Article N° 7188

ÉLECTIONS ORDINALES

Quand Ordre rime avec anarchie !

Abderrahim DERRAJI - 27 septembre 2021 07:28

Les pharmaciens ont célébré, samedi dernier, leur 13e Journée mondiale. Cette initiative, lancée par la FIP (International Pharmaceutical Federation) pour promouvoir le rôle du pharmacien, se déroule, ces deux dernières années, dans un contexte où les systèmes de santé sont mis à rude épreuve. On note également que les pays ayant investi dans le secteur de la santé et du médicament et particulièrement dans la recherche se sont mieux tirés d’affaire que les autres.

En effet, à l’heure où certaines nations peinent à faire face à la pandémie et à répondre aux besoins de leurs populations, d’autres ont su saisir les opportunités qui se sont présentées durant la pandémie. Les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ne se sont jamais aussi bien portés et il en est de même pour certains laboratoires qui, en un temps record, ont mis au point des vaccins que toutes les nations essayent d'avoir.

Depuis le début de la pandémie, les pharmaciens marocains, tous secteurs confondus, se sont mobilisés et se sont surpassés pour que leurs concitoyens puissent s’approvisionner en médicaments et autres produits de santé. Certes, il y a eu des tensions d’approvisionnement et des ruptures de stock qui ont touché certaines spécialités, mais ce n’est pas propre au Maroc. La sur-consommation liée essentiellement à la prise en charge des cas Covid-19 et à la forte demande à l’international explique, en grande partie, les pénuries.

Mais ce qui a dérangé le plus les pharmaciens marocains durant cette période difficile, c’est leur marginalisation, sachant que la plupart des pays misent sur l’inter-professionalité comme levier pour améliorer la prise en charge des malades. C’est le cas du Canada qui autorise les pharmaciens à prescrire des médicaments et des analyses, à renouveler des ordonnances arrivées à expiration, et même à vacciner les patients. La France suit la même voie, et elle n’est pas la seule. Quant aux pharmaciens exerçant dans les pays du Maghreb, ils ont tous été autorisés à vacciner et à faire des tests Covid sauf les pharmaciens marocains qui ont de plus en plus de difficultés à communiquer avec leur tutelle. Cette rupture de dialogue éloigne chaque jour l’échéance de voir le pharmacien marocain retrouver la place qui lui sied dans le parcours de soins.

On ne peut, cependant, pas nier qu’une grande part des difficultés de la profession provient des pharmaciens eux-mêmes, ou plus précisément de leurs représentants.

Comment peut-on faire avancer les différents dossiers de la profession avec un Conseil de l’Ordre qui n’a pas tenu ses élections depuis quatre ans ? Pourtant, le ministre de la Santé a menacé les Conseils régionaux de dissolution s’ils n'organisent pas les élections. Un collectif de syndicats a même organisé deux sit-in devant le Conseil régional des pharmaciens d’officine du Sud (CRPOS) pour que cette instance se conforme au Dahir de 1976 et organise ses élections. Mais à l’heure où nous mettons sous presse cet éditorial, les membres du bureau des Conseils régionaux n’ont toujours pas adressé une circulaire à leurs ressortissants pour leur expliquer les raisons du retard des élections et la date prévue pour leur organisation.

Aussi, pendant que les pharmaciens fêtent à travers le monde leur Journée, au Maroc, le cœur n’y est pas ! Les pharmaciens d'officine passent d’un faux problème à un autre et les vrais problèmes continuent de s’accumuler. Si les mesures qui s'imposent tardent à voir le jour, la profession poursuivra sa descente aux enfers à cause de l’obsolescence des textes qui la régissent, des défaillances de l’administration et surtout de la cupidité et des ego démesurés d’une poignée de pharmaciens qui placent leurs intérêts au-dessus de ceux de leur profession !

Source : PHARMANEWS