Article N° 8160

CANICULE - HYPOGLYCÉMIE - DIABÈTE

Canicule et insuline : un risque accru d’hypoglycémie sévère chez les personnes âgées

Abderrahim Derraji - 13 août 2025 16:11

Une étude publiée dans «Diabetes Care» a mis en évidence un lien significatif entre chaleur extrême et risque accru d’hypoglycémie grave chez les personnes âgées diabétiques traitées par insuline. Les auteurs rappellent que, chez les personnes de 65 ans et plus atteintes de diabète, la régulation thermique est souvent altérée, les rendant plus vulnérables vis-à-vis des températures élevées.
 

L’étude a porté sur deux cohortes : environ 2 millions de patients diabétiques âgés de 65 à 100 ans aux États-Unis et environ 283 000 à Taïwan. Tous étaient sous insuline. Un épisode hypoglycémique est considéré comme grave quand le patient effectue une visite aux urgences ou une hospitalisation pour hypoglycémie survenue entre le 1er juin et le 30 septembre. Les malades inclus ont tous eu au moins une prescription d’insuline dans les 90 jours ayant précédé l’épisode hypoglycémique grave.
 

Pour évaluer l’impact de la chaleur, les chercheurs ont utilisé l’indice de chaleur moyen — combinant température ambiante et humidité — calculé par code postal. Cet indice a été classé par percentiles : très élevé (≥ 99e), élevé (95-98e), modéré (85-94e, 76-84e), moyen (25-74e) et faible (< 25e).
 

Les résultats montrent que, sur la période étudiée, 32 461 personnes âgées aux États-Unis et 10 162 à Taïwan ont subi un épisode d’hypoglycémie grave. Le risque était environ 40 % plus élevé les jours où l’indice de chaleur atteignait ou dépassait le 99e percentile, comparé aux jours de chaleur moyenne. À l’inverse, les jours où l’indice de chaleur était bas (< 25e percentile) étaient associés à une diminution du risque d’hypoglycémie.
 

Ces observations étaient similaires dans les deux pays, sans variations significatives selon les régions géographiques.
 

Les auteurs soulignent que ces données renforcent la nécessité, pour les patients âgés diabétiques sous insuline et les professionnels de santé, de rester vigilants lors d’épisodes de chaleur extrême. Des mesures préventives pourraient inclure une surveillance accrue de la glycémie, des ajustements thérapeutiques, ainsi qu’une attention particulière à l’hydratation et à l’exposition à la chaleur.
 

Cependant, l’étude présente certaines limites :

- Les patients ayant présenté une hypoglycémie étaient en moyenne plus âgés, plus souvent noirs non hispaniques aux États-Unis, et présentaient davantage de comorbidités, ce qui pourrait influencer les résultats et limiter leur généralisation à d’autres populations.

- L’absence de données sur des facteurs comportementaux clés (niveau d’activité physique, durée d’exposition au plein air, régime alimentaire) empêche d’évaluer pleinement leur rôle dans la survenue des hypoglycémies.

- Les prescriptions ne garantissent pas la prise réelle d’insuline, et l’observance thérapeutique pourrait varier.
 

En conclusion, cette étude apporte une preuve épidémiologique solide d’un effet aggravant de la chaleur extrême sur le risque d’hypoglycémie sévère chez les personnes âgées diabétiques traitées par insuline. Elle appelle à une meilleure sensibilisation et à des stratégies de prévention adaptées, surtout dans un contexte de réchauffement climatique et d’augmentation prévisible des vagues de chaleur.

Source : UNIVADIS