D’après un article publié le 9 décembre au «Figaro», deux femmes viennent de lancer une procédure judiciaire pour que l’implant Essure fasse l’objet d’une évaluation indépendante.
Cette polémique a commencé aux États-Unis où des femmes ont entamé des procédures judiciaires à l’encontre du laboratoire Allemand Bayer, détenteur de l’AMM (autorisation de mise sur le marché) du dispositif médical de stérilisation définitive Essure depuis 2002.
«Nous souhaitons que le laboratoire accepte notre demande et prenne en charge la totalité des frais», a déclaré l’avocat Charles Joseph-Oudin au «Figaro». L’association Resist (Réseau d’entraide, soutien et informations sur la stérilisation tubaire) demande, de son côté, la suspension de la commercialisation d’Essure qui serait à l’origine de nombreux troubles, en attendant que les conclusions de l’évaluation soient publiées.
Entre 2012 et 2016, quelque 646 signalements ont été rapportés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM-France). En 2015, les notifications concernaient essentiellement les difficultés liées à la pose du dispositif.
Cette méthode de stérilisation définitive, utilisée par 160.000 femmes en France présentait comme étant sûre et non invasive, serait responsable de douleurs abdominales et pelviennes ainsi que des saignements pendant et/ou après la pose, d’allergies au nickel, de rares cas de migration de l’implant avec perforation des trompes ou de l’utérus.
«Il existe des effets secondaires graves, mais heureusement ils sont rares, explique le Docteur Teddy Linet, gynécologue-obstétricien. Ils font partie des aléas de la chirurgie. Il faut que nous, médecins, informions davantage les femmes des avantages et inconvénients de cette méthode.»
Le Professeur Patrice Lopes, ancien chef du service de gynécologie obstétrique au CHU de Nantes, estime qu’il est nécessaire de comparer les bénéfices et les risques du dispositif Essure avec la ligature des trompes par cœlioscopie. «Il n’y a que de cette manière que nous aurons une réponse objective à cette question», affirme le Pr Lopes.
En France, Essure est suivi de près par l’ANSM. D’après une note de cette agence datant du mois d’avril dernier : «À ce jour, l’ANSM n’a pas identifié d’élément remettant en cause le rapport bénéfice/risque de ce dispositif». Elle estime cependant qu’il vaudrait mieux encadrer ses conditions d’implantation en renforçant notamment la formation des chirurgiens à la technique et l’information aux patientes sur ses éventuels effets indésirables, en amont de la pose. Une étude épidémiologique en «vie réelle» à partir des données de l’Assurance maladie est actuellement en cours.
En août dernier, des médecins canadiens avaient publié le résultat d’une étude impliquant 1.430 patientes. D’après ces chercheurs, «la stérilisation Essure peut être associée à des douleurs nouvelles ou à une augmentation de douleurs pré-existantes, bien que les deux soient très rares.»
Source : http://sante.lefigaro.fr