Article N° 4667
CROHN
Une protéine parasitaire contre les maladies auto-immunes
Imounachen Zitouni - 17 juin 2025 08:15Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (Mici) (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique) sont des inflammations chroniques de l'intestin s'accompagnant de douleurs abdominales, de diarrhées et d'amaigrissements, parfois très invalidants, contre lesquels aucun régime alimentaire n'a fait ses preuves. «Il faut au contraire veiller à toujours s'alimenter correctement pour être dans le meilleur état nutritionnel possible car les Mici ont tendance à altérer l'état général», insiste le Pr Cortot, professeur de gastro-entérologie à la faculté de médecine de Lille.
Dans la revue internationale Mucosal Immunology du 15 juillet dernier, l'équipe du Pr Capron (université de Lille, Inserm, CHR de Lille) démontre, étape par étape, qu'il est possible de rééquilibrer le système immunitaire grâce à la protéine P28GST. La particularité de la molécule en question est d'être la protéine parasitaire la mieux connue, celle du ver responsable de la bilharziose.
Pourquoi une protéine de parasite? «On a remarqué depuis longtemps que les personnes infectées par des parasites étaient moins atteintes de maladies auto-immunes, explique au Figaro le Pr Monique Capron, toute la difficulté a été d'identifier une molécule responsable de cette amélioration pour pouvoir ensuite l'utiliser comme traitement.» Par le passé, des essais ont même été menés contre la maladie de Crohn en faisant ingérer directement aux patients des œufs de parasite!
Le travail de l'équipe lilloise est désormais couronné de succès puisqu'il en est maintenant aux premiers essais cliniques chez l'homme.
Pour les étapes suivantes, c'est désormais l'université de Lille-II qui se charge des partenariats industriels via sa société d'accélération de transfert de la recherche. Consultant à la délégation de la recherche du CHRU de Lille, le Pr Cortot est confiant pour la prochaine phase, qui consiste à tester la molécule chez des malades qui viennent d'être opérés de leur maladie de Crohn (on leur enlève une portion atteinte de leur intestin).
Si les essais cliniques confirment ensuite les bons résultats obtenus chez l'animal, il sera alors prouvé que le fragment purifié de la famille de protéines utilisé par les chercheurs lillois est bien un redoutable cheval de Troie contre les Mici et, pourquoi pas, d'autres maladies auto-immunes à forte composante inflammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis, le diabète de type 1 ou la sclérose en plaques.
Source : http://sante.lefigaro.fr