Article N° 6448
CONSEIL DE L'ORDRE
Les élections des Conseils reportées
Abderrahim DERRAJI - 04 août 2019 20:53Dans un courrier adressé par le ministre de la Santé M. Anas Doukkali au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens en réponse à une correspondance qui lui a été adressée par ce dernier, le ministre de la Santé l'informe que le projet de régionalisation des Conseils de l’Ordre sera présenté au Conseil du Gouvernement au mois d’août.
Le ministre de la Santé lui demande également de reporter les élections des conseils de l’Ordre en attendant l’adoption du projet de régionalisation des conseils.
Source : PMA
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Élections ordinales : Du quadriennat au décennat !
Comme nous l’avons rappelé dans de nombreux éditoriaux de «PharmaNews», le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, avait adressé, le 29 mars 2021, une correspondance au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens ainsi qu'aux présidents des deux Conseils régionaux des pharmaciens d’officine, leur demandant de se conformer à la loi et d’organiser les élections avant fin juin 2021. Trois ans après cette date, rien n’a changé : les Conseils n’ont toujours pas organisé d’élections et, à part quelques indignations sur les réseaux sociaux, c’est le calme plat !
Sans instances ordinales, la profession pharmaceutique ne peut accompagner la refonte ambitieuse du système de santé entreprise au Royaume, sachant que les représentants légitimes des pharmaciens doivent normalement être consultés et donner leur avis sur toutes les décisions qui concernent la profession.
Malheureusement, les pharmaciens continuent à encaisser les coups en silence, ce qui ne semble guère déranger les membres des bureaux des Conseils régionaux des pharmaciens d’officine dont les mandats sont échus depuis le 30 août 2019. Quant aux affaires courantes comme les autorisations, elles continuent à être traitées dans les temps comme si de rien n’était !
Tous les prétextes ont été bons pour retarder l’organisation des élections. Au début, la Covid-19 et le confinement avaient servi d’alibi pour reporter les élections ordinales et depuis quelques années, on invoque la Loi 98-18 dont le déploiement nécessite un temps incompressible. Autrement dit, on n’est toujours pas sorti de l’auberge ! On se demande jusqu’à quand la profession restera sans Conseils. La dérégulation a atteint son paroxysme. Les pharmaciens sont quasiment livrés à eux-mêmes.
Selon l’article 2 du Dahir de 1976, le Conseil est censé veiller au respect, par tous ses membres, des lois et règlements qui régissent la profession, ainsi que des devoirs professionnels et des règles édictées par le Code de déontologie. Il est aussi chargé de sauvegarder les traditions d'honneur et de probité de la profession et de formuler son avis sur les projets de lois et règlements relatifs à la pharmacie et à la profession pharmaceutique, etc. Mais apparemment, la loi s’efface quand les intérêts font surface !
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Retard des élections ordinales : à qui profite le crime ?
L’émission «Avec ou sans parure», diffusée par la station Luxe Radio le 25 mai, a été intitulée «Les attentes concrètes des pharmaciens».
Pour animer ce sujet, Mehdi Touassi, animateur de cette émission, a fait appel à 4 pharmaciens : un enseignant, 2 officinaux et une clinicienne qui ont débattu de la crise que traverse la pharmacie d’officine au Maroc. Ils ont aussi énuméré des leviers à mettre en place pour permettre à la pharmacie d’évoluer et rester en phase avec les attentes des patients.
L’émission a eu lieu en l’absence de représentants des Conseils de l’Ordre et de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), ce qui n’a pas empêché les pharmaciens présents d’exposer les maux dont souffre la pharmacie marocaine à commencer par les dysfonctionnements affectant les organismes professionnels.
En effet, et comme il a été rappelé lors de l’émission, les pharmaciens souffrent depuis 2017 d’un grave problème de représentativité qui explique en partie l’absence de dialogue entre la tutelle et les responsables de la profession. D’ailleurs, le ministre de la Santé ne s’en cache pas puisqu’il a déclaré, lors d’une réunion de la Commission sociale au Parlement, qu’il ne peut pas se réunir avec les représentants des pharmaciens tant que les élections ordinales n’ont pas été tenues.
Mais comme l’ont si bien rappelé, Najia Rguibi et M. Mohamed Lahbabi, c’est à l’administration et à elle seule de mettre fin à cette situation puisque le Dahir de 1976 lui a donné les outils nécessaires pour éviter tout blocage des Conseils. Pour rappel, le même problème s’est posée en 2014 ce qui a poussé l’administration à dissoudre les deux Conseils régionaux et nommer une Commission provisoire spéciale qui a préparé les dernières élections ordinales.
Par ailleurs, le projet de Loi-98-18 qui prévoit une régionalisation avancée des Conseils a bien avancé et c’est tant mieux. Mais en attendant que ce texte soit promulgué, l’administration ne peut pas à la fois refuser de se réunir avec les représentants des officinaux dont elle remet en question la légitimité et en même temps rester dans l’expectative en ne procédant pas à la dissolution des Conseils.
Cette dissolution doit être effectuée le plus rapidement possible parce que le déploiement de la couverture universelle et tout ce que cela implique pour le pharmacien ne peut pas se faire avec des instances ordinales défaillantes. On se demande comment un Conseil de l’Ordre qui ne respecte pas la loi peut donner un avis sur des textes de loi, à commencer par la Loi 98-18 !
Cela dit, rien n’empêche la tutelle de se réunir avec les représentants syndicaux à chaque fois que c’est nécessaire en les associant à toute décision ou mesure de nature à impacter l’économie de la pharmacie d’officine.
Une fois de plus, on ne peut que regretter le retard de ces élections, retard qui hypothèque toutes les prérogatives conférées aux instances ordinales. Quant à la question «À qui profite le crime ?», elle n’est guère fortuite et le mot «crime» prend tout son sens puisqu’une poignée de pharmaciens ne se rend pas compte qu’elle est tout simplement en train de tuer et de déstructurer une profession qu’elle est censée chérir et défendre...
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Élections ordinales : une humiliation de plus !
Comme nous l’avions indiqué dans notre article du 29 mars dernier, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a adressé au président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et aux deux présidents des Conseils régionaux des pharmaciens d’officine un courrier par lequel il leur a demandé d’organiser les élections au plus tard au mois de juillet prochain.
La correspondance de la tutelle va dans le même sens que le courrier du secrétaire général du gouvernement (SGG) qui a également demandé aux présidents des Conseils d’organiser les élections, sachant que le ministre de l’Intérieur ne voit pas d’inconvénient à ce que celles-ci puissent avoir lieu. La seule condition qu’il a posée est le respect des mesures sanitaires dictées par la pandémie.
Les élections de mi-mandat des deux Conseils régionaux auraient dû en principe être organisées au mois d’août 2017, mais le fameux «yomkino», une erreur de traduction des textes entre le français et l'arabe, a été exploité pour ne pas organiser les élections. Pire, même les élections de fin de mandat qui aurait dû avoir lieu au mois d’août 2019 ont été reportées, soi-disant pour attendre la régionalisation, sachant que la mise en place d’un tel projet va probablement demander plusieurs mois, si ce n'est pas une année ou deux !
La réaction du ministre de la Santé va mettre fin à la situation d’illégalité que connaissent nos instances dans une période de tumultes où les pharmaciens n’ont jamais eu autant besoin d’instances légitimes, crédibles et efficaces.
À vrai dire, nos instances ne sont pas à leur première irrégularité. Nous nous souvenons tous du vote par correspondance et des opérations de trocs qui l’accompagnaient. Plusieurs plaintes avaient été déposées à ce sujet, notamment au SGG, pour dénoncer le détournement de la notion du «vote par correspondance». Jusqu'en 2015, cette dérogation a privé la profession de pharmaciens compétents aux dépens d’experts en «ramassage d’enveloppes vierges» qui donnaient une piètre image des représentants censés défendre l’éthique et réguler la profession. Les élections avaient même été bloquées pendant plusieurs années, et il a fallu qu'El Houssaine Louardi, ministre de la Santé de l’époque, procède à la dissolution des conseils pour que ces derniers puissent enfin être dotés de nouveaux bureaux. Ironie du sort, certains conseillers qui prêchaient pour le respect strict des échéances électorales ont reproduit aujourd’hui le même schéma. Une fois de plus, les officinaux ont été incapables d’organiser leurs élections sans l’intervention de l’administration.
Bien qu’on ne puisse mettre en doute l’abnégation de certains conseillers qui sont animés de la volonté de servir la profession et de la défendre, force est de constater que nos Conseils ont failli à leurs missions. Les éternelles chamailleries ont causé beaucoup de torts à nos instances et accentué nos divisions. La balkanisation qui est devenue structurelle va, à coup sûr, hypothéquer l’émergence d’équipes en mesure de fédérer toutes les composantes de la profession.
Pour conclure, on espère que les pharmaciens prendront conscience de la gravité de la situation et de l’importance des prochaines élections pour remettre la profession sur les rails. On espère aussi que notre tutelle, qui va piloter ces élections, mettra les garde-fous nécessaires pour qu'elles se déroulent dans la transparence totale et garantissent les mêmes chances à tous les candidats qui souhaitent siéger aux instances ordinales. La mise en place d’une commission formée de pharmaciens connus pour leur sens de l’éthique et non impliqués dans les prochaines élections semble une option qui pourrait garantir les règles élémentaires de démocratie et pour éviter certains dérapages qui avaient terni les dernières élections.
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