Le mois de novembre dernier a connu le démarrage des enseignements du Diplôme universitaire de dermocosmétologie au sein de la Faculté de pharmacie de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS). Ce diplôme vient ajouter à une série de formations professionnelles continues ayant pour objectif d’approfondir les connaissances en dermocosmétologie afin de permettre aux pharmaciens et professionnels de santé de délivrer des conseils pertinents et avisés.

La dermocosmétologie : un marché en plein essor :

Le marché des produits cosmétiques au Maroc est en plein essor. Il est estimé en 2020 à 6 milliards de dirhams (564 millions d’euros), et connaîtra une hausse soutenue au cours des prochaines années. Ce marché devrait atteindre 1,93 milliard de dollars à l’horizon 2025, selon une recherche dévoilée par le cabinet irlandais Research & Markets. La croissance annuelle moyenne devrait se situer aux alentours de 7,5%.

Cette hausse conséquente est attribuée, d’après les analyses révélées par le cabinet, à une demande féminine et masculine de plus en plus substantielle en raison de la progression du pouvoir d’achat que connaît le Royaume. Par ailleurs, les plateformes de commerce électronique joueront également un rôle majeur dans le développement du marché des cosmétiques au Maroc, en raison de la commodité qu’elles offrent aux consommateurs. 

D’après Maroc Export (aujourd’hui ayant rejoint l’AMDIE), le secteur du cosmétique enregistre une croissance annuelle entre 10 à 15%. En 2017, il comptait 2.000 sociétés ayant globalement généré 45.000 emplois directs et plus de 100.000 emplois indirects. Par ailleurs, le Maroc figure aux États-Unis en 49^e position du classement des pays fournisseurs de produits cosmétiques avec une valeur totale importée de 4,7 millions de dollars en 2015. Preuve que ce marché est porteur et très compétitif.


Particularité des produits dermocosmétiques :
On utilise chaque jour, un ou plusieurs produits cosmétiques pour prendre soin de soi et de son apparence. Mais on ne sait pas toujours ce que contiennent ces produits. Un dermocosmétique, c’est avant tout un formidable concept marketing, né de l’imagination du pharmacien Pierre Fabre. C’est un produit qui s’applique localement sur la peau, le cuir chevelu et les cheveux. Il conjugue une action cosmétique et dermatologique. Les soins dermocosmétiques sont formulés pour préserver la santé et la beauté de la peau et des cheveux. Ils aident à hydrater les peaux sèches, traiter un état pelliculaire, soulager des dermatoses, etc.

Rôle du pharmacien en tant que conseiller et expert :
Selon le groupe L’Oréal : Les produits dermocosmétiques répondent en raison de leur technicité et de leur qualité à des attentes spécifiques des peaux en alliant sécurité et efficacité. Ils appartiennent, pour la plupart, à la catégorie des produits de «conseil pharmaceutique» et font l’objet d’une recommandation de la part des professionnels de la santé : les médecins dermatologues, pédiatres, médecins esthétiques et pharmaciens. Traditionnellement, la distribution de ces produits se fait dans les circuits de distribution de la santé c’est-à-dire les pharmacies, les parapharmacies, les drugstores, les cabinets médicaux ou les «médispas».

Cela laisse supposer au consommateur que les dermocosmétiques sont destinés aux sujets souffrant de pathologies cutanées (c’est ce que nous entendons par l’expression «attentes spécifiques») et sont plus fiables que les cosmétiques vendus hors circuit médical.

Le pharmacien tient plusieurs rôles. Il est en première ligne pour conseiller le produit auprès des clients et tendra à proposer naturellement la marque ou le produit qui l’aura le plus convaincu. Dans un second temps, il apporte grâce à son expertise, de la crédibilité, non seulement au produit, mais également au laboratoire. Ainsi, la perception d’un cosmétique pharmaceutique n’est pas la même que celle d’un cosmétique de grande surface aux yeux des consommateurs. Le cosmétique pharmaceutique, et plus particulièrement le produit dermocosmétique, est un produit premium, à mi-chemin entre le soin et la simple amélioration esthétique.

C’est dans cette perspective que la Faculté de Pharmacie s’inscrit pour approfondir les connaissances des pharmaciens d’officine en dermopharmacie et en cosmétologie. Le rôle de conseil du pharmacien dans ces deux domaines étant primordial.

«Aujourd’hui, la pharmacie est le canal de distribution de plusieurs produits dermocosmétiques. Le pharmacien est un professionnel de santé. Son conseil est très pertinent et légitime. Quant aux consommateurs, le pharmacien constitue un gage de confiance. Il est pour beaucoup, l’assurance d’avoir des conseils avisés pour soigner sa peau et sa santé», a déclaré P^r Samir Ahid, doyen de la Faculté de pharmacie de l’UM6SS.

Une nécessité de formation continue en Dermocosmétologie :
Ce DU, peut être utile également aux autres professionnels de santé qui sont confrontés aux problèmes cutanés. En effet, l’utilisation des produits cosmétiques par souci d’esthétique de la clientèle est en constante progression et parallèlement, la sensibilité de la peau aux influences extérieures ne cesse de se développer. D’où le besoin d’avoir recours à un avis scientifique éclairé pour éviter les erreurs et utiliser au mieux les produits toujours plus performants qui apparaissent sur le marché. Pour cela, il est bien évidemment nécessaire de connaître la structure et la physiologie cutanées, ainsi que la nature et les fonctions des matières premières qui composent ces produits. De même, une place importante a été réservée aux diverses manifestations de l’intolérance cutanée et aux substances connues pour en être responsables.

Par ailleurs, il est nécessaire de connaître exactement la place du produit cosmétique ou d’hygiène par rapport au médicament et de savoir conseiller les produits d’accompagnement thérapeutique qui sont proches du médicament sans en être, aussi bien que les produits à fonction purement esthétique.

Quelques notions de dermatologie simple ont été introduites dans un but d’information du pharmacien afin de l’aider à reconnaître des pathologies banales et de lui permettre d’orienter à bon escient vers le dermatologue.
Les formes galéniques en général et les plus nouvelles en particulier ont fait l’objet d’un module conséquent. Le véhicule ayant une importance considérable tant au point de vue de la thérapeutique cutanée que de la cosmétique.

Source : UM6SS