Article N° 6448
CONSEIL DE L'ORDRE
Les élections des Conseils reportées
Abderrahim DERRAJI - 04 août 2019 20:53Dans un courrier adressé par le ministre de la Santé M. Anas Doukkali au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens en réponse à une correspondance qui lui a été adressée par ce dernier, le ministre de la Santé l'informe que le projet de régionalisation des Conseils de l’Ordre sera présenté au Conseil du Gouvernement au mois d’août.
Le ministre de la Santé lui demande également de reporter les élections des conseils de l’Ordre en attendant l’adoption du projet de régionalisation des conseils.

Source : PMA
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Conseil de l’Ordre : un rempart contre les dérives …
Il y a des histoires qui redonnent foi dans les institutions, et d’autres qui rappellent combien leur absence ou leur inertie peuvent coûter cher, à la fois à la profession et au citoyen. L’affaire du pharmacien breton sanctionné pour charlatanisme en est une illustration parlante.
Tout est parti d’un patient scandalisé par le comportement de son pharmacien. Ce dernier, au lieu de prodiguer des conseils fondés sur la science, recevait ses clients dans l’arrière-salle de son officine pour parler de «nutrition», de «taux vibratoire» et «d’unités Bovis». Sur un flyer comportant sa photo, il proposait des méthodes de «libération du covid-graphène» et des protections contre les «poupées vaudou» ou les «marabouts». Des pratiques qualifiées, à juste titre, de charlatanisme par les instances ordinales.
Face à cette dérive, le Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bretagne a agi avec fermeté : enquête, instruction, puis sanction. Le pharmacien a été condamné à cinq années d’interdiction d’exercer. La chambre disciplinaire nationale a confirmé cette décision, soulignant qu’un pharmacien cautionnant de telles théories met en danger la santé publique et porte atteinte à l’image de toute la profession.
Cette affaire à peine croyable rappelle ce que doit être un Ordre professionnel : un gardien de la déontologie, un rempart contre les dérives, un bastion de la science et de la responsabilité.
Loin de toute complaisance, l’Ordre doit défendre l’honneur d’une profession qui tire sa légitimité de la rigueur et de l’éthique. Là où il remplit pleinement sa fonction de régulation, la crédibilité du pharmacien est préservée et il en est de même pour la confiance des citoyens.
Au Maroc, on assiste à des dysfonctionnements qui compromettent les missions ordinales. Les conseils de l’Ordre, censés assurer cette régulation ainsi que la veille déontologique, traversent une crise profonde : les conseils régionaux des pharmaciens d’officine n’ont pas organisé d’élections depuis 2017. Depuis huit ans, et malgré les efforts de quelques membres pour gérer les affaires courantes et traiter les dossiers urgents, les conseils de discipline ne se réunissent plus. La profession est livrée à elle-même. Les
comportements anti-déontologiques ont tendance à se généraliser, bien qu’un grand nombre de pharmaciens restent attachés à l’éthique et à la déontologie. Ce blocage fragilise des institutions pourtant essentielles à la crédibilité de la profession pharmaceutique. Quand l’Ordre ne joue plus son rôle, c’est tout un équilibre qui s’effondre : les fautes ne sont plus sanctionnées, la déontologie s’efface et la confiance du public s’érode.
Plus que jamais, la profession a besoin d’un Ordre fort, indépendant et légitime. Un Ordre capable de dire non aux dérives sous toutes leurs formes et de protéger la santé du citoyen. C’est à ce prix que le pharmacien marocain retrouvera sa place d’acteur essentiel de la santé publique.
Aussi, l’exemple du pharmacien breton ne peut nous laisser indifférents. Là où l’Ordre assume pleinement sa mission, la profession est respectée. Il est temps de remettre nos conseils sur les rails. Faute de quoi, ni la régulation de la profession, ni la défense de l’intérêt des citoyens ne pourront être assurées.
Source :Ordre des pharmaciens (lien)
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Élections ordinales : Du quadriennat au décennat !
Comme nous l’avons rappelé dans de nombreux éditoriaux de «PharmaNews», le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, avait adressé, le 29 mars 2021, une correspondance au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens ainsi qu'aux présidents des deux Conseils régionaux des pharmaciens d’officine, leur demandant de se conformer à la loi et d’organiser les élections avant fin juin 2021. Trois ans après cette date, rien n’a changé : les Conseils n’ont toujours pas organisé d’élections et, à part quelques indignations sur les réseaux sociaux, c’est le calme plat !
Sans instances ordinales, la profession pharmaceutique ne peut accompagner la refonte ambitieuse du système de santé entreprise au Royaume, sachant que les représentants légitimes des pharmaciens doivent normalement être consultés et donner leur avis sur toutes les décisions qui concernent la profession.
Malheureusement, les pharmaciens continuent à encaisser les coups en silence, ce qui ne semble guère déranger les membres des bureaux des Conseils régionaux des pharmaciens d’officine dont les mandats sont échus depuis le 30 août 2019. Quant aux affaires courantes comme les autorisations, elles continuent à être traitées dans les temps comme si de rien n’était !
Tous les prétextes ont été bons pour retarder l’organisation des élections. Au début, la Covid-19 et le confinement avaient servi d’alibi pour reporter les élections ordinales et depuis quelques années, on invoque la Loi 98-18 dont le déploiement nécessite un temps incompressible. Autrement dit, on n’est toujours pas sorti de l’auberge ! On se demande jusqu’à quand la profession restera sans Conseils. La dérégulation a atteint son paroxysme. Les pharmaciens sont quasiment livrés à eux-mêmes.
Selon l’article 2 du Dahir de 1976, le Conseil est censé veiller au respect, par tous ses membres, des lois et règlements qui régissent la profession, ainsi que des devoirs professionnels et des règles édictées par le Code de déontologie. Il est aussi chargé de sauvegarder les traditions d'honneur et de probité de la profession et de formuler son avis sur les projets de lois et règlements relatifs à la pharmacie et à la profession pharmaceutique, etc. Mais apparemment, la loi s’efface quand les intérêts font surface !
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Retard des élections ordinales : à qui profite le crime ?
L’émission «Avec ou sans parure», diffusée par la station Luxe Radio le 25 mai, a été intitulée «Les attentes concrètes des pharmaciens».
Pour animer ce sujet, Mehdi Touassi, animateur de cette émission, a fait appel à 4 pharmaciens : un enseignant, 2 officinaux et une clinicienne qui ont débattu de la crise que traverse la pharmacie d’officine au Maroc. Ils ont aussi énuméré des leviers à mettre en place pour permettre à la pharmacie d’évoluer et rester en phase avec les attentes des patients.
L’émission a eu lieu en l’absence de représentants des Conseils de l’Ordre et de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), ce qui n’a pas empêché les pharmaciens présents d’exposer les maux dont souffre la pharmacie marocaine à commencer par les dysfonctionnements affectant les organismes professionnels.
En effet, et comme il a été rappelé lors de l’émission, les pharmaciens souffrent depuis 2017 d’un grave problème de représentativité qui explique en partie l’absence de dialogue entre la tutelle et les responsables de la profession. D’ailleurs, le ministre de la Santé ne s’en cache pas puisqu’il a déclaré, lors d’une réunion de la Commission sociale au Parlement, qu’il ne peut pas se réunir avec les représentants des pharmaciens tant que les élections ordinales n’ont pas été tenues.
Mais comme l’ont si bien rappelé, Najia Rguibi et M. Mohamed Lahbabi, c’est à l’administration et à elle seule de mettre fin à cette situation puisque le Dahir de 1976 lui a donné les outils nécessaires pour éviter tout blocage des Conseils. Pour rappel, le même problème s’est posée en 2014 ce qui a poussé l’administration à dissoudre les deux Conseils régionaux et nommer une Commission provisoire spéciale qui a préparé les dernières élections ordinales.
Par ailleurs, le projet de Loi-98-18 qui prévoit une régionalisation avancée des Conseils a bien avancé et c’est tant mieux. Mais en attendant que ce texte soit promulgué, l’administration ne peut pas à la fois refuser de se réunir avec les représentants des officinaux dont elle remet en question la légitimité et en même temps rester dans l’expectative en ne procédant pas à la dissolution des Conseils.
Cette dissolution doit être effectuée le plus rapidement possible parce que le déploiement de la couverture universelle et tout ce que cela implique pour le pharmacien ne peut pas se faire avec des instances ordinales défaillantes. On se demande comment un Conseil de l’Ordre qui ne respecte pas la loi peut donner un avis sur des textes de loi, à commencer par la Loi 98-18 !
Cela dit, rien n’empêche la tutelle de se réunir avec les représentants syndicaux à chaque fois que c’est nécessaire en les associant à toute décision ou mesure de nature à impacter l’économie de la pharmacie d’officine.
Une fois de plus, on ne peut que regretter le retard de ces élections, retard qui hypothèque toutes les prérogatives conférées aux instances ordinales. Quant à la question «À qui profite le crime ?», elle n’est guère fortuite et le mot «crime» prend tout son sens puisqu’une poignée de pharmaciens ne se rend pas compte qu’elle est tout simplement en train de tuer et de déstructurer une profession qu’elle est censée chérir et défendre...
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