% ont eu lieu dans ces deux régions et près de la moitié a eu lieu en Afrique subsaharienne, où le risque de mettre au monde un enfant sans vie est sept fois plus élevé qu’en Europe et en Amérique du Nord.

Juan Pablo Uribe, directeur mondial Santé, Nutrition et Population et Facilité de financement mondial de la Banque mondiale, estime que ces chiffres sont révélateurs du «déni des droits fondamentaux à la santé dont sont victimes des millions d’enfants et de familles». Il a également indiqué qu’une volonté et un leadership politiques sont indispensables pour garantir un financement pérenne des soins de santé primaires.

La majorité des décès d’enfants survient généralement avant l’âge de cinq ans et particulièrement durant le premier mois. Ces décès s’expliquent par la «prématurité» et les complications qui surviennent durant l’accouchement. 40% des mortinaissances surviennent pendant le travail.

Après les 28 premiers jours, ce sont les maladies infectieuses telles que la pneumonie, la diarrhée et le paludisme qui représentent la plus grande menace pour la survie des enfants.

Par ailleurs, ces deux rapports soulignent l’impact de la pandémie Covid-19 sur les campagnes de vaccination qui sont passées au second plan. Ces perturbations des campagnes de vaccinations font courir aux nouveau-nés et aux enfants les plus vulnérables un risque accru de succomber des suites de maladies évitables. La pandémie a également perturbé l’accès aux soins de santé primaires et aux services de nutrition.

In fine, même si on se doit de saluer les efforts consentis à l’échelle mondiale ayant abouti à une réduction de la mortalité infanto-juvénile depuis 2000, on ne devrait pas perdre de vue les disparités en matière de survie des enfants à l’échelle des pays et des régions et particulièrement en Afrique subsaharienne. La solidarité entre les nations, la volonté politique et la bonne gouvernance constituent les trois ingrédients nécessaires pour réduire les disparités en matière d’accès aux soins.

Source : PharmaNews